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Constructeurs

Les 10 points marquants du marché automobile 2023 : l'arbre qui cache la forêt

Publié le 2 janvier 2024

Par Christophe Bourgeois
8 min de lecture
Le marché automobile français progresse de 16,1 % en 2023, avec 1 774 729 immatriculations. Les ventes de véhicules électriques augmentent de 47 % et pèsent désormais 16,8 % des mises à la route. Contrairement à Peugeot et Citroën, Renault enregistre une excellente année. Toutefois, les nuages s’amoncellent au-dessus de 2024 avec des carnets de commandes en baisse.
marché 2023
2023 est incontestablement l'année de la voiture électrique avec 298 216 immatriculations. Elle s'installe à la troisième place du mix énergétique avec une part de marché de 16,8 %, en progression de 47 %.

En progression, mais...

Le marché automobile 2023 nous replonge au milieu des années 2010, lorsque les immatriculations ne dépassaient pas les 1,8 million de véhicules (2014 : 1,790 million et 2015 : 1,795 million). Avec 1 774 729 mises à la route, le marché progresse certes de 16,1 % par rapport à l'année précédente, ce qui est en soi une bonne nouvelle, mais nous sommes loin des deux millions de véhicules vendus avant la pandémie. "On s'inscrit dans un volume d'immatriculations qui va être structurellement en dessous des deux millions d'unités", estime François Roudier, responsable de la communication à la PFA. Cette progression de 16,1 % est l'arbre qui cache la forêt. Elle est en effet en partie liée aux livraisons des véhicules commandés fin 2022, livraisons qui se sont étalées tout au long de l'année, les constructeurs ayant eu, après deux ans de crise des semi-conducteurs, enfin des véhicules disponibles. Mais l'année 2024 s'annonce beaucoup plus compliquée. De l'aveu même des professionnels, le niveau de commandes observé depuis les derniers trimestres est en baisse de plus d'une dizaine de points.

 

Stellantis numéro 1, mais pas grâce à Peugeot...

Dans ce marché complexe, Stellantis conserve sa place de premier constructeur ; il détient en effet 27,4 % des immatriculations, soit 486 868 véhicules. Mais sa performance reste très en deçà du marché. Le groupe ne progresse en effet que de 1,8 % tandis que son grand rival, le groupe Renault, fait bien mieux que le marché avec une croissance de 18,3 % (437 002 unités), ce qui lui permet de prendre 24,6 % de part de marché. Et si l'on regarde dans le détail, Peugeot perd 1,7 % pour une pénétration de 13,6 % (241 512) alors que Renault flamboie avec une progression de 17,6 %, ce qui lui permet de remporter le titre de la marque la plus vendue en France. Cela représente 277 914 immatriculations et une part de marché de 15,7 %.

 

... Et encore moins à Citroën

2023 est une année à vite oublier pour Citroën. Maintes fois reléguée à la cinquième ou à la sixième place du classement au cours de l'année, la marque française enregistre la plus forte baisse parmi les généralistes, à savoir -3 %. Une faible performance qui se traduit par une part de marché de 7,1 % (125 932 unités), alors qu'elle tourne habituellement autour de 10 %. En outre, Citroën a été talonnée par Volkswagen qui a mis à la route 120 225 véhicules (+23,6 %). Décembre a même été une catastrophe puisque Citroën s'est placée à la dixième place (7 250 ; - 27,6 %) ! Une chute vertigineuse et un déclassement qui resteront probablement historiques. Il est donc à espérer que la Citroën ë-C3 redonne des couleurs à la marque en 2024.

 

2023, année Tesla et MG

Dans un marché électrique qui a progressé de 47 % (voir plus bas), Tesla et MG sont les deux grands gagnants. Le constructeur américain a vu ses immatriculations plus que doubler (+115,9 %), ce qui a représenté 63 041 mises à la route et une part de marché de 3,6 %. La marque se positionne ainsi à la septième place, toutes marques confondues, entre Toyota (107 950 ; pdm : 6,1 %) et BMW (59 601 ; pdm : 3,4 %). Résultat également exceptionnel pour MG qui n'existait pas encore il y a deux ans sur le marché français. Avec 33 374 immatriculations (+163,5 %), la marque chinoise se hisse à la 18e place du classement (pdm : 1,9 %), pas très loin d'acteurs beaucoup plus implantés comme Skoda (38 257 ; pdm : 2,2%) ou Nissan (36 450 ; pdm : 2,1 %). À noter qu'en décembre, l'américain et le chinois ont vu leurs immatriculations exploser, puisque Tesla a mis à la route 9 572 voitures (+76,7 %), se plaçant à la cinquième place du tableau, tandis que MG a dépassé Citroën avec 7 895 immatriculations (+202,4 %). Un engouement accéléré avant l'arrêt du bonus pour la Tesla Model 3 et tous les modèles MG à compter du 1er janvier 2024.

 

Des voitures électriques en forte hausse

Évidemment, 2023 aura été l'année de la voiture électrique. Elle s'installe à la troisième place du mix énergétique avec une part de marché de 16,8 %, en progression de 47 %. En volume, cela représente 298 216 immatriculations. Mais avec la mise en place de la nouvelle règle concernant le bonus, il n'est pas improbable que cette progression soit, du moins dans les prochains mois, beaucoup moins soutenue. Le fait que la Dacia Spring, qui a été le deuxième modèle électrique le plus vendu en 2023, ainsi que la Tesla Model 3 qui se situe à la quatrième place, ne profitent plus du bonus, risquent de contrarier les ventes électriques.

