Véhicules électriques : les intentions d’achat stagnent en Europe
Coup de frein sur la voiture électrique. Alors que la Cour des comptes européenne s'inquiète de la faisabilité de l'interdiction de la vente de véhicules émettant du CO2 en 2035 et que les immatriculations de voitures électriques ont baissé en Europe de 11,4 % en mars dernier, le cabinet AlixPartners publie une étude qui montre que les intentions d'achats pour cette technologie stagnent en Europe.
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Sur le Vieux Continent, seuls 43 % des conducteurs se disent "prêts" à acheter un véhicule électrique à batterie (ils étaient 42 % en 2021), contre 35 % aux États-Unis, mais 97 % en Chine !
"Les intentions d’achat de véhicules électriques stagnent en Europe, comme aux États-Unis, et progressent en Chine, où elles sont déjà très hautes", indique l'étude qui précise néanmoins que "le jeu reste très ouvert".
Le problème tourne autour de la recharge
La raison d'un tel résultat ? "En Europe, les trois premiers freins à l’achat sont le manque de points de charge, l’autonomie de la batterie et le temps de recharge", poursuit l'étude. Étonnamment, le prix n'apparaît pas comme un obstacle dans ce sondage.
Dans le détail, les conducteurs européens interrogés placent la durée de vie de la batterie à 40 % comme un frein à l’achat d'une VE, le nombre de points de charge à 38 %, l’autonomie à 38 % également, et le temps de recharge à 37 %.
Les marques chinoises ont pignon sur rue
L'enquête pointe aussi la notoriété des marques chinoises. Parmi les candidats à l’achat de BEV, elle est assez importante. En France, 57 % d’entre eux connaissent au moins une marque chinoise. Dans le détail, 25 % ont entendu parler de BYD, 15 % de Nio et 13 % de Leapmotor.
En Europe, les marques chinoises sont particulièrement prisées par les 18-35 ans (entre 72 et 74 %). Il est intéressant de noter que MG, qui réalise en France une part de marché de 1,9 % n'apparaît pas dans les réponses. Il semblerait que la marque soit considérée comme une marque anglaise et non chinoise.
Les prix compétitifs des BEV chinois sont la porte d’entrée pour attirer les clients européens. En France, 70 % des candidats à l’achat d’un véhicule électrique envisageraient un modèle chinois, car à un prix inférieur de 20 % en moyenne par rapport aux autres modèles. Des résultats proches de ceux observés en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
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"Alors que le prix est le principal critère pour les consommateurs européens lors du choix d’un BEV chinois, les conducteurs chinois voient le style, la nouveauté des modèles, et le coût total d’utilisation comme des arguments essentiels. Cela pourrait évoluer dans un futur proche en Europe et aux États-Unis, à mesure que le marché local des BEV rattrapera la maturité du marché chinois", analyse le cabinet.
La Chine, leader sur l'électrique
"La Chine occupe clairement la position de leader dans la course mondiale aux véhicules électriques, selon Alexandre Marian, partenaire et directeur général, en charge de l’automobile pour AlixPartners en France. Les consommateurs chinois les voient désormais comme une option évidente, soutenue par un réseau de recharge établi et des véhicules sophistiqués. La France et l’Europe ne pourront pas faire l’économie d’une réflexion pour rassurer les clients quant au réseau de charge, perçu comme un frein à l’achat."
Les hybrides rechargeables à la rescousse ?
Ces préoccupations ont conduit de nombreux acheteurs potentiels de BEV à considérer les véhicules électriques hybrides rechargeables (PHEV) comme une option intéressante. En Europe, 79 % de ceux qui envisagent d’acheter un BEV déclarent un intérêt pour ces véhicules hybrides rechargeables.
"Aux États-Unis et en Europe, les acheteurs intéressés par les véhicules électriques pourraient se tourner vers les modèles hybrides rechargeables, comme un substitut pour répondre à leurs préoccupations liées à la recharge et à l'autonomie, analyse Alexandre Marian. Cela pose un défi pour les constructeurs traditionnels, les fournisseurs et les concessionnaires qui doivent adapter leurs investissements, et revoir l’allocation du capital pour rester compétitifs."
"Le fait que les véhicules hybrides ne fonctionnent pas autant que prévu avec la traction électrique, contrairement aux attentes, rend la décarbonation de la mobilité plus lente. Cela complique la tâche pour les constructeurs occidentaux, la marge d’erreur étant déjà très faible au vu de la compétitivité des marques chinoises", poursuit-il.
Une technologie transitoire
Toutefois, l'attrait pour le PHEV devrait diminuer à long terme, avec 85 % des propriétaires de PHEV au niveau mondial qui envisagent sérieusement un passage au BEV d’ici 2035.
Éditée par AlixPartners, cette troisième édition sur les intentions d’achat de véhicules électriques a été réalisée auprès de 9 000 personnes, dans huit pays, dont la France, la Chine et les États-Unis.
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