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Constructeurs

Horse est bien en selle

Publié le 10 novembre 2025

Par Christophe Jaussaud
7 min de lecture
Pierre angulaire des technologies thermiques et hybrides des groupes Renault et Geely, Horse Powertrain commence à trouver sa place dans l’industrie automobile grâce à ses innovations. Notamment dans l’univers des REEV, mais pas que.
Avec le C15, très compact (480 x 490 x 250 mm) et qui regroupe un moteur thermique, un générateur et un onduleur, horse veut s'attaquer au marché des REEV. ©JA

Pour François Provost, directeur général de Renault, "Horse est un outil unique au monde. Si nous avons besoin de PHEV ou de REEV pour ajuster notre offre, Horse est là."

 

Et comme pour conforter les dires du nouvel homme fort de Renault, Horse avait fait le déplacement au salon de Munich pour exposer ses savoir‑faire actuels et futurs. Contrairement à Ampere, qui demeure à 100 % la propriété du groupe Renault, Horse Powertrain est une coentreprise entre le groupe fran­çais (45 %) et le chinois Geely (45 %). Les deux partenaires ont ensuite ac­cueilli le pétrolier saoudien Aramco (10 %).

 

 

Logiquement, les marques de ces deux groupes sont pour l’heure les principales clientes de Horse. Ain­si, le moteur 3 cylindres HR12, qui équipe nombre de modèles français, est produit par cette entité en Turquie ou en Roumanie. Dernier exemple de développement de Horse qui vient de prendre la route, la nouvelle proposi­tion full hybrid de 160 ch des Dacia Bigster, Renault Symbioz et bientôt de la Clio 6.

 

Horse Powertrain exposait ses nouveautés lors du dernier IAA Mobility de Munich. ©Horse

 

Sous le capot de la variante E‑Tech de la nouvelle citadine du Losange, se cachera donc le nouveau moteur 1,8 l injection directe ou en­core une nouvelle batterie de 1,4 kWh refroidie par eau. De quoi permettre à la Clio de passer, pour la première fois, sous la barre des 4 l/100 km avec 3,9 l annoncés, soit 89 g/km de CO2, contre 95 g/km pour l’actuelle Clio hybride.

 

Lynk & Co, une marque de Geely, étrenne une nouvelle offre hy­bride rechargeable avec son SUV 08. En associant le moteur B15 (163 ch) et la transmission hybride 3DHT160, le modèle chinois affiche notamment une autonomie de plus de 1 100 km, dont 200 km en électrique grâce à la batterie de 39,6 kWh. Il y a donc déjà du concret sur les étagères de Horse, qui séduit aussi d’autres clients, mais aussi beaucoup de projets en cours.

 

Une quinzaine de clients

 

Horse affirme aujourd’hui four­nir une quinzaine de clients. Ain­si, le 4 cylindres HR13, dans une déclinaison de 132 ch, va équiper des Caterham. Une variante de ce bloc fonctionnant au flexfuel, d’ail­leurs fabriqué dans l’usine brési­lienne de Curitiba, vient de trou­ver sa place dans une offre hybride rechargeable destinée à la marine de la start‑up brésilienne Hybdor.

 

Toujours dans ce pays, Horse a si­gné avec Lecar pour la fourniture de 12 000 unités par an du moteur HR10, un 3 cylindres de 1 l de cy­lindrée, pour équiper la berline 459 Hybrid. Horse va aussi fournir un 2 l turbo, répondant à la régle­mentation Rally 2 de la FIA, pour une voiture de rallye américaine. Dans un autre domaine, le turc Habas s’approvisionne en blocs 2.0 turbo diesel pour ses productions.

 

D’autres moteurs ont également des gènes Horse sans que cela se sache vraiment, comme les groupes motopropulseurs REEV du chinois Leapmotor, distribué en Europe par… Stellantis.

 

Le nouveau Merce­des‑Benz CLA hybride 48 V, dispo­nible début 2026, va également ca­cher un 4 cylindres peaufiné par les ingénieurs allemands, mais d’ori­gine Horse. Il s’agit d’un bloc 1,5 l turbo, 4 cylindres, qui sera décliné en trois niveaux de puissance : 136, 163 et 190 ch. Mais gageons que les solutions présentées à Munich vont permettre à Horse de gagner en­core du terrain.

