Vers une baisse des prix des voitures électriques ?
Le monde de l’électrique est en pleine ébullition. Les chiffres pour commencer. En 2023, les voitures électriques ont représenté près de 300 000 immatriculations, en hausse de 47 %, dans un marché toutes énergies confondues qui a progressé de 16,1 %. La part de l’électrique atteint 16,8 %, ce qui la place comme la troisième énergie la plus vendue en France, une première.
Ensuite, les acteurs. Avec 37 127 exemplaires, la Tesla Model Y a été la voiture électrique la plus vendue en 2023. Elle est suivie par la Dacia Spring et ses 29 671 immatriculations puis par la Peugeot e-208 (26 347).
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Dans ce marché exponentiel, les constructeurs chinois sont venus jouer les trouble-fêtes. Si l’arrivée en juin dernier de BYD est trop récente pour avoir un impact sur les chiffres, celle de MG n’est pas passée inaperçue.
La marque a en effet immatriculé 26 834 véhicules électriques, enregistrant une progression de plus de 200 % de ses ventes. En outre, elle place sa MG 4 dans le top 10 des voitures électriques.
La carotte ou le bâton
Face à une telle montée en puissance, l’État a dû manier, en cette fin d’année, la carotte ou le bâton. D’un côté, il a lancé le leasing social, une aide qui permet aux foyers les plus modestes d'acquérir pendant trois ans une voiture électrique à des tarifs qui, en fonction des modèles, varient entre 40 et 150 euros par mois.
De l’autre, il a mis en place une politique d'attribution du bonus pour les voitures électriques en fonction de leur bilan environnemental et serait sur le point de réduire le bonus à 4 000 euros pour les particuliers et à 2 000 euros pour les entreprises.
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Toutes ces évolutions aussi bien économiques que financières bousculent profondément le marché de la voiture électrique qui commence à se structurer dans son offre. D'autant plus que la guerre des prix, reléguée au rang des pratiques anciennes depuis deux ans à cause du manque de produits, semble être de nouveau d'actualité. Il est vrai que l'inflation est ininterrompue depuis 2020.
Selon les données AAA Data, à cette date, le prix des véhicules électriques commercialisés en France atteignait 35 217 euros. Trois ans plus tard, sur l'année 2023, celui-ci a bondi de 19,2 % pour frôler les 42 000 euros.
Baisse des prix
C’est donc dans ce contexte que les constructeurs mettent en place des politiques commerciales pour accompagner le développement de la voiture électrique. Une approche d’autant plus nécessaire que la voiture électrique, avec 16,8 %, n’est plus un marché de niche. "Si les constructeurs souhaitent que la voiture électrique se développe, ce n'est pas en vendant des véhicules à 40 000 ou 50 000 euros que l'on y arrivera", observe un important distributeur Renault.
Stellantis, qui a longtemps voulu pratiquer le pricing power, change son fusil d’épaule en mettant en place des offres promotionnelles, que ce soient sous forme de remises ou tout simplement de baisse de prix. C’est le cas par exemple de la Citroën ë-C4 qui s'échange pour 35 740 euros contre 41 900 euros début 2023. Chez Peugeot, e-2008, e-308 et e-208 n'échappent au phénomène. Celle-ci est proposée désormais à 32 550 euros contre 35 300 à l'été 2023.
Enfin les prix de la e-3008, qui viennent d'être dévoilés, sont annoncés à 44 990 euros hors bonus.
Tesla dicte sa loi
Ces remises et/ou ces baisses de prix qui vont de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’euros sont à la fois poussées par la concurrence chinoise ou celle de Tesla, mais elles répondent surtout à une demande du marché.
Car les politiques tarifaires trop élevées lors du lancement de certains véhicules ont freiné leur carrière commerciale. Et comme les problèmes d’approvisionnement sont désormais de l’histoire ancienne, il est clairement plus compliqué de vendre des véhicules au prix fort.
Stellantis n’est pas le seul. Volkswagen, dont les ventes de la gamme ID ne sont pas à la hauteur des attentes de la marque, a récemment revu sa politique tarifaire. L’ID.3 passe par exemple sous la barre des 40 000 euros à 38 990 euros. Mieux, la ID.7 a baissé de 7 000 euros alors qu'elle vient tout juste d'être lancée.
Des baisses significatives
Personne n’échappe à cette tendance. D'autant plus que Tesla, et dans une moindre mesure MG, dictent le marché. Le constructeur américain ne cesse de faire fluctuer ses tarifs. Ses modèles peuvent perdre ou prendre plusieurs milliers d’euros du jour en lendemain, notamment en fonction des capacités de l’outil de production.
En regardant l'offre par le prisme des dix modèles électriques les plus vendus en France, la baisse des prix est conséquente. Dacia a mis en place pour sa Spring une version d’entrée de gamme, Essentiel, qui permet de réduire le montant de 2 400 euros. La Spring redevient la voiture électrique la moins chère du marché avec un tarif qui démarre à 18 400 euros.
Chez Stellantis, outre Peugeot et Citroën, Fiat communique sur des loyers inférieurs à 100 euros, et cela bien avant le leasing social.
MG offre le bonus
Renault fait également d’importants efforts financiers avec une baisse de 4 000 euros sur la Megane E-Tech, qui commence désormais à 34 900 euros. Il faut dire qu’elle souffrait d’une concurrence trop forte avec la MG.4, qui était environ 10 000 euros moins chère. En outre, il faudra bien laisser une place pour le futur Scenic E-Tech qui commencera à 39 000 euros.
De son côté, MG, n'étant plus éligible au bonus, a décidé de l"'offrir" à ses clients avec une remise de 4 000 euros. Et ceux qui ne proposent pas de baisse de prix, les offres commerciales rivalisent d'originalité. Pour l'acquisition d'un modèle Born en LDD, Cupra propose la recharge illimitée gratuite, une remise estimée à environ 3 000 euros.
La baisse des prix des voitures électriques est-elle pérenne ? Qu'en sera-t-il pour les autres énergies, qui rappelons-le, représentent encore plus de 80 % du marché ? Aujourd'hui, difficile d'y répondre, mais il semblerait que les constructeurs aient enfin compris que s'ils souhaitaient vendre plus de voitures électriques, les prix devaient correspondre aux attentes du marché. (avec Thomas Blanc)
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