La pièce issue de l'économie circulaire en voie d’adoption par les réparateurs 

"Je suis plutôt agréablement surpris par les résultats, même s’il reste encore pas mal de travail", résume Patrick Poincelet, président de la branche des recycleurs de Mobilians, à la présentation du premier baromètre dédié à la pièce issue de l’économie circulaire (Piec). Le mardi 7 novembre 2023, le syndicat professionnel a, en effet, publié son premier observatoire consacré aux pièces de seconde vie. Cette enquête, qui sera réalisée chaque année, a pour objectif d’identifier et de lever les freins de cette filière en plein essor.

Selon le rapport de l'association Sécurité & réparation automobile (SRA) d’octobre 2023, l’usage de ces composants ne cesse effectivement de croître. Ainsi, 15,5 % des rapports d’expertise en carrosserie contiennent au moins une Piec, tandis qu’en 2022, 11 % des dossiers en faisaient mention.

Une meilleure connaissance de la Piec

Dans cet environnement de plus en plus favorable à l'économie circulaire, Mobilians a donc mandaté Gipa pour prendre le pouls de ce marché. Le cabinet d'études a ainsi interrogé, du 29 août au 17 septembre 2023, 501 réparateurs (toutes catégories confondues) sur leur perception et leurs usages de la pièce de seconde vie.

Premier point positif : 65 % des ateliers interrogés savent ou pensent savoir ce qu’est une Piec. Autre enseignement, ils sont aussi de plus en plus nombreux à en avoir une perception positive. Ainsi, 35 % d’entre eux ont une bonne opinion des pièces de réemploi et des pièces remanufacturées. Mieux : 55 % des réparateurs qui ont participé au sondage sont favorables à la pose de Piec.

"Plus de la moitié des réparateurs ne sont plus opposés à la Piec et c’est très positif. La pièce d’occasion avait une mauvaise image avant, et je craignais qu’au niveau des opinions cela se ressente encore aujourd'hui. Mais ce n’est pas le cas, et c’est rassurant. Ce chiffre dépasse mes attentes et il faut le voir positivement", se satisfait Régis le Goavec, président des agents de marque et indépendants de Mobilians.

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Une réglementation pas toujours respectée

Si l'usage des pièces de seconde vie semble donc se développer, de nombreux ateliers peinent encore à se laisser convaincre par l'économie circulaire. Alors qu'un texte réglementaire, mis en application en 2019, oblige les réparateurs à proposer des Piec à leurs clients, seuls 54 % des interrogés se sentent concernés par cette législation...

Pire, parmi ces derniers, seulement 37 % des réparateurs les présentent systématiquement. Et 43 % les proposent à condition qu’un client le demande. Patrick Poincelet met d’ailleurs en garde les ateliers qui ne respecteraient pas leurs obligations, indiquant que de nouvelles contraintes pourraient être ajoutées au texte réglementaire avec l’élargissement du périmètre de la filière VHU aux deux et trois-roues ainsi qu’aux quadricycles à moteur.

Les avantages de la Piec perçus par les réparateurs

Le baromètre de Mobilians s’est aussi penché sur les facteurs qui pourraient inciter les ateliers à recourir plus régulièrement aux pièces issues de l'économie circulaire. Pour 80 % des interrogés, le premier avantage de ces produits réside dans leur capacité à être une alternative à une pièce neuve en rupture de stock ou indisponible. Autre point intéressant : 68 % des réparateurs estiment que l'usage des Piec pourrait se développer si une obligation (réglementaire ou des assureurs) les contraints à y recourir. Signe de l'évolution du marché, 63 % des ateliers indiquent que la pratique permet de répondre aux enjeux climatiques.

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"Si auparavant, les arguments économiques prenaient le dessus sur les arguments écologiques de la Piec, la tendance commence à s’inverser, ce qui est très positif. Elle devient même un argument au comptoir", observe Julien Dubois, président du métier remanufacturing de Mobilians.

Des freins à lever

Le baromètre Mobilians met aussi en exergue les différents freins à l’usage de la pièce de réemploi ou remanufacturée dans les ateliers. "Les réponses, dans ce baromètre, ne sont que les perceptions des garagistes. En général, ce sont les idées reçues qu’il faut battre en brèche", tient à préciser Julien Dubois. Pour 70 % des réparateurs, le principal obstacle à leur usage serait ainsi leur manque de fiabilité. Les interrogés évoquent aussi la crainte d’avoir des problèmes sur ces pièces (50 %), l'obligation par leur réseau d'utiliser des pièces neuves (38 %) et l’absence de garantie (33 %).

Étonnamment, l’indisponibilité des pièces n’arrive qu’en cinquième position (11 %). "Nous trouvons que cette raison arrive assez bas. Surtout concernant la pièce d’occasion, où nous sommes sur un marché de pénurie, avec de faibles volumes. Il faut préciser que la pièce de réemploi doit toujours être un complément à la pièce neuve et ne doit absolument pas se substituer à celle-ci", soulève Patrick Poincelet.

Mobilians au front pour valoriser la Piec

Pour lever les principaux freins mis en lumière par cette étude, Mobilians tient à éclaircir certaines zones d’ombres. Ainsi, le syndicat professionnel rappelle que la Piec présente les mêmes garanties que les pièces neuves et qu’une certification, Qualicert, a été mise en place dans les centres VHU pour encadrer leur activité. Par ailleurs, il convient de rappeler que les Piec incluent aussi les pièces remanufacturées. Ces dernières doivent répondre à un cahier des charges strict et sont industrialisées avec un contrôle de qualité qui l’est tout autant.

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Conscient qu'un travail de pédagogie reste nécessaire auprès des professionnels, Mobilians prévoit plusieurs actions de sensibilisation pour promouvoir la Piec. Outre ce baromètre annuel, les acteurs des différents métiers de l’association professionnelle organiseront des réunions d'information et des campagnes de communication auprès des réparateurs dans les prochaines semaines.