Les marques chinoises en Europe : une présence à relativiser
En Europe, sur les sept premiers mois de l’année, les marques des constructeurs chinois ont vendu 167 438 voitures, dont un tiers l’a été par MG Motor, ce qui représente peu ou prou, au total, 2 % de part de marché.
Si les constructeurs occidentaux et asiatiques considèrent l’Europe comme un seul marché, il semble que les constructeurs chinois avancent plus dans un ordre dispersé. Leur présence est, en effet, loin d’être homogène ; leur implantation dépend de nombreux paramètres, notamment la taille du marché ou de son appétence pour le véhicule électrique, puisque dans la grande majorité, c’est avec cette technologie qu’ils débarquent sur le continent.
Nous avons recensé, avec l’aide du cabinet Inovev, toutes les marques chinoises présentes en Europe. Nous avons également indiqué leur volume par pays et réalisé un rapide portrait d’elles.
Méthodologie
Nous avons indiqué sur la carte ci-dessus les pays européens où les marques chinoises représentent une part non anecdotique sur les marchés. Nous n’avons ainsi pas retenu les pays où elles affichaient moins de 500 immatriculations sur les sept premiers mois de l’année 2023 (données Inovev – ventes de janvier à juillet 2023 en Europe).
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SAIC (MG Motor)
Ventes en Chine : 525 013 (dont 373 030 MG)
Ventes en Europe : 121 266
Premier marché européen : Royaume‑Uni
Derrière cet acronyme qui signifie Shanghai Automotive Industry Corporation, se cache l’un des leaders mondiaux dans l’automobile. SAIC se positionne, en effet, à la sixième place des constructeurs automobiles dans le monde. Avec 5,3 millions de voitures vendues en 2022, il ne se situe pas très loin de Stellantis (5,8 millions), mais surtout il est loin devant Ford (4,2 millions).
Dans son portefeuille de marques, SAIC dispose en Europe de MG Motor, ainsi que dans le monde de Maxus (utilitaires), marque déjà présente dans certains pays et qui est en cours de déploiement en France.
La marque MG Motor est tombée dans son escarcelle en 2007 lorsque SAIC a racheté le constructeur chinois Nanjing. Ce dernier était propriétaire de l’outillage et des marques de British Leyland, qui détenait MG et Rover, ainsi que dans l’utilitaire, LDV.
Si la marque Rover s’est transformée en Roewe pour des questions de droits et n’est commercialisée qu’en Chine, MG Motor a (re)fait son apparition sur le marché britannique il y a une dizaine d’années. SAIC est également un important partenaire des groupes Volkswagen et General Motors. Il a avec le premier une joint‑venture appelée SAIC‑Volkswagen et avec l’américain, une autre coentreprise avec qui il a créé une marque en Chine, Wuling.
Geely (Lynk & Co)
Ventes en Chine : 942 656 (dont 99 238 Lynk & Co)
Ventes en Europe : 18 768
Premier marché : Pays‑Bas
Probablement le plus européen des chinois, puisque le groupe Geely, ou plus exactement Zhejiang Geely Holding Group, est propriétaire de Volvo depuis 2010. Geely a été fondé en 1986. Il a également dans son portefeuille le malaisien Proton, 50 % de Smart et les anglais Lotus et LTI, les fameux taxis londoniens.
En Europe, outre Polestar, marque de luxe de Volvo (qui n’est pas distribuée en France), il dispose donc de Lynk & Co avec une offre quasi unique sur le marché européen. Sa gamme, composée d’un seul modèle, le 01, un SUV PHEV, est principalement disponible en location au mois.
Une stratégie payante car si l’on met de côté MG Motor, Lynk & Co est la première marque chinoise la plus vendue en Europe, avec 18 768 unités sur les sept premiers mois de l’année. Le premier marché est les Pays‑Bas qui ont une forte appétence pour les offres de location. En 2024, Geely prévoit de lancer une nouvelle marque, Zeekr, présentée comme premium sur le marché de l’électrique.
Chery (DR Motor)
Ventes en Chine : 837 573
Ventes en Europe : 18 120
Premier marché européen : Italie
Fondé en 1997, le groupe Chery est une entreprise d’État. En Chine, la gamme est composée d’une quinzaine de modèles. Sa présence en Europe contraste avec les autres constructeurs car elle est distribuée depuis près de quinze ans sous la marque italienne DR Motor qui assemble en CKD une partie des modèles de Chery.
La gamme italienne comprend sept modèles, tous thermiques, à l’exception de la DR 1.0, une voiture électrique de 3,20 m de long. Outre l’Italie, la marque DR Motor n’est commercialisée qu’en Espagne. De par sa forte implantation en Italie où le marketing présente DR Motor comme une marque 100 % italienne, Chery se positionne comme le troisième constructeur chinois en Europe.
BYD
Ventes en Chine : 1 441 369
Ventes en Europe : 4 586
Premier marché européen : Allemagne
Leader mondial de la batterie, la division automobile de BYD a été fondée en 2003. Aujourd’hui, BYD (Build Your Dreams) a franchi la barre symbolique des 5 millions de véhicules électriques et représente désormais une part de marché de 25 % en Chine.
En Europe, le constructeur s’est lancé en 2021 en Norvège avec un seul modèle électrique, le Tang, un SUV de 7 places du segment D. Depuis cette année, il se déploie en Europe et vise au total 500 points de vente d’ici 2025.
