Stellantis : Carlos Tavares sur la défensive face au marché
Pour ses dix ans de grand patron (PSA puis Stellantis), Carlos Tavares s’est probablement retrouvé pour la première fois poussé dans ses retranchements. Après un début d’année en demi-teinte, le patron, jadis adulé par les marchés financiers pour ses performances financières remarquables, a dû organiser une journée investisseur dans une position défensive.
La promesse d'une rentabilité trop forte ?
Une nécessité pour un cours de Bourse en forte baisse, signe d’une défiance des marchés. Depuis le début de l'année, le titre recule de 12 %. La baisse s’est accentuée puisqu’elle est de 25 % sur les trois derniers mois. Stellantis cumule les revers : rentabilité érodée en 2023, baisse des ventes au premier trimestre…
Le marché pense que l’exceptionnelle rentabilité de Stellantis, qui avait dépassé les 13 % en 2022, va revenir vers les standards du secteur, c’est-à-dire entre 8 et 10 %. Ce qui implique de corriger la valeur boursière. Carlos Tavares, lui, juge que Stellantis a, au contraire, tous les atouts pour maintenir son haut niveau de performance.
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Dans sa présentation, il a rappelé les fondamentaux qui différencient Stellantis des autres mastodontes de l’automobile : un portefeuille de 14 marques couvrant toute l’échelle du marché, un ancrage dans deux marchés puissants, mûrs et rentables (Amérique du Nord et Europe), une stratégie multi-énergie pour répondre à toutes les évolutions réglementaires, une efficacité de la R&D, une situation financière saine avec une trésorerie abondante…
Oui, mais voilà… Stellantis est pris dans un étau : d’un côté, les prix des matières premières et les investissements d’avenir sont plus importants qu’avant, d’un autre côté, la guerre des prix fait rage et les perspectives macroéconomiques ne permettent pas d’envisager d’augmenter indéfiniment les prix.
Nouveau tour de vis en vue ?
Pour Carlos Tavares, la réponse réside dans une nouvelle vague de rationalisation industrielle et de développement, même si Stellantis a déjà pas mal coupé dans les effectifs (37 000 suppressions de poste en trois ans). Autre levier, aller encore plus loin dans le partage de pièces et plateformes entre les futurs modèles.
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En réalité, le patron de Stellantis semble surtout s’être résolu à rompre avec sa doctrine en passant à une stratégie de volumes en passant par une baisse des prix. C’est aux États-Unis que cette piste est la plus assumée. Pour compenser la baisse de marge unitaire, Stellantis mise sur une hausse des volumes.
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Le groupe espère être aidé par l’offensive produit qui doit se traduire par d’importants lancements. En Europe, le déploiement du nouveau Peugeot 3008, véritable vache à lait du groupe, doit atteindre sa vitesse de croisière dans le courant du deuxième semestre.
DS espère enfin relancer ses ventes avec l’arrivée d’un flagship avant la fin de l’année. Fiat promet une stratégie extrêmement volumétrique avec l’arrivée en juillet d’une nouvelle Panda très ambitieuse.
Dans le même esprit de volumes, c’est Citroën qui sera à la manœuvre avec une C3 et une C3 Aircross à des prix extrêmement serrés. Opel et sa Frontera participeront également à cette dynamique.
Fin de mandat ?
Las, les marchés ne semblent pas avoir été convaincus par la démonstration de Carlos Tavares, pourtant accompagné par l'ensemble de son état-major. Le titre est reparti à la baisse dès le lendemain (-4 %).
À un an de la fin de son mandat, dont il n'a toujours pas indiqué s'il rempilait ou pas, le patron de choc de Stellantis semble plus que jamais dans une posture inconfortable.
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