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Distribution

Distribution automobile : les rentabilités des réseaux se contractent

Publié le 27 août 2024

Par Christophe Bourgeois
8 min de lecture
En dépit d’un chiffre d’affaires en hausse, la rentabilité des distributeurs automobiles n’a pas été au beau fixe en 2023. À part quelques réseaux qui ont tiré leur épingle du jeu pour des raisons conjoncturelles, tous ont vu leur rentabilité se contracter, surtout chez Stellantis.
rentabilité des réseaux de distribution automobile en 2023
En dépit d’un chiffre d’affaires en hausse, la rentabilité des distributeurs automobiles n’a pas été au beau fixe en 2023. À part quelques réseaux qui ont tiré leur épingle du jeu pour des raisons conjoncturelles, tous ont vu leur rentabilité se contracter. ©adobestock.com

L’année 2023 aura été une année de transi­tion pour les réseaux automobiles. Avec des immatricu­lations en progression de 16,1 % à 1 774 729 unités, le cru 2023 aura été meilleur que celui de 2022. Pour autant, il n’aura pas forcément per­mis aux distributeurs automobiles d’avoir le sourire et de préserver leur rentabilité.

 

Certes, leur chiffre d’affaires a pro­gressé. Cette progression est portée en partie par l’explosion des ventes de voitures électriques. Leur volume d'immatriculations a augmen­té de 47 %. Mais en plus leur prix est supé­rieur de 30 à 40 % par rapport à ceux des modèles thermiques.

 

Néanmoins, la rentabi­lité des réseaux de distribution automobile n’a pas été pleinement satisfai­sante. Car l’inflation et la flambée des taux d’intérêt ont fortement perturbé l’activité économique. En outre, la hausse des immatriculations est en bonne partie due aux véhicules com­mandés en 2022 et livrés en 2023.

 

Tableau qui montre l'évolution de la rentabilité des réseaux automobiles depuis 2013 - Source : Le Journal de l'Automobile

 

Toyota, meilleure rentabilité des marques généralistes

 

En s’appuyant sur les chiffres com­muniqués par les marques automobiles, le constat est sans équi­voque. Le chiffre d’affaires moyen par concession a progressé entre 16 et 37 %. Cependant, la plupart ont vu leur rentabilité se contracter. Dans le peloton de tête, on retrouve, comme l’année dernière, Jaguar Land Rover, Mercedes‑Benz et Toyota.

 

A lire aussi : Rentabilité réseaux 2023, des premiums pas tous logés à la même enseigne

 

Mais dans un ordre légèrement différent puisque le constructeur anglais passe de la troisième à la première place. Le réseau gagne 1 point supplémentaire de profitabilité, conséquence d’une montée en gamme des produits et des services.

 

En revanche, malgré les bons résultats, Mercedes‑Benz et Toyota perdent respectivement 0,5 et 0,7 point. Plus loin, Suzuki affiche une très belle remontée. La marque japonaise a connu une bonne année 2023 avec des immatriculations en progres­sion de 48,2 %. Ce résultat tranche nettement avec 2022. Une année noire pour la marque, qui avait subi de plein fouet la crise des semi‑conduc­teurs. D’ailleurs, Suzuki est l’une des seules marques à voir sa rentabilité augmenter, avec Mazda, Nissan et Opel.

 

A lire aussi : Rentabilité des réseaux en 2023, un bilan en demi-teinte pour les constructeurs asiatiques

 

Le réseau Renault l'emporte sur Peugeot

 

Pour les acteurs français, cette der­nière n’a pas été au beau fixe. Au sein du réseau Renault, elle s’est sta­bilisée à 1,1 % contre 1,4 % en 2022. Mais le chiffre d’affaires moyen a progressé de 25 % pour atteindre 64,3 mil­lions d’euros.

 

C’est nettement moins bon au sein de Stellantis. Alors que le groupe a engrangé 18,6 milliards d’euros de bé­néfices, le réseau est à la peine avec des taux de rentabilité qui ne dépassent pas 1 % pour aucune des marques. Le groupe veut relativiser ces piètres résultats en indiquant que les trois premiers quartiles du réseau ont été profitables bien au‑delà de 1 %. Mais que le dernier quartile a fait plonger la moyenne.

 

Pire, chez Citroën, la rentabilité a été nulle ou quasi nulle. Opel voit, pour sa part, sa profitabilité monter. Après avoir été quasi nulle, voire négative, sur les deux dernières années, le réseau a retrouvé un sem­blant de couleur avec une rentabilité à 0,4 %. Il nous est néanmoins im­possible de savoir si ces faibles per­formances ont été contrebalancées par une progression du chiffre d’af­faires, car le groupe n’a pas souhaité nous communiquer cette informa­tion.

 

Si l’on s’appuie sur l’exemple de Renault, il est fort probable que le chiffre d’affaires moyen ait progres­sé, mais il faut mettre en parallèle les piètres résultats de Peugeot qui, en 2023, a vu ses immatriculations se contracter de 1,7 %, tandis que celles de Citroën ont diminué de 3 %.