Sa gamme européenne est composée de cinq modèles, tous électriques. De par sa puissance, BYD est probablement l’une des marques qui comptera dans les années à venir, d’autant plus que le constructeur qui est déjà présent en Hongrie avec une usine de bus, prévoit, tout comme MG Motor, de produire en Europe.
Great Wall Motors (Ora, Wei)
Ventes en Chine : 506 063 (dont 54 414 Ora et 24 802 Wei)
Ventes en Europe : 1 358
‑ Ora : 1 342
‑ Wei : 16
Premier marché européen : Allemagne
Great Wall Motors a été en fait le premier constructeur chinois à vouloir importer des véhicules en Europe. Nous sommes en 2005, il s’agit du Landwind, un copié‑collé de l’Opel Frontera. Un crash‑test a ruiné les velléités commerciales du constructeur.
Quinze ans plus tard, Great Wall Motors a fait son retour officiel en Europe lors du dernier salon de Paris avec les marques Ora, 100 % électrique, et Wei, qui propose de l’hybride rechargeable. Pour l’instant, la marque n’est vraiment présente qu’en Allemagne.
En France, elle avait annoncé son arrivée en 2023, mais aucune information n’a été donnée depuis. Pour rappel, elle a assemblé des pick‑up sous la marque Haval dans les années 2010 en Bulgarie.
Nio
Ventes en Chine : 72 845
Ventes en Europe : 938
Premier marché européen : Allemagne
Nio est une start‑up dans l’automobile fondée en 2014. Très inspirée par Tesla, la marque déploie son propre réseau de recharge.
Mais contrairement à ce dernier, il ne s’agit pas de bornes de recharge, mais d’un échangeur de batterie. La voiture entre dans une structure comme une station de lavage et la batterie usagée est échangée avec une autre rechargée.
En Chine, à fin 2022, Nio communique sur 1 305 stations d’échange. En Europe, il existe quelques stations Nio en Allemagne et en Norvège.
Dongfeng Motor Corporation (DFSK, Seres, Dongfeng, Voyah)
Ventes en Chine : 200 911 (dont 32 181 Seres et 18 173 Voyah)
Ventes en Europe : 673
‑ DFSK : 327
‑ Seres : 201
‑ Dongfeng : 137
‑ Voyah : 8
Premier marché européen : Espagne
Dongfeng Motor est l’un des piliers de l’industrie automobile chinoise. Ce constructeur est notamment allié à Stellantis et a détenu des parts dans l’ex‑PSA au milieu des années 2010.
En Europe, sa stratégie est assez floue puisqu’il est présent dans très peu de pays et à chaque fois, avec des marques et des technologies différentes. En Espagne, qui est son premier marché, Dongfeng commercialise des modèles thermiques et électriques sous la marque DFSK, tandis qu’en France, via l’importateur SN Diffusion, il vend, sous le logo Seres, un SUV du segment C 100 % électrique.
À noter que Seres est une alliance entre Dongfeng et Sokon, producteur chinois de véhicules utilitaires électriques. Enfin, Dongfeng fait également de la figuration en Norvège avec sa marque haut de gamme Voyah.
Aiways
Ventes en Chine : N. C.
Ventes en Europe : 455
Premier marché européen : Danemark
Avec le développement des voitures électriques, des start‑up sont apparues avec comme ambition d’être le nouveau Tesla. Aiways en fait partie.
Créée en 2017 par un ancien directeur financier du groupe SAIC et un ancien dirigeant de Volvo Chine, elle ne commercialise qu’un seul modèle, le SUV U5, en dehors de la Chine et en vente directe.
Un deuxième modèle, l’U6, était prévu pour cette fin d’année, mais connaissant d’importantes difficultés financières, la marque risque de disparaître dans les semestres à venir.
Leapmotor
Ventes en Chine : 58 837
Ventes en Europe : 185
Premier marché européen : France
Leapmotor avec qui Stellantis souhaite s’associer est elle aussi une start‑up. Elle a mis sur le marché sa première voiture en 2019. 100 % électrique, la marque n’est importée qu’en France, par SN Diffusion, le même importateur que Seres.
Sa gamme est composée d’un seul modèle, la citadine T03, mais présente au dernier salon de Munich, elle prévoit de se développer avec une offre plus large. En Chine, elle commercialise cinq modèles, dont le C10, un SUV de 7 places potentiellement vendu en Europe en 2024.
XPeng
Ventes en Chine : 52 443
Ventes en Europe : 179
Premier marché européen : Norvège
XPeng est une start‑up montée en 2014 par des anciens cadres de GAC, treizième constructeur mondial en 2022, d’Alibaba, l’équivalent d’Amazon en Chine, et de Xiaomi.
La marque ne produit que des véhicules électriques. Sa – très faible – présence en Europe se résume essentiellement à la Norvège. La marque a annoncé avoir des ambitions pour l’ensemble de la région en 2024.
FAW (Hongqi)
Ventes en Chine : 238 049 (dont 172 812 Hongqi)
Ventes en Europe : 110
Premier marché européen : Suède
La marque Hongqi, qui signifie « drapeau rouge » en chinois, a été lancée en 1958, ce qui en fait la marque de voitures particulières chinoise la plus ancienne.
Jusqu’en 1981, elle était destinée seulement aux représentants gouvernementaux. Elle a été relancée au début des années 90 et appartient à FAW (First Automobile Works), entreprise d’État, qui est un important partenaire de Toyota et de Volkswagen‑Audi en Chine. Le constructeur chinois reste très discret sur sa politique européenne.
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