Mauvaise passe pour Fiat, Ford et Opel
Si parmi les constructeurs généralistes, les sud-coréens ont le sourire avec des immatriculations qui se sont envolées de 30,8 % pour Hyundai (45 241 unités) et de 13,2 % pour Kia (44 215), d'autres font la grimace. C'est le cas de Ford, Fiat et Opel qui depuis 2019 voient leurs ventes s'effondrer. A tel point, qu'habituées à figurer dans le top des 10 des marques les plus distribuées en France, ces dernières sont désormais reléguées en second plan. En deux ans, les trois marques ont perdus respectivement 35 061, 31 752 et 23 508 ventes.
Le cas Ford est le plus significatif. En 2019, la marque américaine commercialisait 78 838 véhicules et figurait à la 7ème place du classement des marques. Une belle performance, mais qui trahissait déjà une baisse de 4,6 % à contre-courant d'un marché alors en progression de 1,9 %. En 2020, Ford maintenait sa 7ème place avec 55 219 immatriculations, mais poursuivait sa baisse par rapport à un secteur du VN grippé. La marque à l'ovale déclinait de 30 % sur un marché en repli de 25,5 %.
En 2021, alors que le marché VN s'est stabilisé (0,5 %), Ford a chuté à la 12ème place avec 43 777 immatriculations. Pire, elle a enregistré une des plus mauvaises performances des marques à fort volume en dévissant de 20,7 %. Les ventes de Ford sont dominées par un seul modèle, le Puma, qui couvre plus d'un tiers des immatriculations, tandis que tous les autres modèles à forte diffusion, hormis le Kuga, décrochent.
Fiat, une marque mono-produit
Chez Fiat, ce n'est guère mieux. En 2019, la marque italienne figurait à la 8ème place du classement avec 71 666 immatriculations. Ici aussi, la chute était déjà entamée avec une baisse de 8,4 %. Un an plus tard, Fiat dégringole à 12ème place, derrière Opel avec 42 360 unités et une fonte de 40,9 % des volumes ! En 2021, Fiat poursuit sa descente dans le palmarès. Certes, si elle repasse devant Opel, la marque italienne figure à la 13ème place avec 39 414 immatriculations (- 5,8 %). Les raisons d'une telle situation ? La gamme de Fiat se réduit comme peau de chagrin pour se cantonner à seulement cinq modèles (Panda, 500, 500X, 500L et Tipo), tous vieillissants et qui surtout, ne couvrent pas les segments les plus importants du marché. Résultat : Fiat devient presque une marque à mono-modèle avec 62 % de livraisons qui concernent la 500.
Opel n'est pas au mieux de sa forme non plus. La marque allemande peine toujours à retrouver sa place sur le marché français. En 2019, elle figurait à la dernière place du Top 10 des marques avec 66 901 immatriculations (-6,6 %). En 2020, elle perd 34,5 %, avec seulement 43 801 immatriculations. Elle quittera l'élite au profit d'Audi. En 2021, l'hémorragie continue. Malgré le lancement du Mokka qui aurait dû redonner des couleurs à la marque, Opel poursuit sa chute avec une baisse de 14,6 %. Avec 37 393 unités, Opel se place derrière Fiat et se retrouve à la 14ème place.
Marques premium et coréennes
Dès lors, qui a profité de la dégringolade de ces marques généralistes ? La réponse est double. Les premiers en termes de volumes sont les premium. Soutenues par les ventes à société, Mercedes (50 789), Audi (50 083) et BMW (45 969) figurent respectivement à la 7ème, 8ème et 9ème place, alors qu'en 2019, à part Mercedes, qui bénéficiait de l'engouement de la nouvelle génération de la Classe A, aucune d'entre elles n'intégraient le Top 10.
Les seconds sont indéniablement les marques coréennes dont la clientèle est bien évidemment plus perméable qu'avec les marques premium. Pour la première fois de sa présence en France, Hyundai intègre le top 10 des marques. Avec 45 241 immatriculations, elle a vu ses immatriculations bondir de 30,8 %, une des meilleures performances de 2021 et talonne désormais BMW. Pas très loin derrière, à la 11ème place, Kia progresse de "seulement" 13,2 % et a enregistré 44 215 immatriculations. Pour rappel, en 2019, Kia (42 313) figurait à la 13ème place et Hyundai (39 970), à la 15ème place.
Le succès du Hyundai Tucson
Les deux marques doivent leurs succès à une gamme très large, aussi en bien termes de produits que de motorisations. Avec 17 775 immatriculations, la nouvelle génération du Hyundai Tucson est un succès et représente une part de marché de 1,1 % tous modèles confondus. A contrario, Hyundai peut en être prisonnier, car le SUV représente près de 40 % des ventes de la marque. Chez Kia, le portefeuille produit est beaucoup plus équilibré, d'autant plus que le Sportage, grand succès de la marque était en fin de vie. Autre raison de ces belles performances : il semblerait que le groupe coréen ait mieux anticiper la crise des semi-conducteurs que les autres marques généralistes.
A lire aussi : Igor Dumas : "J'ai besoin d'un réseau qui gagne de l'argent pour investir dans l'avenir"
Ford, Opel et Fiat retrouveront-ils leurs lustres d'antan ? Difficile à dire. Chez Ford, on annonce cette année un crossover pour remplacer la Mondeo, un segment qui n'a jamais fait de forts volumes, tandis qu'en 2024, l'américain proposera - enfin - des modèles électriques. Elle est en effet la seule marque généraliste (Toyota mis à part, mais cela va évoluer cette année) à ne disposer d'aucun modèle électrique "accessible", si l'on met de côté le Mach-E, qui commence à plus de 50 000 euros. "En 2024, 100 % de nos VU seront disponibles en hybride rechargeable ou en électrique. En 2026, cette logique s’appliquera aux véhicules particuliers et en 2030, toute la gamme sera 100 % électrique", annonçait dans un entretien récent Louis-Carl Vignon, président de Ford France.
Du côté de chez Fiat et Opel, tous deux détenues par Stellantis, l'avenir à court terme semble tout aussi compliqué. Chez Fiat, on n'annonce aucun vrais nouveaux produits avant 2023, on parle d'un SUV urbain, tandis qu'il sera difficile pour la prochaine Astra de faire des miracles, empêchée sur le marché français par la Peugeot 308 et la Renault Mégane E-Tech.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.