 

Des hybrides en force, un diesel sous les 10 %

Quant aux autres énergies, le diesel est symboliquement passé sous la barre des 10 %. S'il y a encore dix ans, cette énergie représentait plus d'une vente sur deux, elle affiche aujourd'hui une part de marché de seulement 9,7 %, soit 171 737 immatriculations, en chute de -28,2 %. En revanche, l'essence fait de la résistance avec une part de marché de 36,2 % (+12,8 %), ce qui se traduit en volume par 641 588 immatriculations. On note également une très belle progression de l'hybride, rechargeable (PHEV) ou non (HEV), avec une progression respective de 28,8 % et 28,2 %. En revanche, cette évolution n'est pas sur les mêmes volumes puisqu'il s'est immatriculé 162 952 PHEV (pdm : 9,2 %) contre 397 694 HEV (pdm : 22,4 %). Enfin, les énergies alternatives ont couvert 5,9 % des immatriculations, toujours boostées par Dacia et son offre GPL (63 096 ; pdm : 3,6 %) et dans une certaine mesure, par l'E85 (39 347 ; 2,3 %), soutenu par Ford. Mais en 2024, l'E85 pourrait disparaître, Ford ne souhaitant pas poursuivre l'aventure...

 

Des particuliers sous la barre des 50 %

Le canal des particuliers, le plus rentable, s'est bien comporté puisqu'avec 822 968 immatriculations, il a enregistré une progression de 18,5 %, 2,4 points supérieurs au marché. Il a représenté une part de marché de 46,1 %. Performances également correctes pour le canal des sociétés et administration (+15,1 %) avec 283 525 unités et celui de la location longue durée et ses 259 195 unités (+26,8 %) . Ces deux canaux réunis ont couvert 25 % du marché. De son côté, la location courte durée a retrouvé de – légères – couleurs avec une progression de 15,1 %, soit 146 471 immatriculations (pdm : 8,25 %). En revanche, le véhicule de démonstration s'est contracté de 3,2 %. Il représente tout de même 220 625 véhicules, soit une part de marché de 12,4 %. Le reste des immatriculations a été couvert à égalité par les ventes TT (20 987 ; +45,3 %) et par les constructeurs (20 958 ; +69,7 %).

 

Le VO évite la chute

En difficulté une grande partie de l'année par rapport à 2022, le marché des voitures d'occasion s'établit à 5 196 224 transactions pour l'exercice 2023. Un total qui, finalement, s'avère en retrait d'à peine 0,2 %. Si la catastrophe est évitée, la France n'en est pas moins à son niveau le plus bas. Les marques nationales ont cédé des parts. Renault a terminé avec 969 505 VO remis à la route (-2,2 %). Peugeot et Citroën ont respectivement cumulé 919 735 VO (-0,7 %) et 553 563 VO (-0,8 %). La dynamique se veut encourageante, cependant. En effet, le mois de décembre s'est soldé avec 438 778 échanges, soit 7,8 % de plus qu'un an auparavant, confirmant la tendance haussière observée depuis l'automne.

 

Les utilitaires ont (un peu) redressé la barre

Après un exercice 2022 catastrophique (347 065 unités à -19,5 %), les immatriculations de véhicules utilitaires légers ont retrouvé le chemin de la croissance. En 2023, 378 024 VUL ont été mis à la route en France, un volume en progression de 8,9 %. Le déficit reste toutefois très prononcé par rapport à 2021, année conclue à plus de 430 000 unités. Dans ce contexte de rebond, Renault a été la marque la plus active avec 112 424 immatriculations, s’accaparant ainsi 29,7 % du marché national (un volume qui englobe les ventes Renault Trucks). Le podium 2023 est complété par Peugeot et Citroën, respectivement avec 63 768 et 55 071 mises à la route.

 

Flottes : volume presque record, Renault en tête

Pour beaucoup d’observateurs du marché automobile, l’année 2019 reste la référence en termes d’immatriculations. Elle fut aussi l’année de tous les records pour le marché des flottes avec 543 858 mises à la route de voitures particulières par les loueurs longue durée, les entreprises et les administrations. Figurez-vous qu’en 2023, ce record fut à deux doigts d’être battu. Le marché VP BtoB a conclu l’année à 542 720 immatriculations (+20,4 %), notamment grâce à un mois de décembre très actif (55 013 unités à +16,1 %). Autre donnée marquante, Renault a achevé la course en tête avec 102 324 mises à la route (+33,5 %), d’un souffle devant Peugeot (101 671, -3,3 %). La marque au losange retrouve ainsi la place de n°1 qu’elle a longtemps occupée par le passé. Le podium est complété par Citroën avec un volume peu glorieux de 39 039 immatriculations (-14,8 %).

(avec Gredy Raffin, Damien Chalon, Christophe Jaussaud et Catherine Leroy)

 

Retrouvez l'intégralité des immatriculations de véhicules neufs et d'occasion de décembre 2023 et de l'année complète dans notre Data Center.

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