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Constructeurs

La dépendance européenne aux puces chinoises refait surface

Publié le 24 octobre 2025

Par Christophe Bourgeois
4 min de lecture
Volkswagen alerte sur de possibles perturbations de production liées aux tensions autour du fabricant néerlandais de semi-conducteurs Nexperia, contrôlé en partie par La Haye et sanctionné par Pékin. Un bras de fer diplomatique qui ravive le spectre d’une nouvelle pénurie.
Une guerre commerciale entre les Pays-Bas et la Chine crée des tensions sur le marché du semi-conducteurs en Europe et au Japon.
Une guerre commerciale entre les Pays-Bas et la Chine fait naitre des tensions sur le marché des semi-conducteurs en Europe et au Japon. ©Adobe Stock

Le spectre d’une nouvelle crise des semi-conducteurs plane-t-elle sur l’industrie automobile européenne ? Cette semaine, Volkswagen a averti que les tensions autour de l’approvisionnement en composants électroniques produits par le néerlandais Nexperia pourraient, à court terme, perturber sa production. Le constructeur allemand, premier groupe automobile européen, n’est pour l’instant pas touché, mais reconnaît que "des répercussions à court terme ne peuvent pas être exclues."

 

L’affaire trouve son origine dans un bras de fer diplomatique entre les Pays-Bas et la Chine. Nexperia, fabricant néerlandais de semi-conducteurs racheté en 2018 par le groupe chinois Wingtech, a été placé sous contrôle partiel du gouvernement néerlandais la semaine dernière.

 

La Haye invoque des "préoccupations de sécurité nationale", redoutant une dépendance excessive à l’égard de la Chine dans les technologies critiques. Pékin a répliqué en interdisant à Nexperia d’exporter ses produits fabriqués en Chine, déclenchant une onde de choc dans les chaînes d’approvisionnement européennes.

 

Des sous-traitants en tension ?

 

Officiellement, Nexperia ne livre pas directement Volkswagen. Mais plusieurs de ses sous-traitants utilisent des composants, ce qui fragilise indirectement la production du groupe.

 

Selon le quotidien allemand Handelsblatt, 49 % des composants électroniques utilisés dans le secteur automobile européen proviennent de Nexperia. La dépendance grimpe même à 95 % dans la construction mécanique et 86 % dans les technologies médicales.

 

Depuis mardi, le quotidien allemand Bild a évoqué des arrêts partiels sur le site historique de Wolfsburg, où sont assemblées les Volkswagen Golf et la Tiguan. Le constructeur allemand a confirmé l’interruption de la production vendredi, tout en précisant qu’il s’agissait de "raisons d’inventaire" et non d’un manque de composants. L’usine de Zwickau, spécialisée dans les véhicules électriques, serait également sous surveillance, même si le groupe dément tout passage imminent en chômage partiel.

 

Crispation économique

 

BMW et Mercedes-Benz, également interrogés, se montrent prudents : aucun impact immédiat n’est observé, mais les deux constructeurs disent "suivre de près l’évolution du dossier."

 

L’épisode rappelle la fragilité persistante des chaînes d’approvisionnement depuis la pandémie de Covid-19, qui avait déjà provoqué une pénurie mondiale de puces en 2021-2022. À l’époque, la production automobile européenne avait reculé de plus de 20 %.

 

En toile de fond, ce nouvel épisode souligne les tensions géopolitiques croissantes autour des technologies critiques. Après les batteries et les terres rares, les semi-conducteurs deviennent un enjeu stratégique majeur.

 

L’Europe cherche désormais à relocaliser une partie de sa production de puces, soutenue par le « Chips Act » européen. Mais la dépendance à des fournisseurs comme Nexperia montre que la route vers la souveraineté technologique reste longue.

 

Inquiétudes au Japon

 

A l'autre bout de la planète, les fournisseurs japonais s’inquiètent également d’une possible pénurie "grave" de semi-conducteurs. L’Association des constructeurs automobiles japonais (JAMA) a indiqué que les constructeurs nippons collaborent étroitement avec leurs fournisseurs pour tenter de résoudre ce problème.

 

Nissan évalue la situation et étudier des contre-mesures, sans préciser si ses plans de production étaient déjà affectés. Toyota a également annoncé examiner les impacts potentiels, sans pouvoir fournir de détails immédiats.

 

Mitsubishi surveille les évolutions et coordonne ses actions avec ses fournisseurs, tandis que Subaru, sans commentaire, a confirmé que ses usines fonctionnaient normalement. Honda, de son côté, n’a pas reçu de notification directe de Nexperia, mais a confirmé que certains de ses fournisseurs utilisaient des semi-conducteurs de cette entreprise.

 

Valeo travaille sur des alternatives

 

Interrogé sur le sujet, Valeoa indiqué avoir "une visibilité sur les prochaines semaines" pour "l'ensemble des composants" nécessaires.

 

Masi l'équipementier reste prudent. "Sur 95 % des volumes que nous achetons à Nexperia chaque année, nous avons déjà identifié des alternatives", a indiqué Edouard de Pirey, directeur financier de l'équipementier, précisant qu'elles n'étaient "pas encore validées par les clients" et que Valeo n'avait pas "encore nécessairement l'ensemble des composants" dans ses stocks. (avec AFP)

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