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Distribution

Quelles prévisions de marché pour 2023 ?

Publié le 26 janvier 2023

Par Christophe Jaussaud
7 min de lecture
Après une année 2022 historiquement basse, où la production a encore été largement perturbée, le marché français des VP devrait renouer avec une légère croissance en 2023, de l’ordre de 5 %. S&P Global Mobility a livré son analyse au Journal de l'Automobile.
marché français Renault Austral

Pour le marché français, on pensait qu’il serait diffi­cile de faire moins que les 1 659 003 immatriculations de 2021. C’était sans compter sur les per­turbations logistiques et les pénuries de composants, tels les semi‑conducteurs, qui ont impacté le monde automobile durant tout l’exercice.

 

L’année 2022 se présente donc, avec 1 529 035 immatri­culations VP, comme la pire depuis la première crise pétrolière au milieu des années 70. Le marché a ainsi reculé de 7,8 %. Il faut dire que 2022 avait bien mal commencé avec 7 mois consécu­tifs de baisse.

 

A lire aussi : les dix points du marché automobile en septembre 2022 : un léger mieux

 

À fin juillet, le marché VP accuse déjà un repli de 15,3 %. Malgré cela, le niveau des commandes est res­té relativement élevé durant cette pé­riode, mais les constructeurs n’ont pas pu répondre à cause d’une production largement perturbée par la pénurie de semi‑conducteurs et les conséquences de la guerre en Ukraine.

 

À partir du mois d’août et jusqu’à novembre, les vo­lumes mensuels ont progressé mais pas suffisamment pour "sauver" l’année.

 

Le canal des particuliers limite la casse

 

Dans ce contexte délicat où les constructeurs ont toutefois bien vendu ce qu’ils ont pu produire, le canal des particuliers, cible de toutes les atten­tions, a malgré tout encore reculé. Moins que le marché, certes, mais il a perdu 2,9 %, après avoir déjà abandon­né 21,1 % en 2020 et 7,6 % en 2021. Il s’est immatriculé 694 781 véhicules sur ce canal contre 715 282 un an plus tôt.

 

Et en 2022, contrairement à 2021, les particuliers ne se sont pas davantage tournés vers le marché du VO qui a plongé de 13,5 %. Quant aux ventes aux professionnels, avec 450 781 VP, elles sont aussi orientées à la baisse. Le canal des sociétés et administrations chute de 8,5 % (246 328 unités) et les loueurs longue durée limitent la casse avec ‑ 4,6 %, à 204 453 mises à la route.

 

Après une année 2021 positive (+ 24,8 %), les loueurs courte durée ont vu le nombre de leurs véhicules repar­tir à la baisse en 2022 avec seulement 128 658 unités, soit un repli de 19,8 %. Un canal parfois stratégique, mais qui n’a pas résisté cette année à la volonté de livrer le maximum de particuliers. La seule éclaircie est à mettre au crédit des véhicules électriques avec une pé­nétration de 13,3 %, soit des immatri­culations en hausse de 25,2 %.

 

1,6 million de VP en 2023

 

Pour l’année 2023, les perturbations de production devraient être moins nom­breuses et moins fortes, sous réserve que la situation sanitaire en Chine ne dérape pas. Il faudra également suivre de près les baromètres de confiance et des commandes des Français si le contexte économique du pays se dé­grade.

 

Toujours est‑il que dans cet en­vironnement délicat et incertain, S&P Global Mobility estime que le marché VP devrait progresser d’un peu plus de 5 %, à 1,6 million d’unités. Avec un marché des VUL qui devrait quant à lui grimper de 13 %, la société estime que le marché français des véhicules légers (VP‑VUL) devrait tutoyer la barre des 2 millions d’unités, en croissance de 6,5 %.

 

marché français

 

 

Pour Lorraine Morard, analyste senior prévisions des ventes EMEA, S&P Global Mobility, "les premiers mois de l’année 2023 seront portés par les nombreuses commandes enregistrées en 2022". Mais l’analyste ne manque pas de pointer le contexte économique (inflation, prix de l’éner­gie, etc.) qui pourrait impacter le pou­voir d’achat et mener à des arbitrages de la part des foyers et des entreprises.

