Les 10 points marquants du marché automobile en mai 2025 : où s'arrêtera le déclin ?

Glissade générale
L'année avance et les mois se ressemblent. Mai 2025 n'échappe pas à la règle. Alors qu'il y avait le même nombre de jours ouvrés (19 jours) en mai 2024, le marché chute encore ce mois-ci. Avec 123 919 immatriculations, il recule de 12,5 %. Si l'on regarde dans le rétroviseur, il glisse de 8,2 % depuis le début de l'année pour atteindre 672 700 unités. C'est donc près de 54 000 voitures qui n'ont pas été vendues par rapport à 2024. Et si l'on prend encore plus de la hauteur, il s'effondre de près de 30 % par rapport 2019, avant la pandémie de Covid, référence qui semble désormais très loin derrière nous. L'électrique est en panne (-18,7 %) et aucune marque, à part quelques exceptions notoires, ne progresse. Bref, aucun signal n'est positif. "Ces mauvais résultats sont essentiellement liés à un marasme économique général", commente la PFA. L'Insee rappelle que, "sur l'ensemble du premier trimestre 2025 (derniers chiffres disponibles, NDLR), la consommation des ménages s'est repliée de 0,6 % (...)". Si le marché reste ainsi, il se pourrait qu'il ne dépasse que péniblement les 1,6 million d'unités en 2025. Sauf si le leasing social attendu pour le second semestre vient donner un coup de boost. Mais à quel prix ?
Les groupes Renault et Stellantis se noient, Dacia et Citroën surnagent
Aucun constructeur ne résiste à cette baisse, bien que certains limitent la casse. C'est le cas par exemple du groupe Renault qui ne perd "que" 7 % (34 500 immatriculations), bien rattrapé par Dacia (11 913 ; +12,4 %), boosté par le Duster (+745 % !), tandis que la marque Renault perd 15,2 %, à 22 255 immatriculations. Chez Stellantis, c'est pire. Le groupe recule de 10,1 % (34 441). Un résultat, certes meilleur que le marché, mais malgré le nombre de marques disponibles dans son portefeuille, il n'arrive même pas à se placer à la première place des constructeurs. Des dix marques vendues en France, seules trois font surface : Citroën (9 155 ; +2,7 %), qui bénéficie, enfin, des immatriculations de la C3, et à la marge Alfa Romeo (408 ; +38,3 %), sans oublier l'anecdotique Lancia (29 ; +93,3 %). Peugeot limite la casse (18 673 : -5,2 %), tout comme DS (1 280 ; -5,9 %), mais toutes les autres marques s'effondrent : Opel (2 633 : -37,4 %), Fiat (1 460 ; -48 %), qui n'arrive pas à livrer ses Grande Panda, et Jeep (754 ; -17,6 %) qui semble avoir mangé son pain blanc.
Personne n'a le sourire
Et si l'on se penche sur les autres constructeurs, pas un seul n'est dans le vert. Citons pêle-mêle les groupes Volkswagen (19 731 ; -11,9 %), malgré les sursauts de Skoda (4 019 ; +13,3 %) qui, au passage, est la deuxième marque du groupe allemand la plus vendue en France, et de Cupra (1 824 ; +7,9 %), Toyota (7 781 ; -25 %), Hyundai (5 505 ; -21,4 %), BMW (5 623 ; -16,2 %), avec néanmoins les résultats de Mini (1 462 ; +7,5 %) et Mercedes-Benz (3 201 ; -21,4 %), sans oublier Ford (3 121 ; -25,3 %).
BYD écrase Tesla
En mai 2025, Tesla s'est écroulée de 67,2 %, soit 721 unités. La marque a donc immatriculé moins de véhicules que son grand rival mondial, BYD qui, ce mois-ci, a mis à la route 938 voitures. Et si l'on regarde depuis le début de l'année, certes Tesla reste devant avec 8 277 unités, soit une part de marché de 1,2 %, contre 4 629 pour BYD et une pénétration de 0,7 %, mais les courbes se sont croisées. Tesla décroche de 47,2 %, tandis que BYD progresse de 248 % ! Il n'y a plus de doute, l'effet "Elon Musk" se fait ici clairement ressentir. Néanmoins, le diable se cache dans les détails. Les ventes dites "tactiques" n'ont représenté que 6 % des immatriculations de Tesla contre 48 % pour BYD, en plein lancement de nouveautés . Mais il est vrai que le format de distribution et le développement de la gamme du constructeur chinois n'ont rien à voir avec ceux de l'américain.
MG triomphe mais à un certain prix
Quant à MG, après le passage à vide de 2024, la marque poursuit sur sa lancée avec 2 576 immatriculations, soit une progression de 200 % ! Elle a représenté une part de marché de 2,1 % et passe même devant Kia (2 418 ; -26,1 % ; pdm : 2 %). La progression en qualité des produits, l'offre adaptée, principalement des modèles hybrides, et une politique commerciale très attractive semblent être la recette gagnante... Les ventes tactiques représentent tout de même près d'un tiers des immatriculations. Les particuliers ont couvert 59 % de son mix.
