Un marché 2024 en proie aux incertitudes
Alors qu’une relative prudence était de mise en janvier 2023, le marché français a finalement totalisé 1 774 729 immatriculations VP, soit une croissance de 16,1 %. Il faut dire que les 7,8 % perdus en 2022 (1,529 million) pouvaient laisser penser à un rattrapage, mais encore fallait‑il pouvoir livrer les voitures et les portefeuilles conséquents de commandes.
Une problématique forte chez Stellantis qui a notamment coûté de nombreuses immatriculations chez Peugeot, qui a reculé de 1,7 % en 2023. Le tout avec une pression inflationniste réelle qui pouvait faire fuir de multiples acheteurs.
Malgré certains vents contraires, tous les mois de l’année ont été positifs et quatre ont même affiché des croissances au‑delà des 20 % (+24,2 % en mars, +21,9 % en avril, +24,3 % en août et +21,9 % en octobre).
Dacia toujours reine des particuliers
Une croissance finalement tirée par quasiment tous les canaux de distribution. Celui des particuliers a grimpé de 18,5 %, à 822 968 unités et ainsi représenté 46,4 % des ventes. Les particuliers ont encore plébiscité Dacia puisqu’ils ont constitué 84,3 % de ses transactions (+19,8 %), soit 131 896 des 156 390 immatriculations de la marque en 2023. Il est donc logique de retrouver trois Dacia dans le top 5 des ventes sur ce canal : la Dacia Sandero est toujours au sommet (58 179), alors que le Duster (27 033) et la Spring (26 300) sont 4e et 5e.
Renault, avec 119 811 véhicules vendus à particulier (+8 %), est deuxième sur ce canal qui représente 43,1 % de ses ventes. Peugeot complète le podium des particuliers avec 69 458 unités (‑3,8 %) qui constituent 28,7 % de ses transactions. Si l’on s’en tient seulement à la part des particuliers dans les ventes, le classement est différent avec Dacia qui reste en tête (84,3 %), mais arrivent ensuite Tesla (70,9 %) et Toyota (56,8 %).
Vers un effet VE à moins de 25 000 euros ?
La location longue durée s’offre une belle progression avec 26,8 % de gagnés, avec 259 195 immatriculations et 14,6 % du marché VP. Les sociétés et administrations, avec "seulement" 15,1 % de croissance, perdent un peu de terrain pour s’adjuger 16 % des mises à la route annuelles. Les VD ont fait les frais de la volonté des constructeurs de livrer au plus vite leurs clients et reculent ainsi de 3,2 %. Ils totalisent tout de même 220 625 unités et pèsent 12,4 % des ventes.
Dans ce contexte porteur, certaines catégories de modèles ont fait encore mieux que le marché. C’est, par exemple, le cas de ceux à batterie qui ont bondi de 47 %. En effet, les immatriculations de véhicules électriques ont avoisiné les 300 000 unités, avec précisément 298 216 exemplaires.
De quoi accaparer 16,8 % du marché français. Un chiffre qui devrait progresser en 2024 avec l’arrivée de modèles plus accessibles (Renault 5 E‑Tech, Citroën ë‑C3), avant sans doute d’imaginer encore plus de volumes en 2025 avec une offre encore plus large sur ce segment des VE à moins de 25 000 euros.
A lire aussi : Voiture électrique : vers une baisse des prix ?
Globalement, le bilan 2023 est donc largement positif mais des signaux d’alerte ont toutefois commencé à s’allumer depuis la rentrée de septembre. En effet, le niveau des commandes est en chute, annonçant finalement une dynamique moindre pour l’exercice qui s’ouvre.
Une légère croissance en 2024
L’année 2024 devrait rester relativement stable. En effet, S & P Global Mobility table sur une légère croissance, de 1,1 %, qui ne devrait pas permettre au marché VP de passer la barre des 1,8 million d’unités. Avec le marché du VUL annoncé en hausse de 7,2 %, à plus de 400 000 unités, la France devrait tangenter les 2,2 millions de véhicules légers (VP‑VUL).
Pour revenir sur le seul marché VP, la marque Renault s’est imposée, en 2023, comme la première du pays. Avec 277 914 immatriculations, elle domine Peugeot (241 512) de 36 402 exemplaires. Mais le rapport de force pourrait changer en 2024.
