Alors que le marché automobile s’électrifie à marche forcée, une autre option pourrait redonner de l’intérêt aux moteurs thermiques. Les constructeurs et les énergéticiens travaillent discrètement sur les carburants de synthèse, sous l’œil méfiant de Bruxelles.
Après la hausse de consommation record de Superéthanol-E85 en 2022, celle-ci a encore crû de 5 % en 2023. Ce biocarburant continue de séduire grâce à son attrait financier non négligeable, mais la conversion des véhicules via les boîtiers a connu un net fléchissement.
Le lobby pro-électrique Transport & Environnement s’attaque aux carburants de synthèse. Une voiture fonctionnant au e-fuel émettrait 79 % de CO2 de plus qu’une voiture électrique, mais 70 % de moins qu’un équivalent essence. Pour T&E, cette solution ne présente aucun avantage.
Lors de son interview aux journaux de TF1 et de France 2, le président de la République a annoncé trois leviers contre l'augmentation des prix du carburant : la vente à prix coûtant, la transparence sur les marges des raffineurs et une aide pour les travailleurs. Le chef de l'État garde la vente à perte comme moyen de pression.
Après Mobilians, représentant des stations-service indépendantes, ce sont les dirigeants de la grande distribution qui ont été reçus le 19 septembre 2023 à Bercy. lls y ont fait part de leur volonté de ne pas participer à l'opération de vente de carburant à perte. Une mesure qui ne semble donc convenir à personne.
Le gouvernement a annoncé, le 17 septembre 2023, vouloir autoriser la vente à perte de carburant. Une situation économiquement insoutenable pour les indépendants. C'est pourquoi, à l'issue d'une réunion entre les ministres concernés et Mobilians, représentants du secteur, l'État a décidé de soutenir financièrement ces entreprises fragilisées.
Pour soutenir le pouvoir d'achat des Français, Élisabeth Borne a annoncé, dimanche 17 septembre 2023, un projet de loi autorisant, pour une durée de six mois, la vente à perte des carburants. Une mesure qui risque de mettre à mal les stations-service indépendantes dont la situation s'est déjà nettement dégradée.
La hausse de 10 % du coût de l’électricité au 1er août 2023 a pu donner quelques sueurs froides aux propriétaires de véhicules électriques. Cependant, le coût annuel de la consommation d’un VE reste, aujourd'hui encore, bien inférieur à celui d’un véhicule thermique.
Réagissant à la mesure adoptée par la Commission européenne, le président de Ferrari, Benedetto Vigna, s'est montré satisfait du scénario. Il entrevoit, avec les e-carburants, la possibilité de faire ronronner les moteurs thermiques au-delà de l'échéance de 2035.
Sous la pression de l'Allemagne, la Commission européenne autorise la vente de véhicules thermiques alimentés par des carburants de synthèse. Mais pour de nombreux experts, cette solution n'est pas viable sur le long terme et peut même être une catastrophe écologique.
Le pétrolier français va céder 1 600 stations-service, en Allemagne et aux Pays-Bas, au géant canadien Alimentation Couche-Tard, spécialisé dans les magasins de proximité. En contrepartie, TotalEnergies va s'allier avec ce dernier pour gérer ses stations belges et luxembourgeoises.
Alors que les prix à la pompe n’ont cessé d’augmenter pendant toute l’année 2022, les automobilistes qui ne se sont pas encore lancés dans l’hybridation ou l’électrique, ont trouvé refuge dans le superéthanol E85 et le GPL. Ces carburants alternatifs ont représenté 5,4 % du mix énergétique l'année dernière, en forte progression. En parallèle, et tout naturellement, leur consommation a quasiment doublé en un an.
Avec une consommation en hausse de 83 % sur un an, le Superéthanol-E85 continue son ascension fulgurante en France. Plus de stations-service, de véhicules neufs flex-E85 et de boîtiers de conversion expliquent la croissance de ce carburant, qui séduit aussi par son moindre coût à la pompe.
Jugés propres, les carburants de synthèse coûteront certainement moins cher à l'horizon 2030, selon une étude menée par Roland Berger. Le cabinet les voit se développer dans les secteurs maritime et aérien mais pas dans l'automobile.
Les signataires de cette lettre ouverte envoyée aux instances européennes demandent que la vente de voitures roulant aux carburants neutres en carbone soit autorisée après 2035. Ils plaident aussi pour la neutralité technologique.
Les conversions de véhicules au bioéthanol-E85 ont été multipliées par sept en France au premier trimestre 2022, selon les chiffres publiés par L'Argus et le cabinet NGC-Data.
L’usine Saipol du Mériot (10) a produit 50 000 m3 de carburant B100 en 2021, chiffre qui devrait au moins doubler cette année. Au milieu des huiles alimentaires, cette production a de l’avenir, grâce à un contexte favorable.
Sans remettre en cause le développement de l’électrique, qui a des vertus incontestables, le moteur à combustion associé aux carburants renouvelables pourrait tenir une place plus importante dans la décarbonation du parc automobile existant. Comme souvent, la compétition sert de laboratoire mais le défi s'adresse aussi à nos gouvernants.
Une étude conduite par l'UFIP (Union française des industries pétrolières) a révélé que la France a consommé en 2021 moins de carburants routiers qu'en 2019. L'organisme a également présenté sa nouvelle identité visuelle.
L’association des constructeurs demande au Parlement européen de revoir sa copie concernant la directive sur la qualité des carburants (FQD) intégrée au paquet Fit for 55. Dénonçant un "manque d’idées et de clairvoyance”, l'ACEA émet une série de propositions.