BYD à l’assaut de l’Europe
BYD. Trois lettres qui aujourd’hui parlent assez peu, mais qui pourraient d’ici quelque temps s’installer dans le paysage automobile français et européen. Car le constructeur chinois Build Your Dreams, la signification complète de cet acronyme, a de fortes ambitions sur le Vieux Continent. Tout comme il en a eu en Chine. En 2022, le cabinet Inovev estime qu’il aura vendu 1,76 million de véhicules, soit plus du double de la production mondiale de Citroën. Et en l’espace d’un an, il a multiplié ses ventes par trois. Dans son pays natal, il est surtout le premier vendeur de voitures électriques, devant Geely et loin devant Tesla.
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1,76 million : les ventes de véhicules de BYD en 2022
Si jusqu’à présent, la Chine était son marché unique, il s’est aventuré depuis août 2021 hors de ses frontières. Le constructeur a débarqué en Norvège, premier marché du véhicule électrique en pénétration et laboratoire européen, voire mondial, pour cette énergie. Si les immatriculations sont modestes, 1 876 unités, avec un seul modèle, le Tang, un SUV 7 places du segment E, il a gagné un trophée dont il n’est pas peu fier. Le modèle a, en effet, remporté un prix norvégien très disputé, celui qui récompense le véhicule dont l’autonomie réelle en période hivernale affiche l’écart le moins important avec celle annoncée officiellement par le constructeur. Avec une différence de seulement 11 %, le chinois a grillé la politesse aux marques européennes ou américaines.
Fabricant de batteries
Car BYD sait faire des batteries (lire ci-dessous). C’est même sa première activité. L’aventure a commencé en 1995 avec 20 employés. La BYD Company Limited est originaire de Shenzhen. Dix ans plus tard, suite au rachat d’un constructeur automobile chinois en faillite, elle lance son premier véhicule, la F3, très inspirée par la Toyota Corolla de l’époque. En 2008, BYD passe à la vitesse supérieure avec son premier modèle hybride rechargeable. Depuis, son mix énergétique est de 51 % en PHEV et 49 % en BEV (estimation Inovev), la marque ne produisant que des véhicules électrifiés.
Aujourd’hui, le groupe est non seulement présent dans l’automobile, mais également dans trois autres secteurs d’activité : l’électronique, les énergies nouvelles via notamment la conception et la production de batteries, son activité première, et le transport ferroviaire. Après 28 ans de développement, l’entreprise emploie 290 000 personnes et est présente via une quarantaine de filiales dans le monde. Elle intervient aujourd’hui dans 70 pays et est le premier producteur de batteries LFP (lithium‑fer‑phosphate) au monde. En 2021, BYD a réalisé un chiffre d’affaires de 32 milliards d’euros dont la moitié dans la branche automobile. Depuis son arrivée dans le monde de l’automobile, la société revendique la commercialisation de plus de 2,3 millions de véhicules électrifiés.
L’Europe, premier marché d’export
"L’Europe est le premier marché d’export choisi par BYD, observe Jamel Taganza, consultant associé chez Inovev. C’est un marché image avec de très fortes ambitions pour le véhicule électrique, à cause de la réglementation. Pour l’instant, ils ont annoncé arriver avec trois modèles, sachant qu’en Chine, leur gamme est composée d’une quinzaine de modèles avec des doublons en termes de segments et de carrosseries."
En Europe, outre le Tang, les modèles choisis, tous 100 % électriques, sont la Han, une berline du segment E et l’Atto 3, un SUV du segment C, plus en adéquation avec le marché. "On attend des marques chinoises des modèles accessibles, mais ce n’est pas la stratégie que BYD a décidé de suivre. D’où la volonté de commencer par le haut de gamme dans le but de développer une image, pour ensuite descendre dans les segments. Quitte à débarquer avec une autre marque, bien que BYD soit l’un des très rares constructeurs chinois à ne disposer que d’une marque dans son portefeuille", poursuit le consultant.
À l’heure où nous mettons sous presse, The Wall Street Journal a annoncé que BYD serait en pourparlers pour racheter l’usine Ford de Sarrelouis, en Allemagne, à quelques encablures de la frontière française, après que la marque américaine a annoncé le licenciement de 3 200 personnes outre‑Rhin. Si les négociations vont jusqu’au bout, BYD serait alors le premier constructeur chinois à s’installer industriellement en Europe, si l’on met de côté les tentatives de Great Wall Motors en Bulgarie en CKD au début des années 2010. Un signe qui ne trompe pas sur ses ambitions.
Des bus BYD en France
Pour BYD, la France n’est pas un pays inconnu. Le constructeur chinois a, en effet, ouvert en 2018 une usine de bus électriques à Beauvais (60). Las, l’aventure industrielle n’a duré que trois ans, l’usine ayant fermé fin 2021. Au lieu de la centaine de bus attendus, seule une trentaine y a été produite. L’entreprise chinoise y avait investi dix millions d’euros, sans soutien public. À noter que BYD fabrique déjà des bus électriques en Europe, en Hongrie, et les a commercialisés en Suède, en Roumanie et aux Pays‑Bas, son plus gros marché. En France, seules les villes de Beauvais, d’Orléans (45) et de Dunkerque (59) ont acheté les modèles chinois.
Cosmobilis distribuera BYD
En France, Cosmobilis a annoncé, lors du dernier salon de Paris, la commercialisation des modèles BYD sous le contrat de concessionnaire. Un showroom a été ouvert boulevard de Sébastopol à Paris (75), des commandes ont été signées, mais à fin décembre 2022, aucun modèle BYD n’apparaissait dans les chiffres d’AAA DATA. En octobre 2022, BYD avait annoncé qu’il comptait s’appuyer sur d’importants groupes locaux pour distribuer ses produits, mais jointe par nos soins, la représentation française n’a fait aucun commentaire.
En Europe, outre la Norvège, la marque est distribuée aux Pays‑Bas, là où est implanté le siège européen, par le groupe Louwman, un des plus importants acteurs néerlandais, en Suède et en Allemagne par Hedin Mobility Group (13e groupe européen) et au Danemark par Christiansen Group. "Nous souhaitons nous appuyer sur l’expertise et le savoir‑faire de distributeurs implantés sur le terrain", nous avait confié Brian Yang, chef de cabinet du groupe chinois en août 2022, lors de la présentation de la gamme.
Cet article est tiré du Journal de l'Automobile numéro 1315, de février 2023.
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