En effet, S & P Global Mobility replace le Lion en tête grâce, notamment, au renouvellement des modèles phares que sont les 3008 et 5008 (plus de 170 000 exemplaires produits en 2024) ou encore à un regain d’activité autour la 208, fraîchement revue, qui récupérerait son fauteuil de modèle le plus vendu dans l’Hexagone. Puis Peugeot, comme d’autres marques du groupe Stellantis, va retrouver un schéma commercial plus traditionnel, avec plus de moyens.
36 402, c'est l’avance de Renault, leader du marché VP, sur Peugeot au terme de l’année 2023
Renault ne manquera pas de nouveautés, le Scenic E‑Tech, le Rafale, le Grand Captur ou encore la R5 E‑Tech, mais elles auront un impact moindre en termes de volumes.
La marque Dacia est aujourd’hui bien installée à la troisième place du marché français et il n’y a pas de raison que cela change. Certes, la Spring (26 033 unités en 2023) va perdre le bonus, et sans doute quelques immatriculations, mais la Jogger monte en puissance et le nouveau Duster, qui va arriver au printemps à un prix d’entrée de gamme de 19 690 euros, s’annonce comme un succès.
Après avoir été doublée par Dacia, la marque Citroën pourra compter sur la nouvelle C3, ainsi que sa déclinaison électrique, puis sur le C3 Aircross renouvelé plus tard dans l’année, pour renouer avec la croissance.
Tesla et BMW au coude à coude
Derrière ces quatre marques incontournables, Volkswagen devrait rester devant Toyota, même si l’écart devrait se réduire. Après eux, quatre marques premium, BMW, Mercedes‑Benz, Audi et Tesla, sont à la lutte. En 2023, Tesla a largement pris l’avantage avec plus de 63 000 unités. Mais cette performance va‑t‑elle se confirmer avec la modification de l’attribution du bonus ?
Rappelons que si la Model Y (VE le plus vendu en France en 2023 avec 37 127 unités) est éligible, la Model 3, qui a tout de même représenté 24 539 immatriculations, ne le sera plus car étant importée de Chine.
A lire aussi : Palmarès des marques les plus en vogue chez les particuliers
Cela étant, la marque américaine pourrait se montrer plus agressive sur les tarifs de sa berline pour limiter la baisse des ventes (estimée à 9,6 % en 2024), tout en comptant sur l’usine de Berlin et la Model Y, dont la production 2024 est annoncée en hausse. L’occasion pour BMW de revenir au coude à coude et d’envisager le leadership de l’univers premium.
En 2024, Audi va commencer une séquence de lancements importants avec le Q6 e‑tron, l’A6 e‑tron, mais surtout l’A5 (la remplaçante de l’actuelle A4 dans la nouvelle nomenclature Audi). Autant de modèles qui donneront toutefois leur plein potentiel en 2025.
2024, une année de transition ?
À l’image de Tesla, des incertitudes pèsent sur la performance d’autres marques typées électriques comme MG notamment qui a totalisé 33 374 immatriculations en 2023. L’état‑major français a d’ores et déjà annoncé qu’il soutiendrait ses modèles électriques plus fortement puis, avec la MG3 lancée cette année, la marque va entrer sur le segment très porteur des citadines full hybrid.
Il faudra également surveiller la montée en puissance, ou non, de BYD et plus généralement les marques touchées par les nouvelles règles du bonus écologique comme Kia et Hyundai dont seul le Kona, fabriqué en République tchèque, a passé les fourches caudines du score environnemental. Car même si les VE sont encore largement minoritaires dans les ventes en France, leur développement pourra exercer une grande influence sur un marché global attendu en faible croissance (+ 1,1 %).
Avec ce nouveau bonus, le leasing social mais aussi les éventuels impacts d’une inflation qui n’a pas disparu, sans oublier des événements qui pourraient survenir, 2024 apportera donc son lot d’incertitudes et de surprises. Elle s’annonce presque comme une année de transition.
A lire aussi : La première voiture du leasing social vient d’être livrée
En effet, compte tenu du virage électrique imposé par le législateur, les constructeurs ont très largement revu leur plan produits ces dernières années et ces nouveaux modèles vont commencer à vraiment arriver sur le marché en 2025‑2026. Ils seront les ambassadeurs du "nouveau monde".
Faut‑il y voir une occasion de renouer avec un marché VP français au‑dessus des deux millions d’unités ? Il y a peu de chance. Les années 2001, 2009, 2010 et 2019 (respectivement avec 2 254 732, 2 268 730, 2 251 669 et 2 214 279) resteront sans doute des records. De l’ancien monde.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.