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Distribution

Mozart Autos : le sens de la famille comme partition

Publié le 24 juin 2024

Par Christophe Bourgeois
7 min de lecture
Mozart Autos figure parmi les meilleurs distributeurs Suzuki et Fiat. Une belle performance pour cette affaire familiale qui évolue dans un monde où la concentration est de mise. Rencontre avec Jérémy Sanchez, codirecteur et par ailleurs vice-président du groupement des concessionnaires Fiat.
Mozart Autos a distribué Subaru et figure parmi les plus anciens concessionnaires Mazda de France. ©Mozart Autos

Comme très souvent dans l’automobile, c’est avant tout une histoire de fa­mille. Cela a commencé avec le vé­hicule d’occasion. Nous sommes en 1976. Jean‑Luc et Élisabeth Sanchez montent un garage. Puis, très vite, ils se lancent dans la distribution de véhicules neufs en prenant le panneau Mazda. "Nous sommes probablement la plus ancienne concession Mazda de France", glisse Jérémy San­chez, la deuxième génération, dé­sormais à la tête de Mozart Autos avec sa sœur Julie, tandis que leur mère a conservé la présidence. Le couple installe sa concession rue Mozart à Cannes (06), "d’où le nom du groupe", indique Jéré­my Sanchez, qui est aujourd’hui vice‑président du groupement des concessionnaires Fiat.

 

Pen­dant près de vingt ans, l’activité prospère, mais le couple reste fidèle à Mazda et ne cherche pas à s’ouvrir à d’autres enseignes. Néanmoins, en 1996, la situation évolue et ils ont l’opportunité d’accompagner une marque japo­naise dans les Alpes‑Maritimes. Ils se lancent alors avec Suzuki au Cannet (06).

 

C’est à partir de cette date que Mo­zart Autos commence à prendre de l’ampleur. Deux ans plus tard, Subaru rejoint le groupe, dans un premier temps au Cannet, à côté de Suzuki, et en 2002 à Nice (06), première implantation dans cette ville.

 

En 2004, Mozart Autos s’y déploie avec Mazda. C’est aussi sensiblement à cette époque que Jérémy et sa sœur Julie rejoignent les affaires familiales, une évi­dence pour eux "car nous avons toujours baigné dans cet environ­nement". Leur grand‑père était d’ailleurs concessionnaire Simca‑Talbot‑Chrysler dans le Var (83).

 

Subaru a été le troisième panneau pris par Mozart Autos. ©Mozart Autos

 

Une direction bicéphale

 

Entre les deux, les tâches sont bien réparties. Jérémy s’occupe du commerce, tandis que Julie gère la partie après‑vente. Mais une épreuve familiale va quelque peu accélérer leur implication. "Au décès de notre père, il y a douze ans, nous avons été bru­talement propulsés à la tête de l’entreprise alors qu’en ce qui me concerne, je n’étais que commer­cial et pas forcément prêt à gérer une société, se rappelle Jérémy Sanchez. Notre père disait tou­jours : "Il faut dix ans pour ap­prendre un métier." Avec son dé­cès, nous n’avons pas eu d’autres choix que de nous jeter à l’eau."

 

Soutenus par leur mère, les deux héritiers feront de Mozart Autos une activité qui est passée en l’espace de vingt ans de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires à 60 millions d’euros et qui dispose de fonds propres pour son déve­loppement. "Cette croissance a été portée par Fiat", explique le dirigeant.

 

En 2010, Mozart Autos reprend, en effet, les panneaux Fiat et Fiat Professional à Nice auprès de Murat Automobiles. "Ce rachat nous a permis de faire plus de volume et de travailler différem­ment en mettant en place plus de procédures", poursuit‑il.

 

Cette incursion au sein de la marque italienne lui ouvre alors d’autres portes. En 2016, il reprend le garage Europa, toujours à Nice, qui distribue Alfa Romeo, Jeep et Suzuki. "Aujourd’hui, nous distribuons au total 1 600 VN et 1 200 VO et nous visons 2 000 VN et 1 500 VO pour cette année", in­dique Jérémy Sanchez.

 

Rentable, il souhaite en effet poursuivre son développement et suit avec attention les opportunités, prin­cipalement dans les marques qu’il distribue. "Beaucoup de marques qui cherchent à s’implanter sur le marché français viennent éga­lement nous voir", observe‑t‑il.

