Le poids des marques chinoises en France en 2024
Considérés comme une menace par beaucoup d'acteurs de l'automobile, les constructeurs chinois ont finalement fait profil bas en 2024. Dans un marché de 1 718 417 véhicules particuliers, les marques chinoises disponibles sur le marché français ont représenté 31 567 immatriculations, soit une part de marché de 1,83 %.
Si cette pénétration peut paraître mesurée, elle n'est néanmoins pas à prendre à la légère. Car dans un marché global en baisse de 3,2 %, les marques chinoises ont pris, en seulement deux ou trois ans, des positions par rapport à d'autres acteurs installés depuis des décennies. En outre, les deux plus importantes d'entre elles, MG Motor et BYD, ne s'appuient plus uniquement sur des modèles électriques.
Après avoir connu une année 2023 explosive, avec 33 374 immatriculations et une part de marché de 1,9 %, MG Motor a vu ses immatriculations se contracter en 2024 de 26,3 %, soit 24 599 véhicules mis à la route. Néanmoins, cela représente encore une part de marché de 1,4 %, un niveau supérieur à celui de Seat (22 363 unités ; pdm : 1,3 %) ou de Suzuki (24 093 unités ; pdm : 1,4 %). Avec une telle pénétration, cela positionne la marque sino-anglaise à la 18e place dans le classement des marques les plus vendues en France.
Une baisse anticipée
Les raisons de cette baisse ont déjà été évoquées lors d'un entretien avec Julien Robert, vice-président de MG France et de MG Motor France. Dans les grandes lignes, il avait annoncé en janvier 2024, à l'occasion d'une réunion avec le réseau, qu'à cause "des nouvelles dispositions des aides gouvernementales", la baisse serait d'environ 30 %.
Une baisse qui a été plus importante sur les trois premiers trimestres 2024, d'autant plus que MG a supprimé en mars 2024 la moitié de sa gamme (ZS thermique, Marvel R et MG5). Cette chute a été enrayée, en partie, en décembre avec des promotions très importantes sur les MG4 et quelques ZS électriques encore en stock, et un repositionnement marketing de la MG3.
Surtout, MG est en train de changer de visage. D'une marque électrique, elle devient une marque hybride. Les ventes de cette motorisation ont couvert 53,2 %, une part de marché qui ne devrait que progresser dans les mois à venir, car la MG3 (8 845) n'est pas encore pleinement à son potentiel et les nouvelles générations de ZS hybride et EHS hybride rechargeable viennent tout juste d'être lancées.
Un réseau en cours de déploiement
De son côté, BYD démarre très doucement. Il est vrai que la marque n'a que dix-huit mois de présence sur le territoire français et que son réseau n'est pas encore totalement développé. Il comptait en effet une cinquantaine de points de vente fin 2024 avec ambition d'arriver à une centaine fin 2025. De grandes zones ne sont toujours pas encore couvertes dont les Hauts-de-France, le Centre-Val de Loire, l'ex-Champagne-Ardenne, ce qui a eu un impact sur les ventes.
Cette faible représentation sur le territoire est l'une des raisons pour lesquelles la marque, qui ne communique plus depuis son arrivée en France sur son ambition de volume, n'a immatriculé que 5 415 véhicules, malgré une gamme très riche de sept modèles. Avec un tel volume, BYD pointe à la 30e place des marques les plus vendues en France, entre Porsche (6 573) et Alfa Romeo (4 373).
Cette situation ne devrait pas durer, car BYD, qui n'a jamais caché son appétit pour l'Europe, et la France en particulier, s'est uniquement appuyé sur des grands groupes de distribution (Autosphere, Chopard, Bodemer, BYmyCAR, Maurin, Kroely, BPM, etc.) pour asseoir sa présence.
Mais il est surtout intéressant de noter que si BYD est considérée, du moins en Europe, comme une marque 100 % électrique, le modèle le plus vendu en France est le Seal U dans sa version hybride rechargeable !
Avec 2 007 immatriculations, cette version de ce SUV a représenté à elle seule 37 % des ventes de la marque, reléguant la Seal, son modèle phare à la troisième position, à égalité à 1 024 exemplaires avec la Dolphin.
