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Constructeurs

Les véhicules électriques tireront-ils la production européenne ?

Publié le 23 janvier 2024

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
Sous réserve de l’impact de nouvelles mesures fiscales, la dynamique électrique semble pouvoir se maintenir en 2024 grâce aux lancements de modèles phares plus accessibles. Toutefois, la production européenne devrait marquer le pas cette année, avec un repli estimé de 2,3 %.
production et lancements 2024
La Citroën ë‑C3, éligible au leasing social, devrait dynamiser le marché durant le second semestre 2024. ©Citroën

L’exercice 2023 a été bon et par­ticulièrement pour l’électrique. En effet, les immatriculations de VP à batterie ont bondi de 47 %, pour atteindre 298 216 unités. Quasiment 100 000 exemplaires de plus qu’en 2022 ! Ces modèles représentent ainsi 16,8 % du marché.

 

D’une manière générale, l’électrification a pris le pouvoir puisque les hybrides (au sens large) totalisent 397 694 unités et les PHEV, 162 952 uni­tés. Au total, cet ensemble de modèles plus ou moins électriques affiche une part de marché de 48,4 %.

 

Dans ce contexte, Tesla s’adjuge la première place de l’élec­trique avec 63 041 immatriculations (+115,9 %), devant Renault (32 444 ; ‑19,8 %) et Dacia (29 761 ; +62,4 %). Peugeot est au pied du podium avec "seulement" 29 121 unités (+8,9 %).

 

La Tesla Model Y domine le classement des modèles avec 37 127 immatricu­lations (+212,2 %), devant la Dacia Spring (29 761 ; +62,4 %) et la Model 3 (24 539 ; +44,3 %). Une fois encore, Peugeot se contente de la 4e place avec l’e‑208 (22 698 ; +18,1 %).

 

Plus de 26 000 Renault 5 E‑Tech produites en 2024

 

La trajectoire des modèles électriques sera‑t‑elle aussi bonne en 2024 ? Certains éléments plaident pour que la dynamique perdure grâce, no­tamment, à une offre toujours plus large et plus accessible. Les nouvelles Renault 5 E‑Tech et Citroën ë‑C3 ne manqueront pas de dynamiter le marché durant le second semestre. Ainsi S & P Global Mobility avance une production 2024 de plus de 26 000 unités pour l’icône du Losange et de plus de 28 000 pour celle au double chevron. Le nouveau Peugeot e‑3008 sera aussi un modèle impor­tant, tout comme le Renault Scenic E‑Tech.

 

Cela étant, d’autres indica­teurs incitent à la prudence. En effet, la baisse du bonus à 4 000 euros, mais aussi et surtout le score environne­mental, peuvent rebattre les cartes d’un marché encore loin de la matu­rité. Certains gros acteurs 2023 de la sphère électrique, comme MG, Tesla et Dacia, ne seront sans doute pas aus­si dynamiques car leurs modèles ne sont plus éligibles au bonus.

 

 

Rechute de la production européenne

 

À l’image des ventes, les usines européennes ont retrouvé une certaine cadence en 2023. En effet, la production de véhicules (VP et VUL) sur le continent devrait pro­gresser de plus de 12 %, pour atteindre 15,25 millions d’unités selon les chiffres de S & P Global Mobility.

 

L’ACEA confirme cette tendance dans son bilan à la fin du troisième trimestre 2023 avec une croissance de 14 % déjà enregistrée. Les crises des composants et de la logis­tique semblent quasiment être de l’his­toire ancienne, mais le ciel n’est pas pour autant dégagé pour l’exercice 2024. En effet, le niveau de production devrait lé­gèrement reculer cette année. S & P Glo­bal Mobility estime qu’elle se limitera à 14,88 millions d’unités, soit en baisse de 2,3 %.

 

Contrairement aux deux années précédentes où la production n’arrivait pas à répondre à la demande, l’exercice qui s’ouvre devrait être marqué par une demande plus faible, obligeant donc les constructeurs à ajuster leur production pour limiter, autant que possible, une guerre des prix destructrice de valeur. Cela étant, dans ce contexte, tous les pays et les constructeurs ne sont pas logés à la même enseigne.

 

 

Production stable en France

 

Dans ce cadre, la production française devrait rester stable avec 1,5 million d’unités VP‑VUL produites. Les nouveautés seront relativement nombreuses dans les usines hexago­nales. On retrouve notamment le nou­veau Master à Batilly (54), la R5 E‑Tech et l’Alpine A290 (en toute fin d’année) à Douai (59), mais aussi et surtout, en termes de volumes, les nouveaux Peugeot 3008 et 5008, à Sochaux (25). Deux modèles qui devraient totaliser en 2024 près de 176 000 unités, dont plus de 146 000 pour le plus petit de ces SUV.

 

La montée en puissance du Gre­nadier d’Ineos, fabriqué à Hambach (57), apportera également sa contri­bution avec une production estimée à près de 19 000 unités. La carrosserie SUV sera la plus produite en France en 2024 avec plus de 665 000 exemplaires, en croissance de 9 %, alors que les ber­lines devraient reculer de 2 %, à près de 280 000 unités.

 

L’Allemagne reste en croissance

 

Après le rebond de l’année 2023, la pro­duction de l’Allemagne en 2024 va conti­nuer de croître malgré un ralentissement. En effet, les usines d’outre‑Rhin devraient gagner 150 000 unités, pour culminer à 4,43 millions de véhicules, et ainsi afficher une croissance de 3,6 %.

 

Les nouveautés vont être nombreuses, notons les débuts de production du coupé Mercedes‑Benz CLE à Brême, de l’Audi Q6 e‑tron à Ingols­tadt, des A6 e‑tron et A5 à Neckarsulm, du nouveau Porsche Macan électrique à Leip­zig ou encore de la nouvelle BMW Série 1 là aussi à Leipzig.

 

Mais, comme en 2023, l’un des plus gros contributeurs à la crois­sance allemande sera Tesla dont l’usine berlinoise devrait encore augmenter la cadence avec quasiment 300 000 unités at­tendues, soit une croissance de 44 % selon les chiffres de S & P Global Mobility.

 

 

La Pologne gagne encore du terrain

 

Parmi les autres grands pays pro­ducteurs, l’Espagne devrait perdre 90 000 unités (‑3,6 %) en 2024 pour totaliser 2,33 millions de véhicules. L’ar­rivée du Renault Rafale dans l’usine de Palencia (env. 26 000 unités), du Renault Grand Captur à Valladolid (env. 37 000) ou encore de la Lancia Ypsilon à Saragosse (env. 20 000 unités) ne va pas permettre d’inverser la tendance.

 

Comme l’an der­nier, la Pologne est le pays qui affiche la progression la plus importante, avec 68 000 unités de plus. En effet, sa pro­duction va grimper de 12,3 % en 2024, pour atteindre plus de 625 000 véhicules. Le site Stellantis de Tychy va notamment profiter de la montée en puissance de la Fiat 600 mais aussi accueillir, au se­cond semestre, le petit SUV Alfa Romeo Milano.

 

Le groupe Volkswagen restera le plus grand producteur européen, avec 4,31 millions d’unités, malgré un recul de 3,9 % annoncé par le cabinet. Avec 3,37 millions (‑0,5 %), Stellantis demeurera son dauphin. Pour la troisième marche du podium, Renault‑Nissan‑Mit­subishi tient la corde avec 1,45 million d’unités (+0,2 %) devant Mercedes‑Benz avec 1,37 million (‑0,2 %).

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