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Constructeurs

Les marques chinoises en Europe : une présence à relativiser

Publié le 23 octobre 2023

Par Christophe Bourgeois
11 min de lecture
Pas un mois ne passe sans qu’une marque chinoise annonce son arrivée en Europe. Le Journal de l’Automobile fait le point, chiffres à l'appui, sur la présence réelle de ces constructeurs sur le Vieux Continent.
BYD Atto 3 constructeurs chinois en Europe
167 438, c'est le nombre de voitures des constructeurs chinois vendues en Europe de janvier à juillet 2023. ©BYD

En Europe, sur les sept premiers mois de l’année, les marques des construc­teurs chinois ont vendu 167 438 voi­tures, dont un tiers l’a été par MG Motor, ce qui représente peu ou prou, au total, 2 % de part de marché.

 

Si les constructeurs occi­dentaux et asiatiques considèrent l’Europe comme un seul marché, il semble que les constructeurs chinois avancent plus dans un ordre dispersé. Leur présence est, en effet, loin d’être homogène ; leur implantation dépend de nombreux paramètres, notamment la taille du marché ou de son appétence pour le véhicule électrique, puisque dans la grande majorité, c’est avec cette technologie qu’ils débarquent sur le continent.

 

Nous avons recensé, avec l’aide du cabinet Inovev, toutes les marques chinoises présentes en Europe. Nous avons également indiqué leur volume par pays et réalisé un rapide portrait d’elles.

 

Méthodologie

Nous avons indiqué sur la carte ci-dessus les pays européens où les marques chinoises représentent une part non anecdo­tique sur les marchés. Nous n’avons ainsi pas retenu les pays où elles affichaient moins de 500 immatriculations sur les sept premiers mois de l’année 2023 (données Inovev – ventes de janvier à juillet 2023 en Europe).

 

A lire aussi : L'Europe se préoccupe de la hausse des importations de VE chinois

 

 


 

SAIC (MG Motor)

Ventes en Chine : 525 013 (dont 373 030 MG)

Ventes en Europe : 121 266

Premier marché européen : Royaume‑Uni

Derrière cet acronyme qui signifie Shanghai Automotive Industry Corporation, se cache l’un des leaders mondiaux dans l’automo­bile. SAIC se positionne, en effet, à la sixième place des constructeurs auto­mobiles dans le monde. Avec 5,3 millions de voi­tures vendues en 2022, il ne se situe pas très loin de Stellantis (5,8 millions), mais surtout il est loin devant Ford (4,2 millions).

 

Dans son portefeuille de marques, SAIC dispose en Europe de MG Motor, ainsi que dans le monde de Maxus (utili­taires), marque déjà présente dans certains pays et qui est en cours de déploiement en France.

 

La marque MG Motor est tombée dans son escarcelle en 2007 lorsque SAIC a racheté le constructeur chinois Nanjing. Ce dernier était proprié­taire de l’outillage et des marques de British Leyland, qui détenait MG et Rover, ainsi que dans l’utilitaire, LDV.

 

Si la marque Rover s’est transformée en Roewe pour des questions de droits et n’est commercialisée qu’en Chine, MG Motor a (re)fait son apparition sur le marché britannique il y a une dizaine d’années. SAIC est également un important parte­naire des groupes Volkswagen et General Motors. Il a avec le premier une joint‑venture appelée SAIC‑Volkswagen et avec l’américain, une autre coentreprise avec qui il a créé une marque en Chine, Wuling.

 


 

Geely (Lynk & Co)

Ventes en Chine : 942 656 (dont 99 238 Lynk & Co)

Ventes en Europe : 18 768

Premier marché : Pays‑Bas

Probablement le plus euro­péen des chinois, puisque le groupe Geely, ou plus exac­tement Zhejiang Geely Hol­ding Group, est propriétaire de Volvo depuis 2010. Geely a été fondé en 1986. Il a égale­ment dans son portefeuille le malaisien Proton, 50 % de Smart et les anglais Lotus et LTI, les fameux taxis londoniens.