Figuration pour les autres
Les autres marques chinoises présentes en France font, quant à elles, de la figuration. XPeng, qui a fait son apparition au milieu de l'année 2024, n'a écoulé que 511 véhicules, dont 316 G6 et 195 G9. Pour l'instant, son réseau est naissant et le constructeur vise à terme environ 35 points de vente dans tout le pays.
Plus étonnant est le très faible démarrage de Leapmotor. La marque chinoise dont Stellantis détient les droits de commercialisation dans le monde entier, excepté en Chine, semble être à la peine. Certes, sa reprise par Stellantis n'a été présentée au grand public qu'en septembre dernier, lors du Mondial de Paris, mais avec seulement 330 immatriculations (258 TO3 et 72 C10), c'est une baisse de 35,3 % par rapport à 2023, période pendant laquelle cette marque, totalement inconnue, était distribuée par un importateur indépendant, SN Diffusion.
Retard à l'allumage pour Leapmotor ?
Ce très faible démarrage est d'autant plus surprenant que le réseau Leapmotor s'appuie désormais sur celui de Stellantis. Entre septembre 2024 et janvier 2025, Leapmotor compte ouvrir 93 concessions, dont une vingtaine de succursales Stellantis & You. En 2026, Leapmotor a indiqué viser 16 000 ventes et attend l'arrivée du B10 en 2025, un SUV électrique du segment C qui serait assemblé en Allemagne, chez Opel.
Autre déconvenue, Lynk&Co. La marque, qui ambitionnait de vendre 10 000 véhicules par an lors de son lancement, n'a écoulé que 519 unités en 2024 de son unique modèle, le 01. Malgré l'arrivée de la 02 et de la vente de ses modèles au sein du réseau Volvo, difficile d'y voir un avenir pour cette marque, détenue par Geely, et qui voulait être en rupture avec son offre de location au mois.
Enfin, pour être complet, notons les 145 immatriculations d'Aiways, alors que la marque ne produit plus aucun véhicule depuis près de deux ans et les 36 immatriculations de Seres, marque importée par SN Diffusion et qui n'existe plus aujourd'hui.
N'oublions pas non plus sur le marché de l'utilitaire Maxus, autre marque de SAIC qui détient déjà MG Motor. Elle a immatriculé 973 véhicules dont 667 modèles diesel, alors qu'elle a communiqué depuis son lancement sur son offre 100 % électrique.
Un marché français en observation
Dans un marché où la voiture électrique connaît un réel ralentissement et une fiscalité très défavorable aux productions chinoises, les ambitions des constructeurs de l'empire du Milieu vont-elles ralentir ? Si le Mondial de Paris semblait montrer le contraire, avec la présence de très nombreux constructeurs chinois, la réalité du marché risque de refroidir plus d'une ambition.
Nio, qui avait des velléités d'implantation, ne donne plus aucune nouvelle. De son côté, Chery, qui est présent en Espagne et qui assemble en CKD des modèles dans l'ancienne usine Nissan de Barcelone, communique sur une arrivée potentielle en France en 2025, mais sans donner plus d'informations.
Représenté au dernier salon de Paris par Car East France, premier importateur de MG avant que la marque ne soit filialisée, Hongqi, détenue par FAW, pourrait également débarquer en 2025. Mais son positionnement très haut de gamme limiterait ses ambitions.
Quant à Skyworth, également présent au dernier salon de Paris et dont l'importateur annonçait une commercialisation de la marque à l'automne 2024, il se fait actuellement discret. Idem pour BAIC qui avait présenté trois véhicules, dont deux à essence en juin 2024, et qui avait annoncé un réseau d'une trentaine de points de vente.
Immatriculations de voitures particulières des marques chinoises présentes en France (2024)
Volume en 2024 | Évolution 2024 vs 2023 | |
MG | 24 599 | -26,3 % |
BYD | 5 415 | 941,3 % |
LYNK & CO | 519 | -84,3 % |
XPENG | 511 | _ |
LEAPMOTOR | 330 | -35,3 % |
AIWAYS | 145 | 40,8 % |
SERES | 36 | -84,3 % |
HONGQI | 7 | _ |
AUTRES | 5 | _ |
Source : AAA Data
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