 

Le REEV en ligne de mire

 

Après avoir dévoilé une première mouture au salon de Shanghai 2025, Horse en a dit plus sur son offre Future Hybrid System qu’il devrait mettre sur le marché en 2027. Une proposition qui permet de transformer des véhicules électriques en modèles hybrides, PHEV ou REEV grâce à un bloc 4 cylindres pouvant être associé à un ou deux moteurs électriques.

 

Pour être sûr d’adresser le plus de monde possible, Horse a étudié toutes les plateformes dédiées à l’électrique et notamment les plus étroites (Tesla et VW MEB), pour maximiser le potentiel. Pour l’heure, deux propositions sont au programme avec des largeurs de 74 cm et 65 cm. Avec le C15, un nom qui fera sourire en France, Horse se penche plus particulièrement sur le marché des véhicules à prolongateur d’autonomie, les REEV.

 

Avec son offre Future Hybrid System, Horse propose de convertir des VE en modèles hybrides, PHEV ou REEV. ©JA

 

"La catégorie des groupes motopropulseurs pour véhicules REEV connaît la plus forte croissance sur de nombreux marchés, expose Matias Giannini, PDG de Horse. Avec notre solution C15, nous offrons aux constructeurs un moyen simple et économique de profiter de cette opportunité."

 

 

Si, pour l’heure, la réglementation européenne ne fait que peu de place aux REEV, cette technologie ne cesse de gagner du terrain en Chine et les États‑Unis s’annoncent prometteurs. Le fait que les groupes Volkswagen et Hyundai aient indiqué bientôt proposer cette technologie renforce le travail engagé par Horse.

 

Très compact (480 x 490 x 250 mm), le C15 regroupe un moteur thermique, un générateur et un onduleur. Il peut être positionné horizontalement ou verticalement. Horse annonce une variante atmosphérique de 70 kW (95 ch) et une turbo de 120 kW (163 ch), de quoi couvrir au mieux les besoins des différents segments de marché.

 

Les boîtes électrifiées tenaient aussi une belle place sur le stand et notamment la transmission 4DHT120 annoncée pour 2028. Il s’agit en fait d’un 5 en 1, avec un moteur électrique, un alterno‑démarreur, l’électronique de puissance, un convertisseur et une boîte sans embrayage à 4 rapports.

 

La carte hydrogène

 

Le M20 est un moteur à combustion d'hydrogène développé par Horse. ©JA

La palette des technologies développées par Horse est donc relativement large, mais elle aurait été incomplète sans une solution dédiée à l’hydrogène. Car ce carburant, brûlé dans un moteur thermique, sera sans nul doute un élément clé nécessaire à la décarbonation.

 

Pour répondre à cela, Horse a concocté le M20 Hydrogen. Il s’agit d’un 4 cylindres turbo diesel modifié, capable de développer jusqu’à 90 kW (122 ch) et d’émettre moins de 1 g de CO2. Le développement de ce bloc, répondant d’ores et déjà à la norme Euro 7, est bouclé et il est sur le marché. Un responsable de Horse a expliqué vouloir viser, dans un premier temps, le monde des VUL. D’ailleurs, des négociations seraient en cours avec un constructeur américain qui souhaiterait proposer un pick‑up alimenté par hydrogène.

 

Même si la montée en puissance de l’électrique est réelle, sans toutefois être aussi forte que souhaité, il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, les modèles équipés d’un moteur thermique sont encore très largement majoritaires. Rien qu’en Europe, à la fin du premier semestre 2025, ils représentaient 84,4 % des immatriculations. Proposer des moteurs thermiques toujours plus efficaces fait aussi partie de la transition énergétique. Car l’électrique ne pourra pas répondre à tous les usages.

 


 

Horse en chiffres

 

Créée le 31 mai 2024, la société Horse Powertrain annonce aujourd’hui un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros. Elle dispose d’une capacité de production de moteurs et de boîtes de 5 mil­lions d’unités par an. Horse s’appuie sur un ré­seau de 22 sites dans le monde, dont 17 usines et 5 centres de R & D, et 19 000 salariés. Un mail­lage constitué par des centres de R & D et des usines de Renault, Geely et Aurobay Volvo.

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