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Constructeurs

Les 10 points marquants du marché automobile en août 2024 : la grande dépression

Publié le 2 septembre 2024

Par Christophe Bourgeois
7 min de lecture
Avec une chute de 24 %, pour un total de 85 977 immatriculations, août 2024 s'inscrit dans un marché baissier depuis quatre mois. La quasi-intégralité des constructeurs est touchée par cette forte contraction, tandis que les ventes de voitures électriques connaissent leur premier recul. Autre fait important, les hybrides non rechargeables deviennent désormais les modèles les plus vendus en France.
marché août 2024
Volkswagen est l'un des très rares groupes à afficher des résultats positifs en août 2024. ©Volkswagen

Un marché en berne

Si août n’a jamais été un bon mois pour les ventes de voitures, celui de 2024 restera dans les annales. Mais pas pour de bonnes raisons. Le marché s’est en effet effondré de 24 %, pour atteindre un volume de 85 977 véhicules. Un résultat très mauvais d’autant plus que cette année, le mois d’août comptait un jour ouvrable de plus. Les raisons d’un tel arrêt sont à la fois conjoncturelles et structurelles. Août 2023 avait été exceptionnellement dynamique car les distributeurs avaient enfin pu immatriculer des voitures après la pénurie de semi-conducteurs et les problèmes de livraison. Il s’était écoulé à cette époque 113 599 unités. Mais un an plus tard, le mal-être est plus profond ; les clients semblent en effet retarder leurs achats à cause d’un contexte politique et économique assez incertain, tandis que les taux d’intérêts restent encore très élevés. Cette forte baisse fait passer dans le rouge les immatriculations depuis le début de l’année ; elles enregistrent une baisse de 0,5 % à 1 126 901 unités.

Chute libre chez Stellantis

Dans cette situation, le groupe Stellantis enregistre des résultats très mauvais. Jugez par vous-même : - 31,7 %, soit 22 646 immatriculations. Le pire est Citroën. Avec un plongeon de 45,1 %, soit 4 854 immatriculations, la marque dévisse. Elle est d’ailleurs la seule marque généraliste à enregistrer une baisse aussi importante. Avec une part de seulement 5,6 %, nous sommes à des années lumières des 10 % voulus par la direction. Chez Fiat et DS Automobiles, ce n’est guère mieux. Les deux marques perdent respectivement 44,8 % (1 458) et 44,5 % (966). Si cela peut être compréhensible chez DS qui ne propose aucune nouveauté depuis plusieurs semestres, c’est de moins bon augure chez Fiat qui devrait, avec la nouvelle 600, être en pleine forme. Enfin, Peugeot perd 25,4 %, à 11 875 unités.

Renault en baisse mais numéro un des marques

Ce n’est pas beaucoup mieux pour le groupe Renault. Il perd 22,5 % (21 098 immatriculations) et pas une seule marque ne vient tempérer cette chute. Avec 12 193 immatriculations, Renault s’effondre de 26,1 %, ce qui lui permet néanmoins d’être la marque la plus vendue dans ce contexte morose. Dacia fait un peu mieux que le marché avec une contraction de 16,6 %, soit 8 826 immatriculations.

Le groupe Volkswagen dans le vert

Néanmoins, de – très – rares constructeurs ou marques ont le sourire. C’est le cas du groupe Volkswagen qui affiche des ventes en croissance alors que pas un seul acteur n’arrive à être dans le vert, à part le groupe Tata (Jaguar Land Rover : 539 ; + 14,2 %). Excepté Volkswagen, dont les immatriculations se contractent de 7,2 % (6 272), toutes les marques du groupe allemand sont en forme. La palme revient à Seat qui voit ses ventes doubler (1 633 ; +116,9 %). De son côté, Volvo limite la casse avec une croissance de 14,9 % (647), en partie portée par l’EX30.

MG à la traîne, BYD qui se développe

La mise en place de taxes sur les importations chinoises ont-elles déjà un impact ? Il semble encore un peu trop tôt pour le dire, mais si l’on se concentre sur les immatriculations de MG, la réponse s’oriente vers l’affirmatif. La marque chinoise a perdu 55,4 % (1 040 unités) et 31,9 % depuis le début de l’année (11 494). En revanche, BYD poursuit son développement. Le constructeur a immatriculé 150 véhicules, soit au total, 2 138 sur huit mois. Cela place la marque au même niveau que Mitsubishi (2 285 ; +30,5 %) ou Alfa Romeo (2 723 ; +11,3%) pour donner un ordre d’idée. À noter que les ventes de Leapmotor sont inexistantes (1 seul exemplaire en août, 179 depuis le début de l’année), en attente d’une présence à plus grande échelle sous le giron de Stellantis.

