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Symbio entre dans la cour des grands

Publié le 5 décembre 2023

Par Christophe Bourgeois
5 min de lecture
La coentreprise de Stellantis, Michelin et Forvia inaugure la plus grande usine de piles à combustible d'Europe, à Saint-Fons (69). Ce site, qui a nécessité un milliard d'euros d'investissement, sera capable de produire 50 000 générateurs d'ici 2026.
Symbio usine de piles à combustibles à Saint-Fons (69)
Symbio vient d'ouvrir la plus grande usine de piles à combustible d'Europe. ©Symbio

Symbio, coentreprise de Stellantis, Forvia et Michelin spécialisée dans la production de piles à combustible, a inauguré le 5 décembre 2023 sa première gigafactory. Il s'agit de la plus grande usine de piles à combustible d’Europe.

 

Elle est située à Saint-Fons (69), au cœur de la Vallée de la Chimie. "La région Auvergne-Rhône Alpes accueille 80 % des entreprises dans l’écosystème de l’hydrogène en France", a tenu à rappeler Laurent Wauquier, président de la région, lors de l’inauguration.

 

"Symbio est née en 2010. Il s’agissait d’une start-up qui avait pour mission de commercialiser les recherches sur la pile à combustible du CEA de Grenoble", rappelle Philippe Rosier, directeur général de Symbio. En 2014, Michelin, qui travaillait sur le sujet depuis des décennies a intégré le capital de Symbio, rejoint en 2019 par Forvia (ex-Faurecia) et Stellantis.

 

50 000 unités/an

 

Dans le détail, l’usine de Saint-Fons, appelée SymphonHY, dispose aujourd'hui d’une capacité de production de 16 000 piles à combustible avec une montée en puissance à 50 000 unités en 2026. Le site s’étend sur 26 000 m² et se développera à terme sur 40 000 m².

 

Il emploie 750 personnes dont 450 ingénieurs. L’investissement pour ce site industriel est d’un milliard d’euros sur cinq ans dont 600 millions de financements publics européens et français via notamment les programmes France 2030 et France Relance.

 

"Par rapport à notre site de Vénissieux (69), nous passons ici à la vitesse supérieure en industrialisant la production de piles à combustible", insiste Philippe Rosier. Une industrialisation qui devrait, à terme, baisser le prix de cette technologie.

 

Quatre types de piles

 

"Nos premiers projets de piles à combustible coûtaient 500 000 euros", rappelle Florent Ménegaux, PDG de Michelin. "En industrialisant la production, nous avons réussi à réduire ce prix par dix", complète Philippe Rosier. Notre ambition est de diviser ce coût par deux d’ici 2030." "Le remplacement du pack batterie par la pile à combustible doit coûter moins de 2 000 euros d'ici la fin de la décennie", appuie de son côté Patrick Koller, PDG de Forvia.

 

Symbio va produire quatre types de piles : 40 kW, destinés aux utilitaires, 75 kW pour les bus, 150 kW pour les pick-up et 300 kW pour les poids lourds, trains et bateaux.

 

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Contrairement à d’autres acteurs, notamment Toyota ou Hyundai, Symbio a décidé de se développer dans un premier temps sur le véhicule utilitaire en privilégiant les flottes qui rentrent tous les soirs à l’entrepôt. "Dans un second temps, nous nous déploierons dans le poids lourd vers 2027 qui, aujourd’hui, n’est pas encore mûr", précise Philippe Rosier.

 

Le poids lourd en 2027

 

Car les enjeux technologiques ne sont pas les mêmes. "La durée de vie d’une pile à combustible doit être opérationnelle pour 300 000 km, précise Philippe Rosier. Pour un camion, c’est 1,5 million de km".

 

Assemblage des éléments de la pile à combustible.

 

Aujourd’hui, Symbio dispose d’une vingtaine de clients dans le bus (Savra), les engins de chantier ou de manutention (Gaussin), sans oublier le rétrofit (GCK), et vise à terme le train et le monde maritime à horizon 2030. "Stellantis représente 50 % de notre activité", indique Philippe Rosier.

 

Quatre gigafactories

 

D'ici 2030, Symbio ambitionne de produire 200 000 piles à combustible par an, réparties dans quatre gigafactories dont deux en France, le lieu de la dernière n’étant pas encore fixé. "Pour être compétitif face à l’électrique, nous devons produire 50 000 piles à combustible par an par site", rappelle Philippe Rosier.

 

Concernant Stellantis, le groupe français prévoit d’assembler dès l’année prochaine à Hordain (59), 5 000 utilitaires dotés d’une pile à combustible. D’ici 2030, il vise 100 000 unités.

 

En Amérique du Nord, le groupe semble plus confiant sur le marché du pick-up, d’autant plus que le prix de l'hydrogène est actuellement à 5 euros/kg, un montant qui est la cible européenne en 2030, alors qu’en Europe, il varie entre 10 à 15 euros/kg. Pour rappel, 1 kg d’hydrogène permet de rouler environ 100 km. À titre d’exemple, un véhicule utilitaire comme un Peugeot Expert embarque 4 kg d’hydrogène.

 

Un marché financé

 

Néanmoins, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, a insisté : "Pour que le marché décolle, les pouvoirs publics doivent soutenir massivement l’achat de véhicules à hydrogène, et ce sur les cinq prochaines années. Si cette technologie, comme l’électrique d’ailleurs, ne peut pas être achetée par les classes moyennes, elle aura du mal à se développer bien qu’elle ait beaucoup d’avantages avec une autonomie plus importante, une masse réduite par rapport aux véhicules électriques et une rapidité de recharge."

 

Et de poursuivre : "dans la phase de démarrage, si les États ne soutiennent pas à hauteur de 30 000 euros par véhicule, cela ne fonctionnera pas. Il faut rendre abordable cette technologie, notamment auprès des petites et des moyennes entreprises." Les finances des États pourront-elles suivre ?

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