Cédric Mudler met DM Autos à l'heure des mobilités
DM Autos, c’est un peu l’histoire d’Astérix. Celle du village gaulois qui résiste à l’envahisseur romain. Il est vrai que si l’on regarde une carte, les deux affaires Citroën de Thionville et de Talange (57) semblent être cernées de toutes parts par des groupes aux ambitions gigantesques. Mais elles résistent.
"C’est historique, rappelle Cédric Mudler, le fils du fondateur du groupe. Le site de Thionville a vu le jour en 1967 et mon père y entre quelques années plus tard comme comptable." Il en prendra la direction dix ans après pour le racheter en 1988. La concession change alors de nom et prend les initiales du père de Cédric, Denis, d’où DM Autos.
L’affaire se fait une réputation localement, mais bizarrement, Denis Mudler n’a aucun désir de se développer. Ce ne sont pourtant pas les opportunités qui ont manqué. Pendant longtemps, il figure parmi les meilleurs concessionnaires Citroën de France et a écoulé jusqu’à 1 300 VN.
Le pays des trois frontières
Avec de tels résultats, la marque lui proposera de reprendre Longwy (54), Metz (57)… "Mais nous sommes dans une région très particulière, appelée le Pays des trois frontières, car nous sommes à quelques kilomètres du Luxembourg et de l’Allemagne, souligne Cédric Mudler. À l’époque, la concurrence transfrontalière était extrêmement forte. Aussi bien en termes tarifaires que de personnel. Pendant longtemps, Citroën Thionville était le centre de formation de Citroën Luxembourg ! Nous formions les vendeurs, les techniciens et puis une fois qu’ils étaient opérationnels, ils partaient de l’autre côté de la frontière où les salaires étaient et sont toujours beaucoup plus importants. On nous a ainsi "piqué" jusqu’à 25 % de nos équipes !" Denis Mudler préfère alors se concentrer à 200 % sur sa concession de Thionville et offrir la meilleure qualité de service.
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Histoire de famille
Pour mener ce combat, Cédric le rejoint en 1994. Alors que dans certaines affaires familiales, la descendance ne se voit pas toujours prête à rejoindre les parents, la route était toute tracée pour lui. "J’ai été baigné dans l’automobile. Ce garage, c’était mon terrain de jeu, commente‑t‑il. Ça l’est encore et j’y suis extrêmement attaché." Il commence à 18 ans et y fait ses classes. Vendeur, chef VO, directeur, il occupe tous les postes pour reprendre l’affaire familiale il y a dix ans.
Le groupe changera de dimension au milieu des années 2010. Une opportunité s’offre à lui, celle de racheter un terrain à Talange, à 15 km au sud de Thionville. Un défi de taille. Car sur l’autre rive de la Moselle, se trouve l’usine de moteurs aujourd’hui ex‑PSA de Trémery (57). Il y construit un deuxième point de vente Citroën en 2017 et devient par la même occasion le premier DS Service de France. Sensiblement à la même période, DS Automobiles lui propose d’ouvrir un DS Store à Thionville.
De nouvelles marques
"Avec l’arrêt des pièces de rechange, nous avions de la place, se souvient‑il. Nous avons donc ouvert ce showroom, puis un centre Spoticar et un centre DS Certified, le premier de France." Toujours dans une logique de croissance et d’opportunité, le centre Spoticar va prochainement déménager à Talange. "Nous y proposerons 200 VO de toutes marques sur 4 000 m² de terrain", présente le dirigeant.
Ce partenariat avec Stellantis ne s’arrête pas là. L’année dernière, il se renforce avec le constructeur en intégrant la distribution des marques Fiat, Fiat Professional et Abarth en reprenant le site de Thionville à CAR Avenue. Cette acquisition fait suite au rachat en novembre dernier de SWA, filiale du rémois PWA, par le quatrième groupe de distribution français qui conserve pour l’instant les adresses de Woippy (57) et de Lexy, dans l’agglomération de Longwy (54).
Fiat, nouvelle marque
"Nous sommes très excités d’intégrer Fiat car cela sera la première fois que nous commercialiserons une marque autre que Citroën", se félicite le distributeur. D’autant plus que la marque avait disparu de cette région depuis des années. "Historiquement, nous avons une communauté d’origine italienne très importante", souligne‑t‑il.
Une implantation qui à terme rajoutera 200 véhicules aux 2 000 VN et VO écoulés en 2022 pour un chiffre d’affaires de 31 millions d’euros. "Il s’agit d’un complément idéal par rapport à ce que propose aujourd’hui Citroën", indique‑t‑il en se promenant dans la partie du hall de Citroën où sont exposées les voitures Fiat en attendant la fin des travaux de rénovation du site de Thionville, prévue pour ce printemps.
