Salon de Munich 2025 : les constructeurs chinois en pleine démonstration de force ?

La Chine est en force au salon de Munich qui a ouvert ses portes au public le mardi 9 septembre 2025 jusqu'au 14 inclus. "Sur les 748 exposants, 116 sont des entreprises chinoises, ce qui a établi un nouveau record par rapport aux 70 entreprises chinoises de 2023, a rapporté mardi China Media Group (CMG). Leurs expositions couvrent l'ensemble de la chaîne industrielle, incluant les véhicules à énergies nouvelles, les batteries et les systèmes de propulsion électrique, ainsi que les matériels et logiciels automobiles intelligents."
Arrivée en force
Outre les marques déjà implantées dans la plupart des pays européens, comme BYD, XPeng, sans oublier Leapmotor, qui s'appuie sur le réseau de Stellantis, d'autres prétendants montraient leurs muscles comme GAC avec sa marque Aion, Changan, Dongfeng ou Hongqi, pour ne citer qu'eux. À noter, en revanche, l'absence de MG qui a commercialisé 123 790 véhicules sur les sept premiers mois de l'année, une marque désormais bien implantée en Europe, avec des volumes assez similaires à ceux de Seat (116 579) ou de Nissan (127 310).
Déjà présent au dernier salon de Paris avec l'importateur Car East France, le même qui avait importé les premières MG, puis Aiways et actuellement Maxus, le constructeur automobile de luxe chinois Hongqi a annoncé qu’il lancerait 15 modèles électriques et hybrides en Europe d’ici 2028, couvrant 25 marchés différents, tout en dévoilant l'EHS5, un SUV électrique compact.
Hongqi, ou Red Flag (drapeau rouge), marque autrefois privilégiée des anciens membres du parti communiste chinois, vend déjà quelques véhicules dans plusieurs pays européens, dont la Norvège, les Pays-Bas et la Pologne. Filiale du constructeur automobile d’État chinois FAW, Hongqi prévoit d’avoir plus de 200 concessionnaires en Europe d’ici 2028. En revanche, Hongqi n’a pas révélé le prix ni le calendrier de commercialisation de l'EHS5, qui pourrait être son premier véhicule sur le marché européen.
Des pays ciblés
De son côté, Aion, qui a présenté cinq modèles sur son stand, a lui aussi indiqué qu'il comptait se développer en Europe. Ce constructeur, qui était lui aussi présent au dernier salon de Paris, prévoit de lancer l'Aion V, un SUV électrique du segment C, en Pologne, en Finlande et au Portugal autour des 35 000 euros. Il annonce également la mise sur le marché d'autres modèles aussi bien électriques, dont un petit modèle l'Aion UT, qu'hybrides rechargeables. Pour les autres pays du continent, il faudra attendre 2028.
Changan, un autre géant chinois, compte importer un SUV électrique du segment C, le Deepal S05, et a même annoncé un prix, en dessous des 40 000 euros. Pour autant, le constructeur est resté discret sur les pays de commercialisation ainsi que sur le réseau.
Selon les dernières données du cabinet d'analyse sectorielle européen Dataforce, les marques chinoises ont représenté 9,9 % du marché européen des véhicules électriques ce mois-ci, tandis que leur part globale sur le marché automobile du continent a dépassé les 5 % pour le troisième mois consécutif. Leur appétit semble insatiable.
En ordre dispersé
Néanmoins, toutes ces annonces doivent être prises avec prudence. Certes, depuis que le marché étatsunien n'est plus du tout accessible pour les constructeurs chinois, ces derniers, qui se livrent une terrible bataille entre eux sur leur propre marché, voient en l'Europe une opportunité pour écouler leur production. Et ce, en dépit des droits de douane. "Les droits de douane n'arrêteront pas les chinois", a commenté Xing Zhou, du cabinet de conseil AlixPartners, cité par nos confrères de L'Usine Nouvelle.
Pour autant, on s'aperçoit qu'ils avancent en ordre très dispersé et qu'ils choisissent des pays qui peuvent leur être favorables, n'ayant par exemple pas de constructeurs automobiles nationaux à contrer. Comme c'est le cas d'Aion par exemple.
En outre, beaucoup d'observateurs, y compris chinois, notent qu'il n'y aura pas de la place pour tout le monde. He Xiaopeng, patron de XPeng, a d'ailleurs récemment déclaré : "Le cycle d’élimination directe des marques (il en existe 150 en Chine, NDLR) s’achèvera dans environ cinq ans et il ne restera que cinq constructeurs chinois. Aucun n'est à l’abri".
Les constructeurs européens contre-attaquent
Enfin, les constructeurs européens réagissent. BMW et Mercedes ont répondu avec respectivement les nouveaux iX3 et GLC. Ces deux modèles redistribuent les cartes question technologie. Mais à quel prix ? Car, avec leurs pratiques tarifaires qui, malgré les barrières douanières, restent très attractives, les constructeurs chinois conservent une longueur d'avance. La récente XPeng G6 et sa technologie qui permet de recharger de 10 à 80 % en moins de douze minutes à 46 990 euros en est le parfait exemple.
Reste cependant un avantage pour les constructeurs européens : leur savoir-faire sur le segment des petites voitures, très demandé en Europe. Sur le marché de l'électrique, le succès de la Renault 5 et l'arrivée des futures ID. Polo, Skoda Epiq et Cupra Raval, sans oublier la prochaine génération de Renault Twingo, pourraient redistribuer les cartes. À condition que les constructeurs puissent proposer des véhicules à des tarifs attractifs. Et les chinois investissent progressivement le terrain avec la MG4 ou la BYD Dolphin Surf.
2,8 % de part de marché en France
Si l'on zoome sur la France, les annonces de nouvelles marques ont fortement ralenti depuis quelques trimestres. Seule Chery affiche des velléités pour 2026 sur le marché français, ainsi que Polestar, autre marque du groupe Geely, et Denza, marque haut de gamme de BYD, qui compte arriver d'ici la fin de l'année.
Quant à celles qui sont déjà distribuées (MG, BYD, XPeng, Leapmotor et Lynk & Co) dans l'Hexagone, le marché reste compliqué pour elles. Certes, leurs ventes sont exponentielles du fait de leur présence récente, mais elles n'ont couvert qu'une part de marché de 2,8 %, soit 29 300 véhicules à fin août. MG a d'ailleurs représenté plus d'une voiture sur deux et a principalement commercialisé des modèles hybrides.
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