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Industrie

Le prix des véhicules : 10 ans d'inflation

Publié le 24 janvier 2023

Par Catherine Leroy
5 min de lecture
L’inflation était de 6,2 % en France fin 2022. Un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 1985. L’évolution tarifaire des voitures neuves dépasse pourtant ce niveau, avec des prix moyens qui se sont envolés de plus de 7 % depuis le début de l’année 2022.
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L'inflation, c'est l'actualité. Il est loin le temps où les constructeurs affichaient une révision de leurs prix catalogue deux fois par an : au 1er janvier et au 1er juillet. Depuis 2020, force est de constater que les hausses tarifaires s’effectuent de manière un peu anarchique et surtout se sont multipliées au cours de cette même année. Selon les données fournies par AAA DATA, les prix moyens de vente (pondérés par le volume vendu) ont progressé de plus de 7 % en 2022.

 

Un niveau proche de l’inflation ? Certes, mais les disparités sont énormes selon les constructeurs. Dacia demeure l’exemple type dans le domaine. Même si le prix moyen d’une Dacia neuve reste le plus faible du marché (17 492 eu­ros), la marque a décidé plu­sieurs hausses tarifaires jusqu’à atteindre une progression de 18 % entre 2021 et 2022. Nissan, Fiat, Kia et Jeep n’échappent pas à ce phénomène avec des augmen­tations respectives de 17, 16, 15 et 24 %.

 

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En cause principalement, l’électri­fication des gammes qui fait ex­ploser les prix catalogue. Le fossé continue de se creuser entre les véhicules thermiques et les élec­triques, y compris dans le coût des matières premières qui entrent dans leur fabrication. Avant la pandémie de Covid‑19, le coût des matériaux critiques entrant dans la composition des véhicules thermiques atteignait 1 475 dollars par voiture, contre 2 924 dollars pour un électrique.

 

En mars 2022, dès le début de l’in­vasion de l’Ukraine par la Russie, les tensions sur les prix de ces in­trants ont été à leur paroxysme avec un pic à 2 969 dollars pour le véhi­cule thermique et 6 848 dollars pour une voiture électrique, soit 3 879 dollars d’écart. Si la tendance est à la détente depuis cette date, les coûts restent très élevés et la dif­férence s’est même accentuée, de l’ordre de 3 000 dollars entre les deux motorisations, contre 1 500 dollars avant la pandémie. « Cet écart va rester, explique Alexandre Marian, consultant au cabinet AlixPartners, notamment à cause du risque d’inflation qui pèse sur le prix de l’énergie. »

 

En regardant à la loupe cer­tains modèles, les exemples se multiplient en effet. Tes­la offre désormais sa Mo­del 3 à partir de 53 490 euros, contre 49 990 euros à la fin du printemps dernier. La Ci­troën ë‑fC4 électrique pointe dès lors à 39 700 euros contre 36 300 euros en juin 2022. Le SUV compact Peugeot e‑2008 électrique s’est renchéri pour sa part de 2 900 euros par rapport à juin 2022. Le tarif de base at­teint dorénavant 40 950 euros. Chez Volkswagen, l’ID.3 débute à 46 100 euros. Elle a augmenté en six mois de 1 420 euros, alors que la Golf comparable à es­sence n’a crû que de 375 euros.

 

Une ID.3 coûte donc 15 400 eu­ros de plus que la Golf de base. La petite Renault Zoe grimpe pour sa part à 35 100 euros en version de base. Soit 2 300 euros de plus qu’au début de l’été der­nier. La Zoe coûte désormais le double d’une Clio thermique. La moins chère des électriques du marché, la Dacia Spring, fran­chit d’ailleurs à présent la barre des 20 000 euros (20 800 euros contre 16 990 euros à son lance­ment au printemps 2021).

 

Même inflation dans les hy­brides rechargeables. La Peugeot 308 hybride a pris 2 820 euros à 40 870 euros, le SUV Citroën C5 Aircross 3 000 euros à 44 750 eu­ros, pour ne citer qu’eux.

 

La démocratisation du véhicule électrifié n’est pas pour demain et en tout cas, pas pour tout le monde !

 

 

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Des prix moyens qui font le grand écart selon l’Observatoire de l’automobile

 

Dans ce contexte de hausse tarifaire, le prix moyen payé par les automobilistes interrogés dans le cadre de l’Observatoire Cetelem s’établit à 16 181 euros, le mon­tant est légèrement supérieur en Europe (16 712 euros). La faible différence entre les deux zones géographiques considérées, l’Europe et le reste du monde, s’explique en grande partie par le prix moyen très élevé constaté en Chine, premier marché mondial, de 27 794 euros.

 

Un marché ré­cent où le poids des voitures neuves est particulièrement fort, comparativement aux autres pays. Hormis en Pologne, état européen où le prix moyen du véhicule acheté est le plus faible (7 964 euros), il faut se rendre dans les pays émergents, Brésil, Mexique et Turquie, pour découvrir les prix moyens les plus bas. À l’opposé, l’Al­lemagne, pays des grosses berlines, la Nor­vège, là où la voiture électrique est reine, et les États‑Unis, deuxième marché mon­dial, présentent un prix moyen supérieur à 20 000 euros. Avec 16 553 euros (remises déduites), la France se situe dans une juste moyenne.

 

Les automobilistes français in­terrogés dans le cadre de cet observatoire estiment que le prix payé est élevé (plutôt élevé et très élevé) pour 40 % d’entre eux. 73 % pensent que posséder un véhicule est accessible mais demande des sacrifices fi­nanciers. D’ailleurs, le taux d’effort, mesuré par le ratio entre le prix d’une voiture et les revenus moyens annuels, atteint 73 % en France, contre 104 % pour la moyenne des habitants de 18 pays dans le monde.

 

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