Du vélo au camping-car
Cédric Mudler aurait pu s’arrêter là. Mais c’était sans compter sur une autre passion. Celle du vélo. À haut niveau. On remonte dix ans en arrière. En 2013, il est malheureusement victime d’un grave accident. Pendant sa convalescence, il s’ennuie et gamberge. Il imagine alors un véhicule qui lui permettrait de se déplacer et de vivre sa passion en toute liberté. Cela existe déjà, cela s’appelle un camping‑car, mais il rêve d’un véhicule plus compact et surtout moins cher.
Il se remet sur pied, l’idée est repoussée à plus tard, mais inlassablement, elle revient. Il en parle à l’un de ses amis, Julien Clasadonte. Un nom qui ne dit rien dans l’automobile, mais ce fils de concessionnaire Citroën dirige le groupe CLC, l’un des trois plus grands distributeurs de véhicules de loisirs de France, aujourd’hui détenu par le groupe Trigano, numéro un mondial du secteur. Dans son escarcelle, Julien Clasadonte dispose d’une petite entreprise basée dans les Vosges qui produit sa propre marque de vans aménagés : MéCa‑Camp.
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Cédric lui présente son idée. La marque Move In Van est née. "Nous prenons un Jumpy d’occasion et nous le transformons en VDL avec un couchage et une kitchenette", explique‑t‑il. Ce n’est pas juste une transformation "bricolée", car outre l’aménagement intérieur, les campeurs ont droit à un covering spécifique, des jantes alliage dédiées et quelques autocollants. Move In Van devient alors une véritable marque, avec un logo, qui s’inspire de l’univers de la montagne, l’autre passion de Cédric Mudler.
Une marque à part entière
La marque Move In Van est lancée en 2021, en pleine période de Covid. Cela aurait pu lui être fatal, mais au contraire. Elle répond parfaitement aux attentes des clients qui rêvent d’évasion en toute liberté après des mois de confinement. Pour se faire connaître, il communique auprès de la presse spécialisée et fait quelques salons, une bonne entrée dans ce milieu.
"Aujourd’hui, nous en commercialisons un à deux modèles par mois, explique Cédric Mudler. Je pourrais en faire plus mais je suis en manque de porteurs à cause d’un marché du véhicule utilitaire extrêmement tendu." Une situation conjoncturelle qui fait évoluer le concept de base, à savoir vendre le véhicule autour des 30 000 euros.
Une diversification qui ne cesse de progresser. "Nous réfléchissons à travailler avec un adaptateur autrichien pour proposer un kit amovible plus haut de gamme qui sera monté dans nos ateliers", poursuit‑il. Move In Van va également être disponible sur le Berlingo.
La mobilité comme ligne de mire
Cette incursion dans le van aménagé n’est pas juste qu’un coup occasionnel. Cédric Mudler sent les évolutions de la distribution et ne veut pas passer à côté des nouvelles offres de mobilité et des changements de comportement de ses clients. "J’ai découvert sur Internet ce que faisait l’allemand ElectricBrands avec son Xbus. J’ai trouvé le concept très intéressant et je me suis rapproché d’eux et j’ai pris la distribution", présente le concessionnaire.
Le Xbus va être commercialisé par DM Autos.
Une marque qui en appelle une autre. Dans le portefeuille d’ElectricBrands, il s’apprête également à distribuer la marque de quadricycles électriques Evetta, très fortement inspirés par la BMW Isetta des années 50. "Avec le Xbus, je compte séduire les entreprises, notamment les professionnels de la livraison, qui bénéficieront d’un modèle modulable, qui leur permettra de rouler dans les ZFE", explique‑t‑il.
Du deux roues électriques
Étant le seul acteur sur son territoire, il est notamment en discussion avec l’agglomération de Metz pour commercialiser ces petits véhicules. En outre, il voit le potentiel que le Xbus pourrait lui apporter en étant "brandé" Move In Van. "Mon ambition est que DM Autos devienne un vrai centre de la mobilité et que le client puisse trouver aussi bien du vélo à assistance électrique, qu’un scooter, un quadricycle, une voiture ou un camping‑car", résume‑t‑il.
Dans cette optique‑là, il a récemment créé DMA Mobility qui, outre les modèles d’ElectricBrands pas encore disponibles sur le marché, commercialise des scooters électriques de la marque chinoise Lvneng, motorisés par Bosch, ou des vélos électriques pliants, "un outil parfait pour aller travailler ou se rendre à la gare", précise‑t‑il.
Pour l’instant, toutes ces marques sont dans un coin de son showroom VO de Thionville, mais le site est en pleins travaux de rénovation. Lorsque la partie occasion aura déménagé à Talange, le concessionnaire prévoit de leur donner plus d’ampleur et de visibilité.
Et pourquoi pas d’y installer une autre marque. "Alfa Romeo est également absente depuis de très nombreuses années, cet aménagement pourrait être l’opportunité de la distribuer." À suivre.
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