 

En Europe, outre Polestar, marque de luxe de Volvo (qui n’est pas distribuée en France), il dispose donc de Lynk & Co avec une offre quasi unique sur le marché européen. Sa gamme, composée d’un seul modèle, le 01, un SUV PHEV, est principalement disponible en location au mois.

 

Une stratégie payante car si l’on met de côté MG Motor, Lynk & Co est la première marque chinoise la plus vendue en Europe, avec 18 768 uni­tés sur les sept premiers mois de l’année. Le premier marché est les Pays‑Bas qui ont une forte appétence pour les offres de location. En 2024, Geely prévoit de lancer une nouvelle marque, Zeekr, présentée comme premium sur le marché de l’électrique.

 


 

Chery (DR Motor)

Ventes en Chine : 837 573

Ventes en Europe : 18 120

Premier marché européen : Italie

Fondé en 1997, le groupe Chery est une entreprise d’État. En Chine, la gamme est com­posée d’une quin­zaine de modèles. Sa présence en Europe contraste avec les autres construc­teurs car elle est distribuée depuis près de quinze ans sous la marque italienne DR Motor qui assemble en CKD une partie des modèles de Chery.

 

La gamme italienne comprend sept modèles, tous thermiques, à l’exception de la DR 1.0, une voiture électrique de 3,20 m de long. Outre l’Italie, la marque DR Motor n’est commercialisée qu’en Espagne. De par sa forte implantation en Italie où le marketing présente DR Motor comme une marque 100 % italienne, Chery se posi­tionne comme le troisième constructeur chinois en Europe.

 


 

BYD

Ventes en Chine : 1 441 369

Ventes en Europe : 4 586

Premier marché européen : Allemagne

Leader mondial de la batterie, la division automobile de BYD a été fondée en 2003. Aujourd’hui, BYD (Build Your Dreams) a franchi la barre symbolique des 5 millions de véhicules élec­triques et représente désormais une part de marché de 25 % en Chine.

 

En Europe, le constructeur s’est lancé en 2021 en Norvège avec un seul modèle électrique, le Tang, un SUV de 7 places du segment D. Depuis cette année, il se déploie en Europe et vise au total 500 points de vente d’ici 2025.

 

Sa gamme européenne est composée de cinq modèles, tous électriques. De par sa puissance, BYD est probablement l’une des marques qui comptera dans les années à venir, d’autant plus que le constructeur qui est déjà pré­sent en Hongrie avec une usine de bus, prévoit, tout comme MG Motor, de produire en Europe.

 


 

Great Wall Motors (Ora, Wei)

Ventes en Chine : 506 063 (dont 54 414 Ora et 24 802 Wei)

Ventes en Europe : 1 358

‑ Ora : 1 342

‑ Wei : 16

Premier marché européen : Allemagne

Great Wall Motors a été en fait le premier constructeur chinois à vouloir importer des véhicules en Europe. Nous sommes en 2005, il s’agit du Landwind, un copié‑collé de l’Opel Frontera. Un crash‑test a ruiné les velléités commerciales du construc­teur.

 

Quinze ans plus tard, Great Wall Motors a fait son retour officiel en Europe lors du dernier salon de Paris avec les marques Ora, 100 % électrique, et Wei, qui propose de l’hybride rechargeable. Pour l’instant, la marque n’est vraiment présente qu’en Allemagne.

 

En France, elle avait annoncé son arrivée en 2023, mais aucune information n’a été donnée depuis. Pour rap­pel, elle a assemblé des pick‑up sous la marque Haval dans les années 2010 en Bulgarie.

 


 

 

L’implantation des sièges sociaux des constructeurs chinois présents en Europe.

 


 

Nio

Ventes en Chine : 72 845

Ventes en Europe : 938

Premier marché européen : Allemagne

Nio est une start‑up dans l’automobile fondée en 2014. Très inspirée par Tesla, la marque déploie son propre réseau de recharge.

 

Mais contrairement à ce dernier, il ne s’agit pas de bornes de recharge, mais d’un échangeur de batte­rie. La voiture entre dans une structure comme une sta­tion de lavage et la batterie usagée est échangée avec une autre rechargée.

