Hydrogène : face à l’incertitude, Michelin se prémunit

Dans la sphère française de l’hydrogène, la décision de Stellantis d’arrêter son projet d’utilitaires utilisant ce gaz a eu l’effet d’un big bang. Symbio, coentreprise entre le constructeur italo-franco-américain, Forvia et Michelin se retrouvent en première ligne de la déflagration. En effet, Stellantis est à la fois le premier actionnaire de l’entreprise spécialisée dans les piles à combustible, mais aussi son premier client avec 80 % de la production de l’usine récente de Symbio située dans la banlieue de Lyon (69) qui devait être dédiée à Stellantis.
Dans ce contexte, Michelin a annoncé avoir provisionné 140 millions d'euros à la suite du retrait du constructeur. Cette provision est faite au titre des "avances consenties à la coentreprise Symbio et des risques futurs" précise l’équipementier. Michelin avait condamné une "décision inattendue, brutale et non concertée", "d'autant plus surprenante que Stellantis a toujours affiché l'ambition d'être le pionnier de ce nouveau marché". Un conciliateur a été nommé depuis, a indiqué le directeur financier de Michelin, Yves Chapot, lors d'une conférence de presse.
D’autres entreprises impactées
Un autre grand équipementier automobile français, OPmobility (ex-Plastic Omnium), devait aussi fournir des réservoirs à hydrogène à Stellantis, fabriqués dans une nouvelle usine à Compiègne (60). "Ça nous impacte sur la montée en cadence de l'usine", a commenté le 24 juillet 2025 le directeur général d'OPmobility, Laurent Favre, à l'occasion de la publication des résultats semestriels du groupe.
L'équipementier est "en négociation avec Stellantis" pour des dédommagements, mais il livre aussi des réservoirs en plus petits volumes pour des trains et des poids lourds, ainsi que pour BMW à partir de 2028. Stellantis a évalué à 700 millions d'euros le coût de la fin de ce programme dans l'hydrogène, qui devait le placer dans la course avec Toyota et Hyundai, notamment, alors que Renault a aussi fait capituler son programme dans l'hydrogène.
L’hydrogène est une technologie coûteuse
Par rapport aux utilitaires électriques, qui commencent à se multiplier dans les villes, les véhicules à hydrogène se rechargent rapidement et profitent d'une grande autonomie, des critères particulièrement recherchés par les entreprises. Ils ont aussi besoin de plus petites batteries, et donc de moins de matières premières.
Mais les modèles à hydrogène restent très chers à l'achat, autour d'une centaine de milliers d'euros l'unité, et les stations de recharge, coûteuses à installer, demeurent rares. Le constructeur a dévoilé officiellement mi-juillet son retrait de ce projet, expliquant ne pas voir de "perspectives de rentabilité économique à moyen terme" sur le marché de l'hydrogène. (Avec AFP)
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