 

Il faut dire que les carnets de com­mandes des constructeurs se trouvent encore bien remplis. Ainsi, pour l’exer­cice 2022, Opel a vu ses commandes augmenter de 16 % mais son porte­feuille à livrer de 146 % ! Suzuki avait, à fin septembre 2022, plus de 9 000 voi­tures en commande. Une situation semblable chez Renault qui compte en portefeuille 3 à 4 mois d’activité VN. Pour transformer cela en immatricula­tions, il faudra naturellement que les usines retrouvent une certaine cadence et cela semble être le cas puisque la production européenne de véhicules légers devrait afficher + 8,6 % en 2023.

 

Renault sur une bonne dynamique

 

En tête du marché français depuis fin 2021, la marque Peugeot a terminé l’année 2022 avec 9 203 immatricula­tions d’avance sur Renault. Un mano à mano qui devrait tourner, en 2023, à l’avantage de Renault. En plus de l’Aus­tral et de l’Espace, sa version 7 places, le losange va aussi revisiter ses Clio et Captur.

 

marché français

 

 

Dans le même temps, Peugeot pourra compter sur la montée en puis­sance de la peu conventionnelle 408 ou encore sur l’e‑208 revisitée tech­niquement ou l’e‑308. Une nouvelle motorisation mild hybrid viendra aussi équiper certains modèles de la gamme. Mais le gros renouvellement s'an­nonce pour la fin de l’année. En effet, Peugeot devrait dévoiler une nouvelle génération du 3008, mais qui n’aura un impact sur les ventes seulement en 2024.

 

La lutte pour la troisième place entre Citroën et Dacia, qui l’a décrochée en 2022 avec 972 véhicules de plus, sera encore serrée, mais la marque aux chevrons devrait avoir une courte tête d’avance. Il faut se souvenir qu’en 2021, Citroën comptait plus de 37 000 unités d’avance.

 

marché français

Viennent en­suite Toyota et Volkswagen, le nippon conservant l’avantage acquis en 2022, alors que la marque allemande a eu de gros problèmes de disponibilité, no­tamment sur les véhicules électriques ou hybrides rechargeables.

Tesla se mêle à la lutte

Vient ensuite un groupe de sept marques dont le volume est compris entre 40 000 et 50 000 immatricula­tions. On y retrouve notamment les trois marques premium allemandes, Mercedes‑Benz, Audi et BMW, tou­jours à la lutte mais aussi Hyundai et Kia. Ces deux dernières sud‑coréennes veulent poursuivre dans la droite ligne des exercices 2021 et 2022 particuliè­rement réussis.

 

Après des croissances respectives de 30,8 % et 13,2 % en 2021, Hyundai a progressé de 4,1 %, à 47 106 immatriculations, et Kia de 4,5 %, à 46 224 unités, en 2022. Deux faits notables dans cette zone du mar­ché avec Tesla qui devrait encore gagner du terrain. En effet, après 29 199 unités en 2022, la marque américaine devrait franchir le cap des 40 000 immatricula­tions et se rapprocher des marques pre­mium.

 

 

Ford devrait connaître une ten­dance inverse avec un volume estimé à 40 000 unités, contre 47 095 en 2022. Le Puma et le Kuga ne sont pas forcément en cause, mais la marque va en quelque sorte payer l’arrêt de la production de la Fiesta, annoncé pour cet été. Même si la citadine ne se situe plus en tête des ventes de Ford en France, elle a encore représenté plus de 7 600 unités en 2022 (‑ 12,5 %).

 

Le marché automobile français, et même européen, entre dans une pé­riode charnière. En effet, la profonde mutation que représente la bascule vers le tout électrique, avec notam­ment des prix toujours plus élevés, re­définit finalement les attentes. Difficile de concevoir à nouveau un marché à 2 214 279 unités comme en 2019. Mais impossible n’étant pas français, Bercy ou Matignon pourraient ima­giner de futures mesures aussi im­pactantes que les balladurettes ou les juppettes en leur temps.

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