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Constructeurs

Les 10 points marquants du marché automobile en juin 2024 : le ralentissement se confirme

Publié le 1 juillet 2024

Par Christophe Bourgeois
8 min de lecture
Avec des immatriculations qui se contractent de 4,8 % en juin 2024 pour atteindre 181 712 unités, le marché automobile n'envoie pas des signaux positifs. D'autant plus qu'il s'agit du deuxième mois consécutif qu'il enregistre une telle déconvenue. Cette fois, les voitures électriques et hybrides rechargeables paient le prix fort.
chiffres du marché juin 2024
En juin 2024, Volkswagen se positionne comme la troisième marque la plus vendue en France, devant Dacia et Citroën. ©Volkswagen

Un marché morose

Pour le deuxième mois consécutif, le marché automobile en France enregistre une baisse des immatriculations. En juin 2024, 181 712 voitures neuves ont été mises à la route, soit une contraction de 4,8 %, alors que juin est généralement plutôt un mois dynamique, porté notamment par des journées portes ouvertes.

 

En mai, les immatriculations s'étaient déjà tassées de 2,9 % à 141 298 unités. Sur le premier semestre, les résultats restent néanmoins – légèrement – positifs, avec une progression de 2,8 %, ce qui représente 914 890 véhicules. Pour autant, les observateurs du marché s'accordent à dire que, depuis le milieu de l'année, la courbe est en train de s'inverser, en partie plombée par le ralentissement des ventes des voitures électriques, mises à mal par les nouvelles réglementations concernant l'attribution du bonus.

 

L'électrique en court-jus

Pour la première fois depuis leur déploiement, les voitures électriques connaissent un net ralentissement. Elles ont chuté de 10,4 % à 29 833 unités, une baisse plus importante que celle du diesel qui s'est contracté de "seulement" 8,3 %, soit 16 236 unités. Les électriques couvrent une part de marché de 16,4 %. Les raisons de ce ralentissement sont multiples. En premier lieu, l'arrêt du bonus auprès des ventes à entreprise, canal grand consommateur de ce type de véhicules dans le cadre de la loi LOM. Ensuite, la suppression des aides pour certains modèles produits en Chine a tué la carrière commerciale des best-sellers qui étaient les Tesla Model Y, Dacia Spring et autres MG4.

 

En outre, le tassement des ventes reflète la fin des immatriculations qui avaient artificiellement été poussées par le leasing social. Enfin, et probablement seulement à la marge, l'attentisme des automobilistes qui porteraient leur choix sur des modèles abordables, comme la future Citroën ë-C3, pourrait expliquer cette contraction. Mais certains estiment également qu'avec une part de marché entre 15 et 20 %, l'électrique aurait naturellement atteint son plafond de verre et que d'autres mesures devraient être prises pour donner un nouvel élan aux ventes.

 

Des hybrides en forme, sauf lorsqu'elles sont rechargeables

Sale temps également pour les hybrides rechargeables qui dévissent de 21,7 %. Avec 14 043 unités et une part de marché de 7,7 %, elles repassent derrière le diesel. En revanche, les ventes de véhicules hybrides semblent s'installer définitivement à la première place des énergies les plus vendues. Les immatriculations progressent de 38 % pour atteindre une part de marché de 32,2 % à 58 492 unités.

 

Cette forte augmentation s'explique assez facilement : tous les constructeurs proposent désormais des offres hybrides qui remplacent progressivement les véhicules essence qui, eux, se contractent de 20,2 %, à 54 491, soit une pénétration de 30 %. Enfin, le GPL, porté par Dacia, chute de 34,3 % avec seulement 4 603 unités (pdm : 2,5 %), tandis que ce n'est pas la grande forme non plus pour l'E85 (-2,1 %; 3 707 unités ; pdm : 2 %).

 

Renault surnage, Stellantis boit la tasse

Les constructeurs français sont les plus pénalisés sur leur marché domestique. Les immatriculations du groupe Renault se contractent de 3,8 % pour atteindre 47 358 unités. Dans le détail, Dacia et ses -16,4 % (12 918 unités) plombent les résultats, payant de plein fouet le quasi-arrêt des ventes de la Spring (qui est en cours de renouvellement) ainsi que la passation de pouvoir entre les deux générations de Duster.

 

Renault fait un peu mieux que le marché avec un sursaut de 1,3 % des immatriculations (33 772). Néanmoins, le groupe peut trouver dans ces chiffres un sursaut de fierté, car c'est la première fois depuis très longtemps, qu'il passe devant Stellantis, sur le mois. Avec une chute de 13,2 %, le groupe de Carlos Tavares fait presque trois fois moins bien que le marché. Il n'a immatriculé que 45 436 véhicules. À part Jeep (+31 % ; 1 485), toutes les marques sont dans le rouge, la pire étant Fiat (-30,5 % ; 3 123), alors qu'elle vient de lancer la 600, qui devrait donner un coup de boost aux chiffres. Au bilan du semestre, Stellantis garde cependant la tête du marché avec une part de 28,5%.

