Voiture électrique : le désamour persistant des Français
C'est le calme plat pour la voiture électrique dans les intentions d'achat des Français. Ils étaient 9 % à vouloir passer à l'électrique en 2024, ils sont toujours 9 % en 2025. Les résultats de l'étude réalisée par le cabinet Deloitte en décembre 2024 auprès d'un échantillon de 1 014 personnes en France sont sans appel.
Les volontaires à la conversion au 100 % batterie plafonnent désespérément et expliquent en grande partie le blocage des immatriculations dans cette motorisation dont la part n'arrive pas à dépasser les 18 % en France depuis le début de l'année.
Pire, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir choisir une voiture thermique lors de leur prochain achat. Ils étaient 40 % en 2023, 41 % en 2024 et 44 % cette année. "Ce n'est pas le scénario qui avait été envisagé", rappelle Guillaume Crunelle, spécialiste de l'industrie automobile et associé au cabinet Deloitte. "Ce résultat interroge sur l'équilibre financier des constructeurs qui ont investi massivement dans le véhicule électrique. "
Le remplacement de la batterie, le sujet qui préoccupe avec son prix
De fait, dans un monde très incertain, les consommateurs se rapprochent de solutions simples, connues et surtout plus acceptables au niveau du tarif. Les véhicules hybrides progressent également dans les intentions d'achat et passent de 19 % à 21%.
Le coût des voitures 100 % à batterie reste en tête des inquiétudes des Français pour 52 % d'entre eux. Si l'autonomie et le temps de charge arrivent en pole position des préoccupations, ces deux sujets semblent de moins en moins tourmenter les futurs acheteurs. "Les Français semblent rassurés aujourd'hui sur ces points irritants historiques", fait remarquer Guillaume Crunelle.
En revanche, le coût de remplacement des batteries semble effrayer les consommateurs. 43 % d'entre eux placent cet enjeu en deuxième position des points irritants, juste après celui du prix. D'ailleurs, ils sont toujours plus des deux tiers à estimer que 30 000 euros est une limite acceptable pour le prix d'une électrique.
La vitesse de charge devient un critère essentiel
Autre point qui grimpe dans les impondérables avant de passer à l'électrique : le temps de recharge rapide. 41 % des consommateurs contre 28 % en 2024, le font passer comme un critère de différenciation. "Le sujet devient primordial. Comment faire décoller le véhicule électrique s'il ne recharge pas rapidement ?", s'interroge Guillaume Crunelle.
Avec les architectures en 800 V, les performances sont bien meilleures (avec des puissances de charge variant de 270 à 350 kW) mais encore peu de modèles en sont équipés. Porsche et Audi avaient ouvert le bal avec les Taycan et e-tron GT, suivis de près par Hyundai-Kia avec les Ioniq 5 et 6 ainsi que l'EV6. Avec la plateforme PPE, Porsche et Audi ont ajouté les Macan, Q6 et A6 à la liste dernièrement. XPeng propose aussi le 800 V sur les G6 et G9 et Smart (Geely) sur la #5.
Cependant, la liste des modèles cachant une architecture 800 V va rapidement s'allonger. Dans les semaines à venir, le nouveau Mercedes CLA en fera partie, comme le futur GLC 100 % électrique ainsi que la nouvelle génération du BMW iX3 Neue Klasse. BYD l'a également annoncé, comme Renault d'ailleurs qui a choisi ses nouveaux utilitaires (Estafette, Goelette, etc.) pour inaugurer cette technologie. La Renault 5 Turbo 3E sera aussi en 800 V.
La concession physique garde la préférence des acheteurs
La préférence nationale pour le choix de la marque ou du modèle n'est pas un critère discriminant pour 44 % des personnes interrogées, mais le lieu de fabrication prend de l'importance. 41 % des Français jugent la localisation sur le sol français importante, voire très importante.
Enfin, concernant le processus d'achat en ligne que les constructeurs voulaient promouvoir pendant la période de Covid-19, l'affaire semble pliée aujourd'hui. Seuls 36 % des Français s'intéressent à un achat direct. De fait, 87 % des personnes interrogées veulent interagir avec des personnes, 84 % l'essayer et 82 % négocier en personne pour obtenir la meilleure offre. Pourtant, les constructeurs automobiles ont vanté les mérites du contrat d'agent sur la base d'un prix fixe et non négociable qui devait rassurer les consommateurs. Une volonté qui semble en totale contradiction avec les attentes des Français.
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