Les taxes européennes sur les véhicules électriques chinois ont débuté
Bruxelles a imposé à titre conservatoire jusqu'à 38 % de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois, avant une décision définitive en novembre 2024, accusant Pékin d'avoir illégalement favorisé ses constructeurs.
A lire aussi : Tout comprendre sur les droits de douane appliqués aux véhicules électriques chinois
Face aux "subventions déloyales" accordées selon Bruxelles aux entreprises chinoises, ces nouveaux droits "compensateurs", qui s'ajoutent aux taxes de 10 % déjà appliquées par l'Union européenne aux véhicules importés de Chine, entreront en vigueur dès demain, vendredi 5 juillet 2024.
L'exécutif européen a désormais quatre mois pour décider de surtaxes définitives, ce qui laisse ouverte une fenêtre de dialogue avec la Chine. Ces droits définitifs, qui devront être avalisés par les Vingt-Sept, seraient valables cinq ans. De son côté, la Chambre de commerce chinoise en Europe a fustigé jeudi 4 juillet 2024 une "mesure protectionniste motivée par des facteurs politiques", espérant que les pourparlers en cours débouchent "le plus tôt possible".
A lire aussi : Droits de douane : coup dur pour les constructeurs chinois ?
Bruxelles, qui craint pour l'avenir de la filiale employant 14,6 millions de personnes, emboîte ainsi le pas aux États-Unis, qui avaient annoncé mi-mai une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100 %, contre 25 % précédemment. Car ayant investi très tôt dans les batteries, la Chine a doublé le Japon l'an dernier comme premier exportateur automobile. Les véhicules électriques venant de Chine représentent près de 22 % du marché européen, contre 3 % il y a trois ans, selon les estimations du secteur.
437 000 voitures made in Chine en 2023
Les marques chinoises occupent à elles seules 8 % de parts de marché. En volume, cela représente 437 000 en 2023, selon l'institut américain Peterson d'économie internationale, contre 57 000 en 2020.
Dans le détail, Bruxelles imposera des surtaxes de 17,4 % à BYD, 19,9 % à Geely (Volvo, Lynk&Co, Polestar, Zeekr) et 37,6 % à SAIC (MG Motor, Maxus). Les autres constructeurs seront soumis à un droit supplémentaire moyen de 21 % s'ils ont coopéré à l'enquête ou de 37,6 % dans le cas contraire. Ces droits, différents selon les subventions publiques perçues, ne seront collectés que si des droits définitifs sont institués.
A lire aussi : Comment Lynk&Co compte se réinventer
Selon l'institut allemand Kiel, ces droits additionnels pourraient réduire de 42 % les importations de véhicules électriques venant de Chine, une baisse "largement compensée par l'augmentation des ventes de producteurs européens et d'importations de pays tiers". Pour autant, à long terme, cela aurait peu d'incidence sur les prix des voitures électriques en Europe, prévient-il, tablant même sur un renchérissement moyen des prix de 0,3 à 0,9 %.
La France est pour, l'Allemagne s'y oppose
Si la France et l'Espagne poussaient activement pour des mesures proportionnées contre Pékin, l'Allemagne, très engagée en Chine, a au contraire bataillé aux côtés de la Suède et de la Hongrie pour éviter des sanctions dans ce dossier, craignant des représailles.
Les constructeurs automobiles allemands Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen réalisent près de 40 % de leurs ventes mondiales en Chine. "Les effets négatifs de cette décision l'emportent sur les avantages possibles", a déploré Volkswagen le 4 juillet 2024.
De son côté, la Suède, patrie de Volvo, accueille le siège social européen de Geely et aurait fort à perdre de cette nouvelle taxe. Enfin, la Hongrie, qui abrite déjà une usine de bus BYD sur son territoire, a été choisie par ce dernier pour construire sa première usine automobile en Europe.
XPeng et Nio confiants
XPeng, qui a annoncé son arrivée en France en septembre, a régi en affirmant qu'il "ne changera pas sa stratégie de développement et cherchera à trouver des moyens de minimiser l'impact sur les consommateurs européens", tandis que son homologue Nio a indiqué espérer "parvenir à une solution avec l'UE".
Les exportations des constructeurs chinois ont bondi. Selon le centre de réflexion américain The Atlantic Council, leurs ventes mondiales ont grimpé de 70 % en 2023, à 31,6 milliards d'euros. Et près de 40 % de ces exportations sont allées vers l'Union européenne, devenue première acheteuse de ces véhicules chinois électriques.
Pour rappel, entre 2014 et fin 2022, le gouvernement chinois dit avoir dépensé plus de 200 milliards de yuans (25,5 milliards d'euros) en subventions et déductions fiscales liées à l'achat d'un véhicule électrique. Cette stratégie a permis de faire émerger des géants de la voiture électrique comme BYD.
En 2023, il a dégagé un bénéfice record et annoncé sa volonté d'entrer dans le top cinq des groupes automobiles en Europe. Il est devenu le premier à passer en mars la barre symbolique des sept millions de véhicules produits (hybrides et électriques cumulés) depuis son entrée sur ce créneau. (avec AFP)
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.