 

En Chine, à fin 2022, Nio communique sur 1 305 stations d’échange. En Europe, il existe quelques sta­tions Nio en Allemagne et en Norvège.

 


 

Dongfeng Motor Corporation (DFSK, Seres, Dongfeng, Voyah)

Ventes en Chine : 200 911 (dont 32 181 Seres et 18 173 Voyah)

Ventes en Europe : 673

‑ DFSK : 327

‑ Seres : 201

‑ Dongfeng : 137

‑ Voyah : 8

Premier marché européen : Espagne

Dongfeng Motor est l’un des piliers de l’industrie automobile chinoise. Ce constructeur est notamment allié à Stellantis et a détenu des parts dans l’ex‑PSA au milieu des années 2010.

 

En Europe, sa stratégie est assez floue puisqu’il est présent dans très peu de pays et à chaque fois, avec des marques et des technologies différentes. En Espagne, qui est son premier marché, Dongfeng commercialise des modèles thermiques et électriques sous la marque DFSK, tandis qu’en France, via l’importateur SN Diffusion, il vend, sous le logo Seres, un SUV du segment C 100 % électrique.

 

À noter que Seres est une alliance entre Dongfeng et Sokon, producteur chinois de véhicules utilitaires électriques. Enfin, Dongfeng fait également de la figuration en Norvège avec sa marque haut de gamme Voyah.

 


 

Aiways

Ventes en Chine : N. C.

Ventes en Europe : 455

Premier marché européen : Danemark

Avec le développe­ment des voitures électriques, des start‑up sont appa­rues avec comme ambition d’être le nouveau Tesla. Aiways en fait par­tie.

 

Créée en 2017 par un ancien directeur financier du groupe SAIC et un ancien dirigeant de Volvo Chine, elle ne commercialise qu’un seul modèle, le SUV U5, en dehors de la Chine et en vente directe.

 

Un deuxième modèle, l’U6, était prévu pour cette fin d’année, mais connaissant d’importantes difficultés financières, la marque risque de disparaître dans les semestres à venir.

 


 

Leapmotor

Ventes en Chine : 58 837

Ventes en Europe : 185

Premier marché européen : France

Leapmotor avec qui Stellantis souhaite s’associer est elle aussi une start‑up. Elle a mis sur le marché sa première voiture en 2019. 100 % électrique, la marque n’est importée qu’en France, par SN Diffusion, le même importateur que Seres.

 

Sa gamme est composée d’un seul modèle, la citadine T03, mais présente au dernier salon de Munich, elle prévoit de se développer avec une offre plus large. En Chine, elle commer­cialise cinq modèles, dont le C10, un SUV de 7 places potentiellement vendu en Europe en 2024.

 


 

XPeng

Ventes en Chine : 52 443

Ventes en Europe : 179

Premier marché européen : Norvège

XPeng est une start‑up montée en 2014 par des anciens cadres de GAC, treizième constructeur mondial en 2022, d’Alibaba, l’équi­valent d’Amazon en Chine, et de Xiaomi.

 

La marque ne produit que des véhicules électriques. Sa – très faible – présence en Europe se résume essentiellement à la Norvège. La marque a annoncé avoir des ambitions pour l’ensemble de la région en 2024.

 


 

FAW (Hongqi)

Ventes en Chine : 238 049 (dont 172 812 Hongqi)

Ventes en Europe : 110

Premier mar­ché européen : Suède

La marque Hongqi, qui signifie « dra­peau rouge » en chinois, a été lancée en 1958, ce qui en fait la marque de voitures particulières chinoise la plus ancienne.

 

Jusqu’en 1981, elle était destinée seulement aux représentants gouvernemen­taux. Elle a été relancée au début des années 90 et appar­tient à FAW (First Automobile Works), entreprise d’État, qui est un important partenaire de Toyota et de Volkswa­gen‑Audi en Chine. Le constructeur chinois reste très dis­cret sur sa politique européenne.

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