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Constructeurs

Les États-Unis sont-ils vraiment une terre de véhicules électriques ?

Publié le 5 avril 2024

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Alors que la croissance des ventes de véhicules électriques est faible aux États-Unis, les constructeurs retardent certains investissements. Ford vient ainsi de décaler de deux ans le lancement de deux SUV à batteries.
marché des véhicules électriques aux États-Unis
Les véhicules électriques devraient représenter 8 % des ventes aux États-Unis en 2024. ©Ford

Les véhicules électriques ne semblent pas connaître l'essor souhaité en Amérique du Nord. En 2023, ils n'ont représenté que 6,9 % des ventes et devraient se limiter à 8 % en 2024, selon les estimations du cabinet Edmunds. L'objectif du président Joe Biden de voir 50 % des ventes en électrique en 2030 est encore très loin.

 

Dans ce contexte peu porteur, Ford vient d'annoncer qu'il décalait de deux ans le lancement de deux SUV électriques. Ils sont maintenant programmés pour 2027, a indiqué le constructeur.

 

Il s'agit pour lui de "développer davantage et de permettre de tirer bénéfice des technologies émergentes liées aux batteries, avec l'objectif de fournir aux clients une durabilité accrue et une meilleure valeur".

 

Des projets retardés

 

Plus généralement, le travail sur ce passage à l'électrique n'est pas remis en cause, mais tous les constructeurs surveillent la rentabilité de chaque dollar investi.

 

Ce n'est pas la première fois que Ford retarde des projets électriques. En septembre 2023, il avait déjà suspendu les travaux de l'usine de batteries de Marshall, dans le Michigan. "Nous suspendons les travaux et limitons les dépenses liées au projet Marshall jusqu'à ce que nous soyons confiants en notre capacité à opérer dans l'usine de façon compétitive", avait-il indiqué.

 

En janvier 2024, c'est la production du F-150 Lightning qui était revue à la baisse après avoir écoulé 24 165 exemplaires en 2023. Un chiffre inférieur aux attentes.

 

Des ajustements dont Ford n'a pas l'exclusivité. En effet, GM avait notamment annoncé le report d'un an, à fin 2025, de la conversion à l'électrique de son usine d'Orion, dans le Michigan.

 

Stellantis, le dernier membre de ce Big Three, est lui aussi engagé dans cette transition et débute sa véritable offensive avec huit modèles à batterie annoncés d'ici la fin de l'année. La Jeep Wagonner S, première Jeep 100 % électrique sur le marché américain, va débuter sa carrière commerciale au deuxième trimestre.

 

A lire aussi : Les véhicules électriques de GM plus rentables à partir de 2025

 

Cela étant, les investissements des constructeurs restent importants. La mise à niveau de l'usine Ford qui doit produire ces deux SUV électriques n'est pas remise en cause. La transformation du site d'Oakville, en Ontario au Canada, a débuté et reste synonyme d'un investissement de 1,8 milliard de dollars canadiens (1,2 milliard d'euros).

 

Le groupe de Dearborn n'a pas non plus coupé la R&D en la matière avec une équipe en Californie qui conçoit une plateforme électrique "plus petite, à faible coût, rentable, flexible et capable d'équiper divers modèles avec des volumes élevés" a indiqué Ford. Le constructeur a également précisé que l'aménagement de son nouveau campus de BlueOval City, dans le Tennessee, "progressait comme prévu".

 

Ce site doit accueillir un atelier de peinture, une usine d'assemblage et une autre d'emboutissage pour la prochaine génération de pick-up électriques, dont la livraison doit commencer en 2026. Ce centre de véhicules électriques du Tennessee "sera le premier site industriel 4.0 de Ford, associant automatisation et connectivité", a souligné le groupe.

 

De plus, l'expansion de l'usine d'assemblage d'Avon Lake, dans l'Ohio, se poursuit. L'installation des outils de production devrait commencer au printemps 2025. Le site doit produire un nouveau véhicule électrique pour les professionnels "à partir du milieu de la décennie".

 

4 % de VE au premier trimestre 2024

 

En attendant des jours meilleurs pour les véhicules électriques aux États-Unis, Ford souligne que sa performance en la matière connaît un démarrage "sur les chapeaux de roues" avec une croissance de 86 % sur le premier trimestre 2024.

 

Cela représente 20 223 immatriculations sur les 508 083 enregistrées sur la période (+6,8 %), soit seulement 4 % de ses ventes.

 

Le parcours du véhicule électrique aux États-Unis, à l'exception de certains États comme la Californie, ne sera donc pas simple, même si les normes environnementales se durcissent peu à peu. Il sera une composante du marché, sans doute de plus en plus importante, mais qui n'aura jamais pour objectif de représenter 100 % des ventes.

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