S'abonner
Distribution

Audi Bauer Paris : exclusif, mais pas uniquement…

Publié le 18 mars 2024

Par Christophe Bourgeois
10 min de lecture
Le seul distributeur exclusif Audi de France poursuit son développement tous azimuts. Il se renforce dans le VO et les services liés aux bornes de recharge. Il déploie en outre une nouvelle filiale, Dock B, pour répondre aux enjeux des nouvelles mobilités.
Le groupe Audi Bauer Paris couvre 4 % des ventes d'Audi en France. ©Le Journal de l'Automobile

Audi Bauer Paris est une institution. Depuis 1998, le groupe, fondé et présidé par Daniel Urcun et dirigé depuis dix‑sept ans par Thierry Tanfin, est le seul distributeur exclusif Audi de France. "L’histoire remonte à la fin des années 90 lorsque VAG a voulu séparer la distribution entre Volkswagen et Audi", rappelle Pierre‑Yves Vuillemin, en charge de la communication et du marketing du groupe.

 

À l’époque, Daniel Urcun était concessionnaire Mercedes‑Benz à Paris, un panneau qu’il conservera jusqu’en 2015. Il avait déjà une longue expérience dans le haut de gamme, car après avoir commencé comme metteur au point sur les Citroën DS dans les années 70, il travaille chez Maserati et Ferrari, puis monte une concession Porsche et Mitsubishi, puis Mercedes‑Benz. La nouvelle stratégie d’Audi est une belle opportunité pour lui.

 

4 % des ventes d'Audi en France

 

Rapidement, il fait partie des cinq premiers distributeurs à se lancer dans cette nouvelle voie. "Il reprend à Saint‑Ouen (93) un site qui devait être une concession Renault Trucks et y implante le panneau Audi, explique Pierre‑Yves Vuillemin. C’est pourquoi nous avons une importante hauteur sous plafond."

 

Daniel Urcun, fondateur d'Audi Bauer Paris et Thierry Tanfin, directeur général. ©Audi Bauer Paris

 

Au fil des décennies, il devient une figure incontournable au sein de la marque aux anneaux, une situation toujours d’actualité aujourd’hui. "À nous seuls, avec nos cinq adresses, nous représentons environ 4 % des ventes d’Audi par an", note Thierry Tanfin, directeur général du groupe. Audi Bauer Paris a, en effet, vendu 1662 VN en 2023, ce qui lui permet de se classer parmi les six premiers distributeurs de la marque.

 

Monomarque

 

Si le groupe est aujourd’hui piloté au quotidien par Thierry Tanfin, Daniel Urcun reste encore très présent. "C’est lui qui configure les voitures qui sont exposées dans les showrooms, glisse Pierre‑Yves Vuillemin. Il le fait sur son iPad, comme si c’était pour lui ! C’est pour cela que nous avons la réputation d’avoir des VD très bien équipés, ce qui est fortement recherché par notre clientèle." 

 

Être monomarque, qui plus est d’une marque premium et dans un environnement ultra‑urbain comme Paris et sa banlieue nord, demande une certaine dextérité dans la gestion. "C’est une position confortable lorsque la marque que vous distribuez est au firmament, mais vous savez que l’automobile est une activité cyclique, analyse Thierry Tanfin. Vous devez donc avoir une vision à 360° pour pallier le manque de dynamisme d’une activité."

 

Outre le véhicule neuf, Audi Bauer Paris est très actif dans l’occasion, l’après‑vente, y compris la carrosserie, la location avec Audi Rent (4 agences), l’après‑vente pour les anciennes (Audi Tradition Bauer Paris, depuis 2021) et la recharge électrique. Sur ce sujet, le dirigeant, qui se définit lui‑même comme "un pompiste électrique, est fortement impliqué.

 

Bornes de recharge

 

Il a, en effet, massivement investi, au début de cette décennie, en s’appuyant sur les subventions d’Advenir, dans la recharge sur ses sites. Sur son Terminal de Roissy‑en‑France (95), à quelques encablures de l’aéroport, il a ouvert des bornes de recharge ultrarapide. Une source de profit non négligeable. "Nous réalisons environ 350 recharges/mois, mais avant que les bornes ne se multiplient, nous sommes montés en 2022 jusqu’à 800 recharges/mois", indique‑t‑il.

