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Constructeurs

Martin Sander, Volkswagen : "Nous devons éviter d’entrer dans une guerre des taxes avec la Chine"

Publié le 16 octobre 2024

Par Robin Schmidt
6 min de lecture
Présent au Mondial de l’Auto 2024, Martin Sander, nouveau membre du directoire de la marque Volkswagen en charge des ventes, du marketing et de l’après-vente, a accordé un entretien aux journalistes français. Le dirigeant est revenu sur la situation financière de la marque, ainsi que sur sa compétitivité en Europe et en Chine.
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Martin Sander est le nouveau membre du directoire de la marque Volkswagen, responsable des ventes, du marketing et du service après-vente. ©Volkswagen

Depuis le 1er juillet 2024, Martin Sander est le nouveau membre du directoire de la marque Volkswagen, responsable des ventes, du marketing et du service après-vente.

 

L’ancien patron de l’électrique de Ford Europe a en effet rejoint le constructeur allemand dans un contexte où sa situation financière et commerciale est en pleine mutation.

 

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Et pour cause, entre fermeture d’usines, baisse des ventes des modèles électriques et nouveaux concurrents chinois, Martin Sander a bien identifié les différents enjeux de sa récente prise de fonctions.

 

À l’occasion du Mondial de Paris 2024, le dirigeant s’est ainsi prêté au jeu de répondre aux questions des journalistes français, en revenant sur le travail qui l’attend au cours des prochaines années. Le Journal de l’Automobile fait le point pour vous.

 

"Rester compétitifs"

 

L’année 2024 est une année compliquée pour de nombreux acteurs de l’industrie automobile et le groupe Volkswagen n’est pas épargné par cette conjoncture maussade. Acculé par des difficultés structurelles, le premier constructeur européen a en effet dû réagir, d’abord en annonçant la fermeture de son site de Bruxelles, puis en envisageant également de fermer une usine en Allemagne. Fin 2023, le groupe avait par ailleurs arraché un accord avec les syndicats pour baisser les coûts de la seule marque Volkswagen de dix milliards d’euros. Des décisions que Martin Sander explique notamment par la hausse de la concurrence dans le secteur.

 

A lire aussi : Volkswagen envisage de fermer des usines en Allemagne

 

"Nous savons que le paysage concurrentiel de notre industrie va radicalement changer. En Chine, nous assistons déjà à une augmentation spectaculaire de la concurrence et il est clair que nous voyons d’ores et déjà de nouvelles marques américaines et chinoises arriver sur le marché européen. La concurrence sera donc plus forte. Et en tant qu’entreprise, nous devons simplement nous assurer que nous pourrons rester compétitifs. Nous devons faire en sorte que chaque recoin de notre entreprise soit prêt et c’est ce que nous faisons en ce moment. Nous examinons le coût des produits, des procédés, du personnel, de production, parce que nous devons être préparés pour cet avenir concurrentiel", déclare le dirigeant.

 

Mais Volkswagen a également été pointé du doigt pour l’échec de sa stratégie concernant les voitures électriques. Sa famille ID (ID.3, ID.4…) n’a pas réussi à s’imposer sur le marché européen pris en étau entre le très agressif constructeur Tesla et les nouveaux concurrents chinois. La marque est tout de même parvenue à maintenir ses volumes, mais au prix d’importantes ristournes, autrement dit avec moins de profits.

 

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"Lorsque nous avons lancé notre programme de réduction des coûts il y a deux ans, nous avons mis en place de nombreuses actions au sein de l’entreprise, qui nous ont permis de réaliser de grands progrès pour faire baisser les coûts. Cet avantage, nous pouvons le transmettre à nos clients. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes en mesure d’offrir l’ID. 3 à partir de 27 900 euros ici en France. En Allemagne, son prix a également baissé mais nous n’avons pas encore terminé. Il y a encore beaucoup de choses que nous pouvons faire pour améliorer la santé globale de notre entreprise et c’est ce que nous faisons actuellement", souligne Martin Sander.

 

Qui poursuit : "Nous devons clairement être l’un des acteurs de cette industrie. Nous souhaitons pourquoi pas être même le leader en jouant un rôle important pour rendre la mobilité électrique plus abordable pour tous. Et c’est ce que nous faisons actuellement sur le marché français car nous commençons à voir de la parité entre les prix à l’achat ou en location des modèles thermiques et ceux des voitures électriques."

 

Un véhicule électrique à 25 000 euros

 

Après avoir annoncé l’an dernier la commercialisation de sa nouvelle Twingo pour 2026, Renault souhaitait développer un partenariat avec Volkswagen pour contribuer à amortir ses frais de développement et de construction. Mais le constructeur allemand a annoncé en milieu d’année avoir mis fin aux discussions avec le groupe français dans la perspective de bâtir une microcitadine électrique à bas coût sur la base de la future Twingo.

 

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"Nous suivons notre stratégie de produits et nous prévoyons également de lancer un véhicule électrique à batterie plus abordable et plus petit. Sa présentation est prévue au plus tard pour l’année prochaine et son lancement sur le marché pour début 2026. Cela fait partie de nos plans, nous pouvons clairement le faire par nous-mêmes et le prix que nous visons est de 25 000 euros", précise Martin Sander.

 

Interrogé sur la possibilité d’acquérir une nouvelle marque au sein du groupe Volkswagen, à l’image de Stellantis avec Leapmotor, le nouveau membre du directoire de la marque Volkswagen a toutefois tenu à se montrer catégorique. "Je pense que nous avons une large gamme de marques pour le marché européen au sein du groupe Volkswagen. Nous avons un très bon portefeuille de produits pour tous les segments du marché. Nous n’avons donc pas besoin d’un acteur supplémentaire pour nous aider à couvrir le marché européen", a-t-il avancé. "D’autres entreprises peuvent arriver à des conclusions différentes, mais je pense que nous sommes vraiment parfaitement installés avec notre gamme de marques."

 

Éviter une guerre tarifaire avec la Chine

 

Martin Sander n’a en revanche pas caché son regret concernant les droits de douanes appliqués depuis juillet aux véhicules fabriqués en Chine. Selon le dirigeant, cette décision de la Commission européenne n’est pas "la bonne approche pour l’économie chinoise et certainement pas non plus à long terme pour l’économie européenne."

 

"Nous sommes une marque mondiale et c’est pour cela que nous sommes clairement en faveur du libre-échange mondial. L’Europe et la Chine sont très fortement interdépendantes dans toutes sortes d’industries. Je pense donc que nous devons éviter d’entrer dans une guerre des taxes avec la Chine, en imposant des droits de douane sur les produits chinois", commente Martin Sander.

 

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Avant de conclure : "Au bout du compte, le plus important pour nous est d’avoir les bons produits à des prix abordables. C’est la formule gagnante de Volkswagen depuis des décennies, et nous entrons maintenant dans une ère où il y a de nouveaux concurrents et de nouvelles technologies, et où nous allons trouver le moyen d’avoir de bons produits à des prix abordables. La formule gagnante du passé sera donc aussi la recette d’un avenir prospère."

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