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Constructeurs

T&E accuse les constructeurs de sous-estimer leurs émissions de CO2

Publié le 28 septembre 2022

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Transport & Environnement a décidé de s'attaquer directement au point faible des constructeurs : la bourse. L'ONG accuse les industriels de sous-estimer leurs émissions globales de CO2, alors que, dès 2024, ces derniers devront les déclarer pour répondre aux exigences environnementales des produits financiers.
L'ONG T&E accuse les industriels de sous-estimer leurs émissions globales de CO2, alors que dès 2024, ces derniers devront les déclarer pour répondre aux exigences environnementales des produits financiers.

Transport & Environment envoie une nouvelle salve d'accusations contre les constructeurs automobiles. L'ONG s'attaque cette fois aux déclarations d'émissions globales que vont devoir remplir les industriels pour répondre aux exigences en matière de normes comptables environnementales, sociales et de gouvernance. "Une exigence qui touchera de plein fouet les gestionnaires de fonds qui possèdent des actifs chez les constructeurs automobiles les plus polluants", pointe du doigt Marie Chéron, responsable Politiques véhicules chez T&E France.

 

Selon cette dernière, les émissions mondiales des constructeurs automobiles sont en moyenne 50 % plus élevées que ce qu'ils déclarent au travers du scope 3, qui comprend toutes les émissions indirectes produites dans la chaîne de valeur d'une entreprise. Ce critère (scope) est utilisé par le Protocole sur les gaz à effet de serre pour la comptabilité carbone. Le scope 1 couvre les émissions directes des sources possédées ou contrôlées. Le scope 2 intègre les émissions indirectes provenant de la production d'électricité achetée, de vapeur, de chauffage et de refroidissement consommés.

 

Mais les premières déclarations de scope 3 de la part des constructeurs sont largement sous-estimées par les intéresés eux-mêmes.

 

 

Les constructeurs automobiles estiment le total des émissions sur la base de plusieurs facteurs, en particulier la taille moyenne de leurs véhicules, les lieux où ils circulent et leur durée de vie. "Dans l’ensemble, ils sélectionnent des données de façon à obtenir les chiffres les plus bas. Toyota, par exemple, base la moyenne des émissions de ses véhicules sur une durée de vie peu crédible de 100 000 km. Stellantis, pour sa part, ne déclare que les émissions liées à ses ventes européennes, malgré le fait que ses ventes sont majoritairement réalisées aux États-Unis, où les modèles plus gros et plus polluants sont populaires", explique l'ONG dans un communiqué.

 

un bilan de 45,2 tonnes de CO2 par véhicule vendu

 

En moyenne, les constructeurs avancent un bilan de 45,2 tonnes de CO2 par véhicule vendu, alors que selon les calculs de Transport & Environment, celui-ci dépasse les 68 tonnes. Parmi les constructeurs qui sous-estiment le plus leur bilan carbone par véhicule vendu figurent Stellantis, Hyundai-Kia, ou encore BMW. Pour l'Alliance Renault-Nissan, Honda ou Ford, les émissions rapportées aux investissements consentis sont même supérieures à celles de l'industrie pétrolière.

 

"Selon les informations officielles, investir dans l’industrie automobile est quasiment aussi intensif en carbone qu'investir dans l’industrie pétrolière. C’est un signal d'alarme pour le secteur financier. Les gestionnaires d'actifs qui veulent éviter une bombe carbone à retardement devront se débarrasser des constructeurs automobiles qui poursuivent la vente des voitures thermiques", poursuit Marie Chéron.

 

L'ONG demande ainsi que la méthodologie utilisée pour quantifier ces bilans carbone soit plus encadrée afin de déclarer de manière cohérente et transparente les données.

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