Patrick Koller, Forvia : "En 2030, la moitié des véhicules électriques sera produite en Chine"
À l’occasion d’un déjeuner organisé par la PFA à l’Automobile Club de Paris, Patrick Koller, directeur général de Forvia, septième équipementier mondial, a exposé sa vision de l’industrie automobile.
Dans sa présentation, il a mis en avant la montée en puissance des acteurs chinois. "En Europe, la production automobile est d’environ 16,5 millions d’unités, un niveau qui a tendance a stagné. Aux États-Unis, les volumes sont identiques. En revanche, en Asie, elle est de 55 millions et ne cesse de progresser, poussée par les constructeurs chinois, a-t-il indiqué en préambule. Et de cette production, 60 % sont exportés vers l’Europe."
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En parallèle, il a dressé les grandes tendances sur l’évolution du mix énergétique. "En 2030, on estime que le véhicule électrique (BEV) affichera une part de marché de 60 % en Europe contre 42 % en Chine et 30 % en Amérique du Nord", a-t-il poursuivi.
Et de pointer la prédominance des acteurs asiatiques et principalement chinois sur le sujet. "On estime qu’en 2030, 50 % des BEV seront produits en Chine", avance-t-il.
Avec des moyens humains considérables. "La Chine et l’Inde forment 2,8 millions d’ingénieurs par an contre 400 000 en Europe", a-t-il rappelé.
Les thermiques plus chers en Chine
Il a indiqué qu’outre la maîtrise de la technologie, les constructeurs chinois bénéficient d’un coût de l’énergie jusqu’à trois fois inférieur à celui pratiqué en Europe. D’autant plus que les constructeurs chinois, poussés par le gouvernement, investissent massivement dans le développement des BEV.
"En Europe, en 2022, un BEV coûtait 23 % plus cher que son équivalent thermique, a-t-il souligné. En Chine, sans que cela soit dans les mêmes proportions, les BEV sont moins chers que les véhicules thermiques."
Au-delà des volumes, Patrick Koller a tenu à rappeler que tous les nouveaux arrivants dans le monde de l’automobile sont des acteurs issus de l’électronique et du logiciel. "Il est plus facile pour un électronicien de faire des carrosseries jointives qu’un mécanicien de faire de l’électronique !", a-t-il résumé d'une formule lapidaire.
Un renouvellement très rapide
En outre, il a insisté sur le fait que les propositions des constructeurs chinois évoluent extrêmement vite : "Certains modèles sont renouvelés tous les trois ans avec un temps de développement extrêmement court, moins de deux ans, alors que chez les constructeurs occidentaux, les prises de décision et les délais de développement sont beaucoup plus longs". Il a rappelé que le marché chinois est extrêmement compétitif, d'où ce turnover très important des modèles.
En parallèle, les voitures électriques restent encore trop chères, "d’autant plus que les Européens abandonnent le segment A, alors que les constructeurs chinois ont sur leur marché des propositions intéressantes autour des 10 000 euros avec une autonomie d’environ 300 km", a-t-il observé.
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"Pour le développement de la voiture électrique, il faut un segment A électrique en Europe à moins de 15 000 euros, même s'il n'est pas produit en Europe", a-t-il complété.
Sur ce dernier point, il s'est montré néanmoins assez confiant avec les dernières annonces faites par Citroën et Renault de proposer des modèles électriques entre 20 000 et 25 000 euros.
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