 

Le réseau Stellantis se déploie

 

Du côté du réseau, certaines marques du groupe Stellantis ont connu quelques évolutions. C’est notam­ment le cas de Fiat concernant ses agents de second rang. Dans le cadre de la réorganisation du constructeur, tous les contrats ont été révoqués. Ils ont tous basculé d’un contrat d’agent vers un contrat de réparateur agréé. Pour autant, les garages n’ont pas disparu.

 

Au contraire. "Notre stra­tégie est d’accroître notre présence sur le territoire. Pour cela, nous sommes proactifs dans le développement des points d’entrée en après‑vente, mais également pour la vente de véhicules neufs au niveau local", explique‑t‑on chez Fiat.

 

Une transformation qui illus­tre le plan de Stellantis de créer des synergies en s’appuyant le plus possible sur des sites multimarques, comme c’est le cas, à titre d’exemple, du nouveau site Stellantis & You à Courbevoie (92), qui abrite à une même adresse sept marques.

 

Cette approche offre ainsi plus de visibilité aux "petites" marques du groupe, comme c’est le cas pour Alfa Romeo et Jeep qui ont gagné respec­tivement 40 et 27 adresses. Le groupe s’appuiera sur la même stratégie pour développer cette année et l’année prochaine Lancia et Leapmotor.

 

A lire aussi : Leapmotor arrive en Europe par l'Espagne dès septembre 2024

 

Concentration des acteurs de la distribution automobile

 

La concentration s’est notamment accélérée sur le marché du premium, principalement chez BMW et Merce­des‑Benz. À titre d’exemple, la plaque BMW du groupe Legrand a ainsi été cédée aux groupes Amplitude, Pautric et GCA et le groupe Hess a repris cinq affaires au groupe Savy, tandis que du côté de la firme de Stuttgart, BPM a repris la succursale de Bordeaux (33) et BYmyCAR a intégré dans son giron des affaires du groupe Lombardot.

 

Autre conséquence de la concentra­tion, la diminution du nombre d’in­vestisseurs. Il a tendance à se contrac­ter, mais dans des proportions plus modestes. Pour rappel, pour mesurer cet indice, nous divisons le nombre de sites par le nombre d’investisseurs. Chez Renault, entre 2021 et 2022, il avait fortement évolué ; il était passé de 7,9 à 11,4, conséquence de l’intégration dans le réseau privé de succu­rsales de Retail Renault Group et dont les premiers résultats sont apparus en 2023.

 

Cette année, cet in­dice a peu évolué, mais les ventes poursuivent leur concentration sur les dix premiers acteurs. En 2023, ils ont en effet écoulé près de 230 000 unités sur les 278 000 véhicules (Renault, Dacia et Alpine). Chez Peugeot et Ci­troën, le constat est moins important. Peugeot dispose de vingt investisseurs de plus que Renault et les dix premiers ne couvrent "que" 45 % des immatri­culations.

 

Chez Citroën, les résultats sont sensiblement identiques, puisque la marque aux chevrons dispose du même nombre d’inves­tisseurs (70), tandis que les dix pre­miers ont représenté 41 % des imma­triculations.

 

Si l’on prend de la hauteur, la moyenne du nombre d’investisseurs par marque est de 58, Porsche ayant le réseau avec le moins de parte­naires (20), alors qu’à l’autre bout de l’échelle, la marque Suzuki est dis­tribuée par 113 opérateurs.

 

C’est le réseau Fiat qui a perdu le plus d’in­vestisseurs, passant de 71 à 64 alors que le nombre de points de contact avec la clientèle a doublé.

 

Tableau montrant le nombre de succursales, et concessions privés par marque en 2023 - Source : Le Journal de l'Automobile

 

Toujours moins d’agents

 

Pour la partie après‑vente, les an­nées se suivent et se ressemblent. Le réseau d’agents se contracte au gré des départs en retraite et des opportunités des acteurs de cé­der leurs affaires ou de prendre un panneau de la distribution indépendante.

 

Dans le détail, la marque Renault dispose toujours du plus grand réseau d’après‑vente (2 756 adresses), suivie par Peu­geot (2 132) et Citroën (1 727). Si l’on met Opel et Fiat à part, Ford reste toujours le premier réseau « étranger » de France.

 

L’année prochaine, ce bilan des réseaux risque d’afficher un autre visage. De nouvelles marques fe­ront leur apparition, notamment BYD, qui est arrivée en France en juin 2023 et qui étend en 2024 son réseau. Les distributeurs MG Motor auront également une meil­leure vision de la rentabilité de l’en­seigne, car aujourd’hui, beaucoup d’acteurs ont réparti leurs coûts de fonctionnement sur d’autres affaires de leur portefeuille.

 

Le réseau arrivera à maturité avec la nomination de 16 points de vente supplémentaires, ce qui le placera au même niveau que des acteurs comme Nissan, Kia ou Hyundai avec 200 points de vente.

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