 

Un temps distributeur Seres et surtout Leapmotor, il s’apprête à travailler avec le chinois XPeng. "Nous avons pris Seres et Leap­motor car nous ne voulions pas manquer le train des marques chinoises, explique‑t‑il. Elles sont pour nous un excellent complément à notre activité d’autant plus que nous n’avions pas à l’époque de modèles électriques dans le seg­ment sur lequel elles étaient présentes."

 

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Il espère d’ailleurs être retenu pour conserver le panneau Leapmotor sous la nouvelle ère Stellantis, "d’autant plus que cela a plutôt bien fonctionné à Nice, nous étions d’ailleurs un des premiers distributeurs de Leapmotor en France", glisse‑t‑il.

 

Mozart Autos est l’un des plus impor­tants distributeurs Suzuki de France. ©Mozart Autos

 

Une taille parfaite ?

 

Car la grande force de Mozart Au­tos est sa taille. Dans un monde où la concentration rythme la distribution automobile, le groupe familial fait de sa taille intermé­diaire une force et un atout. "Nous employons 90 collaborateurs et le turnover dans notre entreprise est très faible, ce qui permet de fidéliser nos clients qui sont très at­tachés à notre garage, observe le dirigeant. La satisfaction client, ce n’est pas juste une note sur un site Internet. C’est le client qui nous fait vivre et ce n’est pas un vain mot. Nous avons fortement investi dans le marketing digital pour suivre au plus près nos clients. Nous réalisons 70 entrées en ate­lier par jour et, à titre d’exemple, chaque client est appelé pour qu’il puisse être tenu informé sur l’évo­lution des interventions."

 

Une politique qui lui permet d’obtenir des parts de marché supérieures à la moyenne nationale pour les marques qu’il représente. Avec une pénétration de 2,7 % avec Su­zuki, soit plus du double que les résultats en France, il figure par­mi les meilleurs distributeurs de la marque, malgré le fait qu’il ne dis­pose que de deux points de vente et qu’il soit présent sur un terri­toire difficile à travailler. Il est, en effet, le seul distributeur Suzuki dans les Alpes‑Maritimes, un dé­partement où le commerce auto­mobile se fait principalement sur le littoral. "Nous avons quelques sympathisants dans l’arrière‑pays, mais ils ne représentent qu’à peine 5 % de nos ventes", indique‑t‑il.

 

Dès que l’on s’éloigne de la côte, il n’y a plus d’immatriculations. "Nous réussissons néanmoins à toucher cette clientèle en travail­lant notamment avec les petits garages pour l’après‑vente, ce qui nous permet de faire de la pièce avec Suzuki", poursuit‑il sur le sujet.

 

Chez Fiat, il enregistre également de très bons résultats. "Nous réa­lisons une part de marché de 3,1 % (contre 2,3 % au niveau national, NDLR) et au sein du réseau, nous sommes les premiers par site avec Abarth et deuxièmes avec Fiat", indique‑t‑il. En 2023, il a, en ef­fet, écoulé 700 Suzuki et 458 Fiat.

 

Si le groupe a donc triplé son chiffre d’affaires en vingt ans, Jérémy Sanchez ambitionne d’at­teindre les 100 millions d’euros d’ici la fin de la décennie. Une ambition qui veut l’éloigner des velléités de rachat que des géants régionaux pourraient avoir à son encontre. "Nous sommes beau­coup trop jeunes pour vendre !, s’exclame Jérémy Sanchez. Nous sommes une véritable entreprise familiale et nous comptons le res­ter." Outre sa mère et sa sœur, sa femme travaille également au sein du groupe, du côté de l’ad­ministration. "Nous aimons tra­vailler en famille, nous en parlons d’ailleurs tout le temps !"

 

Du reste, le groupe investit for­tement pour son avenir. Dès 2025, il prévoit de construire un tout nouveau site à Nice. "Nous disposerons d’une superficie de 8 000 m² avec la suppression du parking exté­rieur, mais qui sera compensée par du stationnement en sous‑sol dans ce nouveau projet qui mé­langera activité professionnelle et logements", présente Jérémy Sanchez.

 

Un investissement im­portant, de l’ordre de 15 mil­lions d’euros, pour trente mois de travaux, mais qui permettra au groupe de se développer. "Nous aurions pu déménager, mais nous sommes sur l’axe le plus passant de Nice, en plein cœur de la zone automobile."

 

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