 

Résultat, lors des meilleures années, il a réalisé un bénéfice de 175 000 euros pour un chiffre d’affaires de 225 000 euros. Une excellente rentabilité, mais il ne s’est pas contenté d’installer des bornes. "Comment occuper les automobilistes pendant le temps de la recharge?, s’est interrogé Thierry Tanfin. Il n’était pas possible de leur offrir un service de restauration… Rapidement, nous nous sommes aperçus que notre plus grande clientèle était les taxis et les VTCistes. Nous avons donc mis à leur disposition… un aspirateur. Pendant la recharge, ils peuvent ainsi nettoyer leur voiture et retourner ensuite à l’aéroport récupérer des clients dans une auto parfaitement propre." Cela peut paraître anecdotique, mais derrière cela, se cache toute une notion de service. Avec l’électrification du parc, cette approche est chère au dirigeant. Surtout, elle peut être lucrative. 

 

Location courte durée

 

Idem pour Audi Rent, l’offre de loca‑ tion courte durée de la marque. Audi Bauer Paris est le plus important centre Audi Rent de France. "Un été, nous avons représenté 38 % de cette branche d’activité d’Audi", indique le directeur. En fonction des années, il réalise plus de 1 million d’euros de chiffre d’affaires avec une rentabilité à plus de 25 %. Plus de la moitié est des clients particuliers. Surtout, cela lui permet de récupérer 120 voitures par an pour son activité VO.

 

Audi Bauer Paris fait également de la restauration d'anciens modèles Audi. ©Audi Bauer Paris

 

Si Audi Bauer porte dans son nom le mot « Paris », depuis 2013, et a toujours été très marqué par une distribution automobile urbaine, la dimension du groupe a changé en 2018 avec l’ouverture du Terminal de Roissy‑en‑France, "le dernier du genre", glisse Thierry Tanfin. "Un formidable outil de travail, mais assez coûteux" , ajoute-t-il.

 

Site pilote

 

Le site de 5 000 m² couvert est, en effet, construit sur un terrain appartenant à ADP (Aéroport de Paris), loué au constructeur, dont le siège français est à moins de 10 min en voiture. "Nous sommes aussi un site pilote avec ce que cela peut comporter comme avantages, mais aussi comme inconvénients, sourit‑il. Dès qu’un dirigeant d’Ingolstadt (la ville où Audi a son siège, NDLR) rend visite à la filiale française, vous êtes sûr qu’il passera par chez nous."

 

Un lieu d’excellence, comme le précise le site Internet du groupe, et du fait de son emplacement, ce qualificatif est loin d’être usurpé. "Nous sommes une vitrine de la marque", indique le dirigeant. L’autre conséquence de cet emplacement est la clientèle. "Même si nous sommes ici sur une zone très fortement urbanisée, nous n’avons pas du tout la même clientèle entre le site de Roissy et nos affaires parisiennes ou de très proche banlieue. La différence est telle qu’il m’est d’ailleurs impossible d’intervertir les vendeurs entre les showrooms, souligne‑t‑il. L’approche est ici beaucoup plus "provinciale", j’ai par exemple plus de clients particu‑ liers." Il draine, en effet, tout le nord du Val‑d’Oise et le sud de l’Oise, des zones périurbaines, voire rurales.

 

Un autre exemple? "Je vends ici plus de véhicules diesel qu’à Saint‑Ouen." 2023 aura été l’occasion pour le distributeur de se lancer dans une nouvelle aventure: Dock B, une filiale pour regrouper sous une même entité des produits liés aux nouvelles mobili‑ tés. Il y distribue Microlino, Fest et des marques de vélos à assistance électrique. 

 

__________________________________

Saint-Witz, la base arrière d'Audi Bauer Paris

 

Saint‑Witz (95) est le véritable bras armé du groupe. "Nous sommes ici chez nous !", s’amuse à dire Thierry Tanfin, directeur général d’Audi Bauer Paris. En 2016, le groupe achète un terrain au bord de l’A1 (Paris‑Lille), sur laquelle transitent 700 000 véhicules par jour.