Court-jus sur l'électrique
Et l'électrique dans tout ça ? Ce n'est guère mieux. Les immatriculations dévissent de 18,7 % pour atteindre seulement 19 414 unités, soit une part de marché de 15,7 %. Même constat pour les hybrides rechargeables qui prennent de plein fouet les mesures politiques. Or, les constructeurs proposent des modèles dont l'autonomie est de plus en plus importante : - 19,8 %, soit au total 8 180 immatriculations et une part de marché de 6,6 %, pas très loin de celles du diesel et de ses 5,6 % de pénétration (6 926 ; -39,3 %). L'essence perd 30,2 % pour représenter une part de marché de 24,4 % (30 217), tandis que les hybrides, y compris les mild hybrid qui sont désormais la norme à chaque lancement d'un nouveau modèle, progressent de 20,3 %. Il s'en est vendu 53 583 unités, soit 43,2 % des immatriculations. Quant au GPL, il ne représente que 3,2 % des ventes (4 629). De son côté, l'E85 disparaît quasiment (pdm : 0,8 %), depuis que Ford l'a supprimé de sa gamme excepté sur le Kuga.
La location courte durée sauve les meubles, Peugeot abuse du VD
Lorsque le canal de la location progresse alors que le marché globale dévisse, ce n'est pas bon signe. Ce dernier est en effet le seul à croître, à savoir +1,2 %. Il représente 22 500 véhicules, soit une part de marché de 18,1 %. À part Peugeot, Citroën et Toyota, toutes les marques du top 10 ont "poussé de la tôle", sur ce canal. Mais Peugeot et Citroën ne sont pas plus vertueux pour autant. Si le canal du véhicule de démonstration (VD) baisse de 5,4 %, à 15 743 immatriculations, avec une part de marché 12,7 %, Peugeot explose : 2 536 VD, soit +172 % ! Citroën fait petit joueur à côté avec 1 432 unités (+22,2 %), avec des nouveautés (C3/ë-C3, C3/ë-C3 Aircross, restylage de la C4). Quant au marché du particulier, il glisse de 16,5 % à 47 791 immatriculations, soit une part de marché de 40,2 %.
Flottes : touché coulé
Le marché des flottes s’est effondré de 18,2 % en mai, tombant à 30 648 immatriculations. Les ponts et jours fériés n’ont certainement pas favorisé les livraisons et les remises de clés, mais d’autres facteurs ont certainement joué. Les prises de commandes sont en berne depuis plusieurs mois, ce qui se traduit à présent dans les mises à la route. La seule éclaircie vient des voitures électriques, qui gagnent 14,9 %, à 5 767 unités et 18,8 % de part de marché (13,4 % en mai 2024). Toutes les autres énergies sont dans le rouge, y compris les hybrides (-6,1 %) qui tirent le marché BtoB depuis de longs mois. Bilan des courses, le marché des flottes perd 10,2 % depuis janvier, à 180 769 immatriculations. Renault mène les débats d’une très courte tête devant Peugeot (37 955 mises à la route vs 37 765).
Les utilitaires limitent la casse
Les mises à la route de véhicules utilitaires légers sont toujours dans le rouge en mai. Le repli de 5,4 % est moindre que les mois précédents, mais ce léger mieux repose sur un volume restreint de 29 175 immatriculations. Renault, leader de la catégorie, ne parvient toujours pas à inverser la vapeur avec 9 124 livraisons, perdant encore 3,1 %. La marque au losange plonge de 15,1 % depuis janvier, soit près de deux fois plus que le marché, qui recule de 8,1 %, à 147 365 unités.
Les particuliers assurent l'équilibre du marché de l'occasion
À nombre de jours équivalent par rapport à l'an passé, seulement 1 425 voitures d'occasion de plus ont été vendues. Le marché est donc resté stable en mai 2025, à 426 306 transactions (+0,3 %). Le cumul annuel grimpe alors à 2,268 millions d'unités, soit +2 %. Les professionnels ont souffert du calendrier. Leur activité a ralenti de 5,5 %, à 144 000 ventes, et ils n'ont donc pesé que 33,8 % le mois dernier. Les échanges entre particuliers, dans le même temps, ont bondi de 3,6 %, à 281 260 unités, sauvant in extremis le bilan mensuel. Clairement, la France s'est polarisée. À une extrémité, les voitures d'occasion de moins d'un an ont gagné 7,3 %, à près de 22 550 unités. À l'autre, AAA Data constate un bond de 9,3 % pour les voitures de plus de seize ans (près de 128 800 unités). Entre les deux, un mouvement de désertion s'observe. Sur le plan des motorisations, les thermiques déclinent au profit des alternatives comme les électriques (+22,9 %, à 10 400 unités).
(Avec Damien Chalon, Christophe Jaussaud, Catherine Leroy et Gredy Raffin)
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