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Les ambitions de Saipol sur le B100

Publié le 29 avril 2022

Par Florent Le Marquis
5 min de lecture
L’usine Saipol du Mériot (10) a produit 50 000 m3 de carburant B100 en 2021, chiffre qui devrait au moins doubler cette année. Au milieu des huiles alimentaires, cette production a de l’avenir, grâce à un contexte favorable.
Le B100 n'est visuellement pas si différent des huiles produites dans les usines Saipol. © Saipol
Le B100 n'est visuellement pas si différent des huiles produites dans les usines Saipol. © Saipol

Le timing était idéal. Mercredi 27 avril 2022, l’usine Saipol située au Mériot, proche de Nogent-sur-Seine (10), nous accueillait pour célébrer son 15e anniversaire. Coïncidence du calendrier, il a été inscrit au Journal officiel du 16 avril que les véhicules roulant exclusivement au B100 étaient désormais éligibles à la vignette Crit’Air 1… "Cette nouvelle est importante : elle nous permet d’être reconnu comme acteur de la transition énergétique de notre pays", se réjouit Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol. En effet, la filiale du groupe Avril produit ce carburant alternatif depuis 2018, et le commercialise sous la marque Oleo100.

 

Un carburant produit… avec l’huile alimentaire

 

Des cinq usines que compte Saipol sur le territoire, deux en produisent. Grand-Couronne (76), et donc Le Mériot, dont le site, qui tourne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, fait 16 hectares. Le colza utilisé pour fabriquer ce carburant réservé aux poids lourds est cultivé dans un rayon de 250 kilomètres. Et les dirigeants insistent sur le fait que le million de tonnes trituré chaque année dans cette usine est 100 % français. "Saipol écrase environ un tiers de la production nationale de graines de colza", avance Jérôme Landréat, directeur du site de Saipol du Mériot.

 

Un million de tonnes de graines de colza passent par Le Mériot chaque année.

Un million de tonnes de graines de colza passent par Le Mériot chaque année.

 

Et toute cette production a de multiples usages : huile végétale pour l’alimentation humaine, les tourteaux de colza pour l’alimentation animale, la glycérine et la lécithine végétale. Et donc les carburants : le B7 (biodiesel incorporé dans la gazole à hauteur de 7 %), et l’Oleo100 depuis près de quatre ans.

 

La majorité de l'huile est extraite des graines de colza par pression mécanique.

La majorité de l'huile est extraite des graines de colza par pression mécanique.

Tout est inscrit dans le même schéma de production. Une fois agréées et décharnées, les graines de colza sont nettoyées, aplaties, conditionnées puis écrasées mécaniquement. Les deux tiers de l’huile en sont ainsi extraits. Le reste est récupéré via une extraction par solvant. Quand le surplus solide forme les tourteaux, toute l’huile est estérifiée pour prendre ses différentes formes. Neutralisation et transestérification sont nécessaires avant d’arriver à un esther méthylique d’huile végétale, pas visuellement éloigné de l’huile alimentaire, qui sera utilisé pour le B7 et le B100. 200 000 tonnes d’énergies renouvelables décarbonées sont ainsi produites par an.

 

 

Une production exponentielle

 

"Avec l’éligibilité des poids lourds roulant au B100 à la vignette Crit’Air 1, la demande va grandir, prévoit Jérôme Landréat. Les gens vont venir vers nous. Fournisseurs, petits clients… Mais il leur faut la logistique derrière." En effet, le B100 n’est pas distribué en station-service. L’installation d’une cuve de 12, 30 ou 50 m3 est indispensable sur le site du client, et les véhicules – seulement les flottes captives – doivent forcément y passer pour se réapprovisionner. Dans la cuve, le biocarburant peut être conservé six mois. Actuellement, Saipol le distribue à 600 clients, issus du transport routier, du BTP, des collectivités, du transport de voyageurs ou encore du transport ferroviaire. Au total, cela fait 4 500 moteurs circulant à l’Oleo100. La société espère atteindre les 30 à 40 000 d’ici 2030.

 

L'installation d'une cuve est nécessaire pour les consommateurs d'Oleo100.

L'installation d'une cuve est nécessaire pour les consommateurs d'Oleo100.

 

50 000 m3 de B100 ont été produits par Saipol en 2021. En 2022, 120 000 m3 sont prévus. Une production exponentielle. "L’objectif est d’atteindre les 300 000 m3 d’ici 2025, sur un marché estimé à 600 000 m3, ajoute Christophe Beaunoir. Nous ne serons pas les seuls producteurs de B100, et c’est tant mieux ! Mais nous resterons les pionniers, et les leaders en volume et en qualité." Outre son avantage d’être 100 % renouvelable et français, Oleo100 permet, pour un véhicule roulant avec, de réduire de 60 % ses émissions de gaz à effet de serre, et de 80 % ses émission de particules. Le tout pour un prix au litre indexé sur l’équivalent fossile. "On est dans une logique de transition énergétique", justifie Christophe Beaunoir. L’autonomie pour un plein est quant à elle estimée inférieure d’à peine 6 % par rapport au diesel.

 

A lire aussi : La transition énergétique à l’heure du principe de réalité

 

"Une solution facile pour décarboner", résume Benjamin Devun, responsable technique motoriste biodiesel Oleo100. Intéressant, alors que le Giec a notamment préconisé le stockage de carbone dans les sols comme une des solutions pouvant permettre de faire face au réchauffement climatique d’ici 2030. Rappelons-le, le colza est une culture très performante en la matière. "Si on stocke 4 pour mille de plus de carbone dans les sols, c’est 6 milliards de tonnes d’émissions à effet de serre en moins", remarque Christophe Beaunoir. En raison du changement climatique et des nouvelles contraintes environnementales et sociétales, la production annuelle de colza est cependant passée de cinq à trois millions de tonnes en trois ans. Pas de quoi inquiéter quant à la fabrication de B100 : Saipol entend exporter de plus en plus à l’étranger son biocarburant.

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