 

"Nous voulions faire de cet emplacement une base arrière pour la carrosserie, pour le VO et le stockage de nos véhicules. Le tout en totale autonomie", indique le dirigeant en nous faisant visiter le site. Sur un terrain de 28 000 m², il construit, en 2016, 19 000 m² de places de parking et un seul bâtiment. "Nous sommes partis d’une page planche, nous avons fait 43 versions différentes du plan !", lâche Thierry Tanfin. Tout est pensé dans le moindre détail.

 

Audi Bauer Paris dispose d'une importante base arrière à Saint-Witz (95). ©JA

 

"Lorsqu’un porte‑huit ou une dépanneuse arrive ici, le chauffeur n’a pas une seule manœuvre à faire", présente‑t‑il. Le bâtiment est au centre du terrain, pensé comme un « rond‑point ». À l’intérieur, la carrosserie, qui prend la plus grande partie de la surface, est conçue pour optimiser au maximum les flux.

 

En forme de U, elle dispose de cabines transversales. "Les mélanges de peintures sont robotisés, ce qui permet des gains de productivité", explique‑t‑il. Le site réalise 40 chocs par semaine avec 13 carrossiers. Il est équipé d’une aire de lavage, de sa propre station‑service, "le plus difficile à monter", glisse le dirigeant, et depuis peu de bornes de recharge ultrarapide (300 kW), mises à la disposition du public et ouvertes 7 j/7 – 24 h/24.

 

L’investissement total s’est élevé à 6 millions d’euros. En parallèle, il distribue le label dédié aux véhicules d’occasion, Bauer Paris Occasion. En 2023, le groupe a vendu 825 VO. "Nous allons développer cette activité à Saint‑Ouen, présente Thierry Tanfin. Nous avions deux ateliers, un au rez‑de‑chaussée, l’autre à l’étage. J’ai supprimé celui du rez‑de‑chaussée, ce qui permet de mieux gérer les flux et d’offrir un plus bel écrin pour les VO." 

 

Le showroom de Saint‑Ouen n’a pas été choisi au hasard. "La ville se transforme très rapidement. La population change et nous voyons arriver des jeunes couples assez aisés avec enfants. En septembre dernier, Saint‑Ouen a ouvert cinq nouvelles écoles", constate‑t‑il. En 2024, il vise 1 000 VO.

 

_____________________________________

Dock B, le laboratoire pour les nouvelles mobilités

 

En parallèle de la distribution exclusive d’Audi, Audi Bauer Paris s’adapte aux évolutions des demandes de ses clients. C’est pourquoi il a créé une filiale, Dock B, un terrain de jeux pour regrouper sous une même entité des produits liés aux nouvelles mobilités. Le groupe a pris, en tant qu’agent, la distribution de la marque suisse de quadricycles, Microlino, du fabricant taïwanais de petits utilitaires électriques, Fest, ainsi que de trois marques françaises de vélos à assistance électrique, Gaya (triporteur familial), Iweech (haut de gamme) et Voltaire.

 

Audi Bauer Paris distribue Microlino via une filière appelée Dock B. ©Audi Bauer Paris

 

"Si les volumes sont pour l’instant très faibles, cette structure nous permet de répondre à des appels d’offres auprès d’entreprises qui sont en train de faire évoluer leur car policy, explique Thierry Tanfin, directeur général d’Audi Bauer Paris. Certaines d’entre elles viennent nous voir en disant : "Je vous avais commandé il y a trois ans quarante voitures, aujourd’hui, je n’en souhaite que vingt, mais je prends deux cents vélos." "

 

Dock B, qui a embauché deux collaborateurs, fait donc figure de laboratoire stratégique pour Audi Bauer Paris, d’autant plus que les ventes en BtoB représentent 50 % de ses immatriculations, dont une partie de grands comptes. "17 % des salariés allemands ont un vélo de fonction, en France, ils sont simplement 1,7 %, rappelle‑t‑il. Nous ne sommes pas des spécialistes du vélo, mais lorsque nous rencontrons un responsable de parc, nous savons l’accompagner sur la fiscalité, le coût d’utilisation et la sécurité, les seuls critères qui l’intéressent, comme nous le faisons dans l’automobile. Ce sont des prestations que les acteurs indépendants du vélo ne proposent pas." 

 

Le groupe espère également que les Jeux Olympiques seront une belle opportunité pour les activités de Dock B.

 

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle