Quelles prévisions de marché pour 2023 ?
Pour le marché français, on pensait qu’il serait difficile de faire moins que les 1 659 003 immatriculations de 2021. C’était sans compter sur les perturbations logistiques et les pénuries de composants, tels les semi‑conducteurs, qui ont impacté le monde automobile durant tout l’exercice.
L’année 2022 se présente donc, avec 1 529 035 immatriculations VP, comme la pire depuis la première crise pétrolière au milieu des années 70. Le marché a ainsi reculé de 7,8 %. Il faut dire que 2022 avait bien mal commencé avec 7 mois consécutifs de baisse.
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À fin juillet, le marché VP accuse déjà un repli de 15,3 %. Malgré cela, le niveau des commandes est resté relativement élevé durant cette période, mais les constructeurs n’ont pas pu répondre à cause d’une production largement perturbée par la pénurie de semi‑conducteurs et les conséquences de la guerre en Ukraine.
À partir du mois d’août et jusqu’à novembre, les volumes mensuels ont progressé mais pas suffisamment pour "sauver" l’année.
Le canal des particuliers limite la casse
Dans ce contexte délicat où les constructeurs ont toutefois bien vendu ce qu’ils ont pu produire, le canal des particuliers, cible de toutes les attentions, a malgré tout encore reculé. Moins que le marché, certes, mais il a perdu 2,9 %, après avoir déjà abandonné 21,1 % en 2020 et 7,6 % en 2021. Il s’est immatriculé 694 781 véhicules sur ce canal contre 715 282 un an plus tôt.
Et en 2022, contrairement à 2021, les particuliers ne se sont pas davantage tournés vers le marché du VO qui a plongé de 13,5 %. Quant aux ventes aux professionnels, avec 450 781 VP, elles sont aussi orientées à la baisse. Le canal des sociétés et administrations chute de 8,5 % (246 328 unités) et les loueurs longue durée limitent la casse avec ‑ 4,6 %, à 204 453 mises à la route.
Après une année 2021 positive (+ 24,8 %), les loueurs courte durée ont vu le nombre de leurs véhicules repartir à la baisse en 2022 avec seulement 128 658 unités, soit un repli de 19,8 %. Un canal parfois stratégique, mais qui n’a pas résisté cette année à la volonté de livrer le maximum de particuliers. La seule éclaircie est à mettre au crédit des véhicules électriques avec une pénétration de 13,3 %, soit des immatriculations en hausse de 25,2 %.
1,6 million de VP en 2023
Pour l’année 2023, les perturbations de production devraient être moins nombreuses et moins fortes, sous réserve que la situation sanitaire en Chine ne dérape pas. Il faudra également suivre de près les baromètres de confiance et des commandes des Français si le contexte économique du pays se dégrade.
Toujours est‑il que dans cet environnement délicat et incertain, S&P Global Mobility estime que le marché VP devrait progresser d’un peu plus de 5 %, à 1,6 million d’unités. Avec un marché des VUL qui devrait quant à lui grimper de 13 %, la société estime que le marché français des véhicules légers (VP‑VUL) devrait tutoyer la barre des 2 millions d’unités, en croissance de 6,5 %.
Pour Lorraine Morard, analyste senior prévisions des ventes EMEA, S&P Global Mobility, "les premiers mois de l’année 2023 seront portés par les nombreuses commandes enregistrées en 2022". Mais l’analyste ne manque pas de pointer le contexte économique (inflation, prix de l’énergie, etc.) qui pourrait impacter le pouvoir d’achat et mener à des arbitrages de la part des foyers et des entreprises.
Il faut dire que les carnets de commandes des constructeurs se trouvent encore bien remplis. Ainsi, pour l’exercice 2022, Opel a vu ses commandes augmenter de 16 % mais son portefeuille à livrer de 146 % ! Suzuki avait, à fin septembre 2022, plus de 9 000 voitures en commande. Une situation semblable chez Renault qui compte en portefeuille 3 à 4 mois d’activité VN. Pour transformer cela en immatriculations, il faudra naturellement que les usines retrouvent une certaine cadence et cela semble être le cas puisque la production européenne de véhicules légers devrait afficher + 8,6 % en 2023.
Renault sur une bonne dynamique
En tête du marché français depuis fin 2021, la marque Peugeot a terminé l’année 2022 avec 9 203 immatriculations d’avance sur Renault. Un mano à mano qui devrait tourner, en 2023, à l’avantage de Renault. En plus de l’Austral et de l’Espace, sa version 7 places, le losange va aussi revisiter ses Clio et Captur.
Dans le même temps, Peugeot pourra compter sur la montée en puissance de la peu conventionnelle 408 ou encore sur l’e‑208 revisitée techniquement ou l’e‑308. Une nouvelle motorisation mild hybrid viendra aussi équiper certains modèles de la gamme. Mais le gros renouvellement s'annonce pour la fin de l’année. En effet, Peugeot devrait dévoiler une nouvelle génération du 3008, mais qui n’aura un impact sur les ventes seulement en 2024.
La lutte pour la troisième place entre Citroën et Dacia, qui l’a décrochée en 2022 avec 972 véhicules de plus, sera encore serrée, mais la marque aux chevrons devrait avoir une courte tête d’avance. Il faut se souvenir qu’en 2021, Citroën comptait plus de 37 000 unités d’avance.
Viennent ensuite Toyota et Volkswagen, le nippon conservant l’avantage acquis en 2022, alors que la marque allemande a eu de gros problèmes de disponibilité, notamment sur les véhicules électriques ou hybrides rechargeables.
Tesla se mêle à la lutte
Vient ensuite un groupe de sept marques dont le volume est compris entre 40 000 et 50 000 immatriculations. On y retrouve notamment les trois marques premium allemandes, Mercedes‑Benz, Audi et BMW, toujours à la lutte mais aussi Hyundai et Kia. Ces deux dernières sud‑coréennes veulent poursuivre dans la droite ligne des exercices 2021 et 2022 particulièrement réussis.
Après des croissances respectives de 30,8 % et 13,2 % en 2021, Hyundai a progressé de 4,1 %, à 47 106 immatriculations, et Kia de 4,5 %, à 46 224 unités, en 2022. Deux faits notables dans cette zone du marché avec Tesla qui devrait encore gagner du terrain. En effet, après 29 199 unités en 2022, la marque américaine devrait franchir le cap des 40 000 immatriculations et se rapprocher des marques premium.
Ford devrait connaître une tendance inverse avec un volume estimé à 40 000 unités, contre 47 095 en 2022. Le Puma et le Kuga ne sont pas forcément en cause, mais la marque va en quelque sorte payer l’arrêt de la production de la Fiesta, annoncé pour cet été. Même si la citadine ne se situe plus en tête des ventes de Ford en France, elle a encore représenté plus de 7 600 unités en 2022 (‑ 12,5 %).
Le marché automobile français, et même européen, entre dans une période charnière. En effet, la profonde mutation que représente la bascule vers le tout électrique, avec notamment des prix toujours plus élevés, redéfinit finalement les attentes. Difficile de concevoir à nouveau un marché à 2 214 279 unités comme en 2019. Mais impossible n’étant pas français, Bercy ou Matignon pourraient imaginer de futures mesures aussi impactantes que les balladurettes ou les juppettes en leur temps.
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