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Constructeurs

La Chine va concentrer 65 % des ventes de véhicules électriques en 2024

Publié le 3 avril 2024

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
En 2024, 65 % des 17,5 millions de véhicules électriques vendus dans le monde le seront en Chine. Le volume du marché intérieur dope les constructeurs locaux et leur offre une compétitivité pour conquérir d'autres contrées. D'autant qu'une consolidation s'annonce avec la volonté de faire naître des champions planétaires.
La Yangwang U9, un modèle électrique sportif de l'une des nombreuses marques de BYD. ©JA

Dans l'ancien monde automobile, la crédibilité d'une marque passait immanquablement par un succès commercial en Europe et/ou aux États-Unis. Des marchés référents sur la qualité ou le plaisir de conduire, à l'époque où il se mesurait encore à l'aune de l'ingénierie des mécaniques.

 

Tout cela a volé en éclat avec le véhicule électrique. L'épicentre du nouveau monde automobile avec des moteurs électriques et des batteries est en Chine. Quelques chiffres pour illustrer cette bascule.

 

En décembre 2023, 69 % des véhicules électriques vendus dans le monde l'ont été en Chine, selon Rystad Energy. Pour l'année 2024, selon ce cabinet, sur les 17,5 millions de véhicules électriques qui seront vendus sur la planète, 65 % le seront en Chine, soit 11,5 millions.

 

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Il est donc logique que les constructeurs locaux, tels que BYD, SAIC ou Geely, longtemps poussés par les politiques gouvernementales, soient devenus des spécialistes. Ainsi, BYD dispute la première place mondiale à Tesla sur les ventes de VE. Elon Musk, qui a une usine dans le pays, juge d'ailleurs ces acteurs comme les plus "compétitifs du monde".

 

Une compétitivité renforcée pour les volumes du marché intérieur mais aussi par une maîtrise de la production des batteries avec, là encore, des champions mondiaux comme CATL et encore BYD.

 

129 marques locales vendent des VE en Chine

 

Et ce n'est sans doute qu'un début, car le paysage chinois du VE est encore assez éclaté. En effet, le marché chinois compte 129 marques vendant des VE, dont seulement 20 affichent une part de marché supérieure à 1 %, selon des données compilées par Bloomberg.

 

BYD en détient presque 33 %, et Tesla suit, avec plus de 8 %, selon ces données. À la troisième place, avec 5,8 % du marché, vient Wuling, qui fabrique le modèle électrique le plus vendu en Chine à ce jour, une petite voiture à deux portes baptisée Hongguang Mini. Dans le peloton de tête figurent Geely, Li Auto, ainsi que XPeng et Nio.

 

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Le marché accueille aussi des nouveaux venus comme en témoigne le lancement du premier VE de Xiaomi, la berline SU7. En moins de 24 h, le fabricant de smartphones a enregistré près de 90 000 commandes, soit la totalité de la production prévue pour 2024.

 

Cette montée en puissance va-t-elle durer ? Il y aura forcément de la casse parmi les nombreux acteurs présents aujourd'hui entraînant une consolidation qui va faire naître de vrais champions. C'est déjà en partie le cas de Geely, BYD ou SAIC, mais gageons que d'autres champions chinois, que l'on ne connaît pas encore, seront des acteurs mondiaux dans quelques années.

 

Alors l'ancien monde ne reste pas les bras croisés. Bruxelles et Washington enquêtent notamment sur les subventions de l’État chinois aux voitures électriques. Pékin a aussi porté plainte cette semaine auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les subventions accordées par les États-Unis au secteur américain des véhicules à énergies nouvelles, accusant Washington de concurrence déloyale.

 

La réponse de Stellantis avec Leapmotor

 

En attendant, les constructeurs occidentaux tendent aussi de réagir, sur leurs marchés historiques mais aussi en Chine, car n'oublions pas que cela reste le premier marché de la planète. Après avoir longtemps averti que le loup chinois était dans la bergerie européenne, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, a trouvé une solution en achetant un loup.

 

En effet, Stellantis a pris 20 % du chinois Leapmotor mais surtout la distribution des modèles en dehors de la Chine. Des Leapmotor pourraient même être produites (en CKD) dans une usine du groupe en Pologne. De quoi concurrencer d'autres marques chinoises.

 

En Chine, marché primordial pour les constructeurs allemands, les ventes des coentreprises ne sont plus ce qu'elles étaient et les stratégies s'ajustent. Ainsi, le groupe VW est entré au capital de XPeng pour tenter de trouver une réponse à cette nouvelle donne.

 

Qui sait, dans un avenir proche, les choses pourraient se renverser. En effet, dans ce scénario du pire, la Chine pourrait devenir le passage obligé pour acquérir une légitimité dans l'électrique. Comme l'Europe l'a été, pendant un siècle, avec le moteur thermique.

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