Commerce extérieur : l'électrique réduit le déficit
La balance commerciale de la France reste dans le rouge. Et l'automobile n'est pas étrangère à la situation. Néanmoins, sur le front de l'électrique, cela semble un peu s'arranger. La France réduit sa dépendance aux importations, notamment chinoises, tandis que Renault et Stellantis montent en puissance dans leurs usines hexagonales.
En 2023, le commerce extérieur français affichait un déficit de 6,6 milliards d’euros sur le seul segment des voitures électriques. Un gouffre qui s’est partiellement comblé : entre juin 2024 et mai 2025, le solde négatif s’est réduit à quatre milliards, soit près de 40 % de moins. La France a en effet exporté pour un peu plus de trois milliards d'euros, soit en volume plus de 120 000 voitures. Côté importations, le pays a "acheté" pour 7,3 milliards d'euros de véhicules, soit une baisse d'environ 25 %.
Une montée en puissance de la production française
La raison d'une telle évolution est double. La dynamique des exportations s’appuie sur une production française plus robuste. Renault a multiplié les lancements à Douai (59), avec le Scenic E-Tech et surtout la R5, élue Voiture de l’année en Europe. Stellantis, pour sa part, a fait monter en puissance les Peugeot e-3008 et e-5008 sortis des lignes de Sochaux (25).
En outre, leur valeur a augmenté. La Renault Zoe a cédé la place à des modèles plus valorisés, comme le Renault Scenic E-Tech, voire la R5, pour rester dans le même format. Le mouvement devrait se poursuivre à l’automne avec la Citroën C5 Aircross électrique, produite à Rennes (35), et la montée en puissance des productions de Sochaux.
La deuxième raison est la baisse des importations, en grande partie due aux mesures protectionnistes mises en place début 2024. Le bonus écologique, désormais conditionné au score CO2 des véhicules, a lourdement pénalisé les modèles produits en Chine, dont la fabrication et le transport sont plus émetteurs. En dix-huit mois, la valeur des voitures électriques importées depuis l’empire du Milieu a chuté de 60 %, passant de 2,7 à 1 milliard d’euros.
Dans ce contexte, l’Allemagne a repris sa place de premier fournisseur. Volkswagen a retrouvé petit à petit des couleurs sur le marché de l'électrique, tandis que BMW est très actif sur le sujet. Mais surtout, Tesla a privilégié la commercialisation de ses modèles produits dans son usine de Berlin (Allemagne), pour rester éligible au bonus français, au détriment de sa production à Shanghai.
Des véhicules chinois made in Europe
Mais cette situation ne devrait pas durer. Privés d’accès direct, les groupes chinois se tournent vers la production locale. BYD prévoit d’inaugurer son usine hongroise fin 2025, tandis que Chery s’est implanté à Barcelone (Espagne). D’autres projets sont en cours dans plusieurs pays d’Europe de l’Est ou en Turquie et on attend notamment les annonces de MG, le dernier grand constructeur chinois à ne pas avoir annoncé une présence industrielle sur le continent européen.
En clair, si la montée en puissance industrielle de Renault et de Stellantis contribue à rééquilibrer la balance, la faiblesse de la demande reste un facteur déterminant. La bataille de la voiture électrique n’en est qu’à ses débuts, mais le made in France marque quelques points. Pour combien de temps ?
Car la réduction du déficit sur l’électrique s’inscrit dans une conjoncture défavorable. Entre janvier et mai 2025, les immatriculations ont chuté de plus de 8 % en France. Les importations automobiles, toutes motorisations confondues, ont reculé de 12,2 %, entraînant une baisse mécanique du déficit global, à cinq milliards d’euros sur les cinq premiers mois de l’année.
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