 

Volkswagen sur le podium

En revanche, c'est carton plein au sein du groupe Volkswagen. Après avoir connu quelques mois compliqués, le groupe allemand semble amorcer une bonne trajectoire avec des marques en grande forme, notamment Seat (+57,9 % ; 2 685), Cupra (+55,2 % ; 2 329) et Skoda (+42,6 % ; 4 474 unités). Avec 14 015 (+17,7 %), la marque Volkswagen s'offre même la troisième place des marques les plus vendues ce mois-ci, passant devant Dacia (12 918 ; -16,4 %) et Citroën (12 458 ; -1,4 %).

 

Un premium qui ne connaît pas la crise

Malgré les mauvais résultats du marché, le premium se porte bien. BMW a immatriculé 6 041 véhicules (+14,8 %), Audi, 5 0627 (+13,8 %), Mercedes-Benz, 5 454 (+15,3 %) et Porsche, 531 (+45,9 %). Du moins, il semblerait qu'il n'y ait que le premium allemand en forme. Car tous les autres acteurs chutent : DS Automobiles décroche de 27,1 % (1 892), Volvo perd 5,6 % (1 750) et Lexus se contracte de 3,1 % (731).

 

Les utilitaires à la fête

49 284. Voici le nombre de véhicules utilitaires légers qui ont été mis à la route en France en juin, ce qui équivaut à une progression de 15,7 % par rapport au même mois l’an passé. Une belle performance en partie liée à l’accélération de Renault (et de son partenaire Renault Trucks) dont les immatriculations ont bondi de 28,5 %, à 16 796 unités. Ford (+36 %), Volkswagen (+72,7 %), Fiat (+33,8 %), Iveco (+34,2 %) ou encore Nissan (+129,9 %) ont également été au rendez-vous.

 

À l’inverse, Peugeot et Citroën ont respectivement perdu 7,3 % et 21,8 %. À l’issue du premier semestre 2024, le marché des VUL se porte bien puisqu’il gagne 10,5 % avec 209 854 immatriculations au compteur.

 

Des VD qui reviennent

Dans ce contexte morose, pas un seul canal ne tire son épingle du jeu... sauf celui des véhicules de démonstration, ce qui n'est pas de bon augure. Ce canal qui sert généralement de sas pour les constructeurs est le seul à progresser (+9,3 % ; 26 861 unités), alors que ceux des particuliers et des entreprises se contractent de respectivement de 8,8 % (77 994) et de 6,1 % (51 355). De son côté, le marché de la location courte durée perd 3,2 % (17 213).

 

Au bilan du semestre 2024, les particuliers pèsent 44,6 % des immatriculations, les loueurs longue durée et les sociétés sont à l'origine de 27,6 % des mises à la route. Les loueurs courte durée, de leurs côtés sont en hausse de 20,5 % avec 118 267 unités. Quant aux tactiques des véhicules de démonstration, leur part représente 12% du marché, en hausse de 0,9%.

 

Électrique : les flottes ont le pied sur le frein

C’est l’un des faits marquants de ce mois de juin sur le marché des flottes. Les mises à la route de voitures particulières électriques ont dévissé de 20,8 %, à 5 942 unités. Il s’agit du repli le plus prononcé parmi toutes les énergies. L’essence baisse de 17,7 % (13 929 unités), le diesel de 12,7 % (7 506). Seule la catégorie hybride surnage, avec 22 613 immatriculations, à +13,2 %. À noter toutefois que les PHEV reculent de 20 % (6 984).

 

Ces multiples contreperformances se traduisent par un repli de 6,1 % du marché BtoB en juin, à 51 355 unités. Dans l’absolu, cela reste un bon résultat. L’autre fait notable est la remontée de Renault à la première place du classement, devant Peugeot, au cumul du premier semestre. Cette dernière période s’achève, au niveau global, sur un volume de 252 752 immatriculations, à -2,6 %.

 

Des distributeurs VO en conquête

La stabilité des volumes au mois de juin, à quelque 468 436 transactions (+0,1 %), a conduit le marché des voitures d'occasion à terminer avec près de 2,693 millions de ventes au premier semestre 2024. En comparaison, la France progresse donc de 3,1 % par rapport à l'an passé.

 

Sur douze mois glissants, la dynamique est même de +3,8 %, à 5,277 millions d'échanges. Les professionnels en profitent. Ils ont augmenté leur activité de 7,1 % en juin (179 000 ventes environ) pour totaliser 971 700 unités durant le semestre (+5,4 %), soit 36,1 % de pénétration. À l'échelle du premier semestre, le marché voit les VO âgés d'un an rebondir nettement (+15,5 %, à 139 513 unités) et les modèles hybrides s'envoler de 52,6 %, à 225 275 unités.

 

(Avec Damien Chalon, Catherine Leroy, Christophe Jaussaud et Gredy Raffin)

 

Retrouvez l'intégralité des immatriculations de véhicules neufs et d'occasion de juin 2024 dans notre Data Center.

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