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Industrie

Un nouveau contrat de filière automobile basé sur la fin du thermique en 2035

Publié le 5 mai 2024

Par Catherine Leroy
6 min de lecture
Malgré les doutes sur la fin de vente des véhicules thermiques en 2035, le gouvernement français fixe son nouveau contrat de filière sur la base de cette échéance. Cette trajectoire impose d'écouler 800 000 voitures électriques en 2027. Un objectif ambitieux sans budget chiffré.
contrat de filière automobile 2024-2027
Avec le nouveau contrat de filière automobile pour la période 2024-2027, le gouvernement confirme l'arrêt du thermique en 2035 et vise 800 000 ventes d'électriques en 2027. ©adobestock.com-scharfsinn86

Le cap des deux millions de véhicules électrifiés produits en France en 2030 reste d’actualité. L’objectif fixé par le président Emmanuel Macron guide le nouveau contrat de filière automobile pour la période 2024-2027. Pas question de louper ce cap. Même si le flou persiste sur la typologie de ces véhicules rassemblés sous la dénomination d’"électrifiés".

 

La marche est grande car la production française atteint péniblement 1,4 million de véhicules particuliers et utilitaires en 2023, toutes énergies confondues. Quant aux véhicules 100 % électriques, moins de 500 000 ont été produits sur le territoire l'année dernière. "Seuls 12 % des véhicules électrifiés vendus en France sont fabriqués en France, c'est trop peu", précise Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.

 

C’est donc avec près de cinq mois de retard que le contrat de filière automobile qui lie l’État, l’industrie (PFA, Csiam, Fiev...) et les services (Mobilians) est signé.

 

Aucun budget annoncé

 

Pour ceux qui attendaient des éléments chiffrés de cet engagement, la déception sera de mise. Face aux enjeux et nouveaux objectifs de ventes de véhicules électriques, la notion de budget est inexistante. Le gouvernement aurait lui-même supprimé toute notion d’investissement face à chaque projet.

 

Seule assurance : le maintien des subventions pour l’achat d’un véhicule électrique qui va perdurer jusqu’en 2027. Sur le montant de ces aides, il faudra attendre chaque projet de loi de finances, qui déterminera l’aide que le budget peut supporter. Et encore, elles ne concerneront que les particuliers.

 

A lire aussi : Bonus et leasing électrique, le gouvernement s'engage jusqu'en 2027

 

Derrière cette promesse se trouve un objectif majeur. Il s'agit de multiplier par quatre d'ici fin 2027 les ventes de véhicules 100 % électriques en passant de 206 000 unités en 2022 à près de 800 000 en 2027. Les utilitaires légers (BEV et FCEV) sont également concernés. Leurs ventes doivent atteindre 100 000 unités à cette même échéance contre 16 500 en 2022. Les poids lourds doivent atteindre, de leurs côtés, la part de 50 % d'immatriculations neuves d'ici 2030.

 

Pour parvenir à cette taille de marché, l’État a conscience de l'importance du soutien public. L'exemple allemand qui a stoppé net son bonus à la fin de l'année dernière, sert d'exemple.

 

Une incitation pour les entreprises

 

Pour les entreprises, le sujet sera abordé par la proposition de loi Adam, dont le vote pourrait être reporté à l’automne 2024. "Il n’y a pas de nouvelle évolution sur le montant des aides accordées aux entreprises. Nous souhaitons une accélération dans la durée du verdissement des flottes car nous constatons un retard dans leur électrification. Mais nous verrons comment va se positionner le parlement sur ce sujet", explique un membre du cabinet de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.

 

A lire aussi : Proposition de loi Damien Adam, les flottes attendront l'automne

 

Le gouvernement reconnaît cependant l'importance des professionnels pour générer plus rapidement un parc de véhicules d'occasion électriques, plus accessibles financièrement aux ménages. Mais l'aide serait cantonnée à un dispositif de suramortissement pour les professionnels. Les loueurs courte durée devraient bénéficier d'un dispositif dédié.

 

A lire aussi : Les loueurs courte durée réclament un cadre spécifique pour leur électrification

 

En parallèle du bonus pour les ménages, le gouvernement s'engage à renouveler l'opération du leasing social qui a permis l'achat de 50 000 voitures électriques neuves sur les premières semaines de l'année. Là encore, aucune précision n'est apportée.

 

Face au succès du dispositif, on se souvient que Bercy a mis fin à l'opération. Les 50 000 dossiers, accompagnés d'une aide de 13 000 euros par voiture, ont absorbé la moitié de l'enveloppe de 1,5 milliard d'euros allouée à l'achat de voitures électriques.

 

A lire aussi : Leasing social, ce caillou dans la chaussure de l’État et des distributeurs !

 

Accélérer sur les bornes et la décarbonation du parc

 

Avec près de cinq mois de retard, l'objectif des 100 000 bornes de recharge a été atteint en mai 2023, au lieu de décembre 2022. Mais d'ici 2030, les infrastructures routières devront accueillir 400 000 points de recharge que ce soit pour les véhicules légers ou pour les poids lourds. Le programme Advenir, piloté par l'Avere bénéficiera d'une enveloppe supplémentaire de 200 millions d'euros pour y parvenir. Sur les 400 000 bornes, 25 000 seront des superchargeurs.

 

La décarbonation du parc roulant reste un enjeu. Même si les objectifs de ventes d'électriques sont atteints, la moitié du parc roulant (soit environ 20 millions de véhicules) seront encore des modèles thermiques en 2035. Le gouvernement souhaite donc utiliser le levier des biocarburants et carburants alternatifs pour répondre aux objectifs de neutralité carbone pour 2050.

 

Le rétrofit et notamment la transformation vers une motorisation hybride fait sens selon Roland Lescure, ministre de l'Industrie.

 

Et parce que toutes ces mesures seront encore insuffisantes pour cette neutralité, chacun devra baisser le nombre de kilomètres parcourus. Le covoiturage et le renforcement du forfait mobilité durable sont à l'étude.

 

Enfin, la décarbonation doit également passer par le réemploi des pièces, que ce soit grâce aux filières dites "responsabilité élargie du producteur" instaurées par la Loi Agec, ou le recyclage des batteries pour répondre aux enjeux d'indépendance aux ressources.

 

L'enjeu de l'emploi

 

Avec 350 000 salariés dans l'industrie et 500 000 dans les services, l'enjeu de l'emploi dans le secteur automobile est essentiel. Mais la trajectoire électrique impose de nouvelles compétences et un accompagnement des salariés.

 

Le contrat de filière met également l'accent sur ce volet des ressources humaines pour l'amont et l'aval, que ce soit par le biais du fonds d'accompagnement et de reconversion des salariés et la communication pour développer l'attractivité des métiers.

 

Les Opco (2i pour l'industrie et Mobilités pour les services) de branches, seront accompagnés afin de définir des parcours de formation et la promotion de l'alternance.

 

A lire aussi : Pour Xavier Horent, Mobilians, le barycentre de la filière automobile s'est déplacé vers les services

 

Retrouvez le Contrat stratégique de la filière automobile 2024-2027

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