Point de bascule pour l'électrique

Qui l’eut cru ? Pour la première fois depuis son développement, les ventes de voitures électriques sont en baisse. Et pas qu’un peu. Avec -33,3 %, c’est plus que le marché. Dans le détail, cela représente 13 107 unités et une part de marché de 15,2 %, en recul d’environ deux points. Pour rester dans les modèles électrifiés, ce n’est pas mieux non plus pour l’hybride rechargeable qui s’effondre dans les mêmes proportions (-35,3 %). Cela ne représente que 6 124 voitures, soit une pénétration de 7,2 %. Le diesel n’est pas très loin (5 863 ; -42,6 %) et une part de marché de 6,8 %. L’essence désespère également (27 139 ; -36,5 %) et perd la première place des énergies avec une part de marché de 31,6 % au détriment des hybrides non rechargeables (29 924 ; +19,7 %) et ses 34,8 % de pénétration. Nous assistons ici probablement à un point de bascule irréversible car la plupart des modèles thermiques neufs sont désormais équipés d’une hybridation électrique, qu’elle soit micro-hybride ou full hybrid comme c’est le cas pour Toyota, Renault et plus récemment MG.

 

Immatriculations à particulier ou à société, même combat

Tous les canaux de distribution sont dans le rouge. Avec 40 901 immatriculations, les ventes à particulier se contractent de 21,9 %, tandis que celles aux entreprises font pire avec une baisse de 33,8 % (12 751 unités). Les loueurs de longue durée limitent la casse (14 371 ; -16,3 %), profitant peut-être d’aubaine chez les constructeurs. Mais d’une manière générale, les ventes à société ne sont pas au beau fixe, conséquence notamment de la politique fiscale du gouvernement, notamment sur les véhicules électriques. Il s’agit du quatrième mois consécutif de baisse d’activité. Au cumul annuel, ce sont 318 865 VP qui ont été déployés en BtoB, soit un repli de 5,7 %. Quant aux immatriculations tactiques (loueurs courte durée et véhicules de démonstration), les vannes ont également été coupées. Respectivement, ces canaux ont enregistré une baisse de 22,8 % (4 098) et de 31 % (10 629).

Coup d’arrêt pour les VUL

Les utilitaires n’ont pas échappé à la morosité ambiante en août. Les mises à la route ont plongé de 12,7 %, à 18 964 unités seulement, alors que la catégorie enchaînait les bonnes performances depuis le début de l’année. Toutes les principales marques ont baissé pavillon sur le mois écoulé, à l’exception de Mercedes-Benz qui a vu son activité bondir de 37,4 %, à 1 062 immatriculations. Renault a perdu 12,2 %, Peugeot 12,3 %, Citroën 6,3 %, Ford 29,2 %, Fiat 10,6 % et Volkswagen 26,4 %. Depuis janvier, le bilan reste malgré tout positif avec 260 836 mises à la route dans l’Hexagone, soit une progression de 8,1 %.

Très maigre croissance pour le VO

De quelques unités à peine, les ventes de voitures d'occasion ont progressé. 373 210 transactions ont été scellées en août 2024, soit +0,1 %. En repli, le canal des professionnels s'est arrogé 34,7 % du volume, avec 129 428 ventes (-0,6 %). La période a été plus favorable au CtoC (+0,5 %, à 243 782 unités). En termes de marques, Renault (68 838 VO ; -1,4 %) a tout juste gardé la tête devant Peugeot (66 972 ; +0,3 %). Sur le plan des énergies, le diesel a dévissé de 8,1 %, à moins de 173 500 ventes. En revanche, les hybrides ont dépassé 9 % de pénétration (34 189 VO ; +48 %).
(Avec Damien Chalon, Christophe Jaussaud, Catherine Leroy et Gredy Raffin)
Retrouvez l'intégralité des immatriculations de véhicules neufs et d'occasion d'août 2024 dans notre Data Center.
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