Mozart Autos : le sens de la famille comme partition
Comme très souvent dans l’automobile, c’est avant tout une histoire de famille. Cela a commencé avec le véhicule d’occasion. Nous sommes en 1976. Jean‑Luc et Élisabeth Sanchez montent un garage. Puis, très vite, ils se lancent dans la distribution de véhicules neufs en prenant le panneau Mazda. "Nous sommes probablement la plus ancienne concession Mazda de France", glisse Jérémy Sanchez, la deuxième génération, désormais à la tête de Mozart Autos avec sa sœur Julie, tandis que leur mère a conservé la présidence. Le couple installe sa concession rue Mozart à Cannes (06), "d’où le nom du groupe", indique Jérémy Sanchez, qui est aujourd’hui vice‑président du groupement des concessionnaires Fiat.
Pendant près de vingt ans, l’activité prospère, mais le couple reste fidèle à Mazda et ne cherche pas à s’ouvrir à d’autres enseignes. Néanmoins, en 1996, la situation évolue et ils ont l’opportunité d’accompagner une marque japonaise dans les Alpes‑Maritimes. Ils se lancent alors avec Suzuki au Cannet (06).
C’est à partir de cette date que Mozart Autos commence à prendre de l’ampleur. Deux ans plus tard, Subaru rejoint le groupe, dans un premier temps au Cannet, à côté de Suzuki, et en 2002 à Nice (06), première implantation dans cette ville.
En 2004, Mozart Autos s’y déploie avec Mazda. C’est aussi sensiblement à cette époque que Jérémy et sa sœur Julie rejoignent les affaires familiales, une évidence pour eux "car nous avons toujours baigné dans cet environnement". Leur grand‑père était d’ailleurs concessionnaire Simca‑Talbot‑Chrysler dans le Var (83).
Une direction bicéphale
Entre les deux, les tâches sont bien réparties. Jérémy s’occupe du commerce, tandis que Julie gère la partie après‑vente. Mais une épreuve familiale va quelque peu accélérer leur implication. "Au décès de notre père, il y a douze ans, nous avons été brutalement propulsés à la tête de l’entreprise alors qu’en ce qui me concerne, je n’étais que commercial et pas forcément prêt à gérer une société, se rappelle Jérémy Sanchez. Notre père disait toujours : "Il faut dix ans pour apprendre un métier." Avec son décès, nous n’avons pas eu d’autres choix que de nous jeter à l’eau."
Soutenus par leur mère, les deux héritiers feront de Mozart Autos une activité qui est passée en l’espace de vingt ans de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires à 60 millions d’euros et qui dispose de fonds propres pour son développement. "Cette croissance a été portée par Fiat", explique le dirigeant.
En 2010, Mozart Autos reprend, en effet, les panneaux Fiat et Fiat Professional à Nice auprès de Murat Automobiles. "Ce rachat nous a permis de faire plus de volume et de travailler différemment en mettant en place plus de procédures", poursuit‑il.
Cette incursion au sein de la marque italienne lui ouvre alors d’autres portes. En 2016, il reprend le garage Europa, toujours à Nice, qui distribue Alfa Romeo, Jeep et Suzuki. "Aujourd’hui, nous distribuons au total 1 600 VN et 1 200 VO et nous visons 2 000 VN et 1 500 VO pour cette année", indique Jérémy Sanchez.
Rentable, il souhaite en effet poursuivre son développement et suit avec attention les opportunités, principalement dans les marques qu’il distribue. "Beaucoup de marques qui cherchent à s’implanter sur le marché français viennent également nous voir", observe‑t‑il.
Un temps distributeur Seres et surtout Leapmotor, il s’apprête à travailler avec le chinois XPeng. "Nous avons pris Seres et Leapmotor car nous ne voulions pas manquer le train des marques chinoises, explique‑t‑il. Elles sont pour nous un excellent complément à notre activité d’autant plus que nous n’avions pas à l’époque de modèles électriques dans le segment sur lequel elles étaient présentes."
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Il espère d’ailleurs être retenu pour conserver le panneau Leapmotor sous la nouvelle ère Stellantis, "d’autant plus que cela a plutôt bien fonctionné à Nice, nous étions d’ailleurs un des premiers distributeurs de Leapmotor en France", glisse‑t‑il.
Une taille parfaite ?
Car la grande force de Mozart Autos est sa taille. Dans un monde où la concentration rythme la distribution automobile, le groupe familial fait de sa taille intermédiaire une force et un atout. "Nous employons 90 collaborateurs et le turnover dans notre entreprise est très faible, ce qui permet de fidéliser nos clients qui sont très attachés à notre garage, observe le dirigeant. La satisfaction client, ce n’est pas juste une note sur un site Internet. C’est le client qui nous fait vivre et ce n’est pas un vain mot. Nous avons fortement investi dans le marketing digital pour suivre au plus près nos clients. Nous réalisons 70 entrées en atelier par jour et, à titre d’exemple, chaque client est appelé pour qu’il puisse être tenu informé sur l’évolution des interventions."
Une politique qui lui permet d’obtenir des parts de marché supérieures à la moyenne nationale pour les marques qu’il représente. Avec une pénétration de 2,7 % avec Suzuki, soit plus du double que les résultats en France, il figure parmi les meilleurs distributeurs de la marque, malgré le fait qu’il ne dispose que de deux points de vente et qu’il soit présent sur un territoire difficile à travailler. Il est, en effet, le seul distributeur Suzuki dans les Alpes‑Maritimes, un département où le commerce automobile se fait principalement sur le littoral. "Nous avons quelques sympathisants dans l’arrière‑pays, mais ils ne représentent qu’à peine 5 % de nos ventes", indique‑t‑il.
Dès que l’on s’éloigne de la côte, il n’y a plus d’immatriculations. "Nous réussissons néanmoins à toucher cette clientèle en travaillant notamment avec les petits garages pour l’après‑vente, ce qui nous permet de faire de la pièce avec Suzuki", poursuit‑il sur le sujet.
Chez Fiat, il enregistre également de très bons résultats. "Nous réalisons une part de marché de 3,1 % (contre 2,3 % au niveau national, NDLR) et au sein du réseau, nous sommes les premiers par site avec Abarth et deuxièmes avec Fiat", indique‑t‑il. En 2023, il a, en effet, écoulé 700 Suzuki et 458 Fiat.
Si le groupe a donc triplé son chiffre d’affaires en vingt ans, Jérémy Sanchez ambitionne d’atteindre les 100 millions d’euros d’ici la fin de la décennie. Une ambition qui veut l’éloigner des velléités de rachat que des géants régionaux pourraient avoir à son encontre. "Nous sommes beaucoup trop jeunes pour vendre !, s’exclame Jérémy Sanchez. Nous sommes une véritable entreprise familiale et nous comptons le rester." Outre sa mère et sa sœur, sa femme travaille également au sein du groupe, du côté de l’administration. "Nous aimons travailler en famille, nous en parlons d’ailleurs tout le temps !"
Du reste, le groupe investit fortement pour son avenir. Dès 2025, il prévoit de construire un tout nouveau site à Nice. "Nous disposerons d’une superficie de 8 000 m² avec la suppression du parking extérieur, mais qui sera compensée par du stationnement en sous‑sol dans ce nouveau projet qui mélangera activité professionnelle et logements", présente Jérémy Sanchez.
Un investissement important, de l’ordre de 15 millions d’euros, pour trente mois de travaux, mais qui permettra au groupe de se développer. "Nous aurions pu déménager, mais nous sommes sur l’axe le plus passant de Nice, en plein cœur de la zone automobile."
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