Prix des voitures neuves : vers un tassement ?
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Avec un montant de 36 712 euros en 2024, le prix moyen de vente des voitures neuves n’a toujours pas entamé sa décrue. Selon AAA Data, ce sont même 1 238 euros de plus qu’en 2023 qui s’affichent sur la facture d’achat pour un client, hors promotion et hors bonus pour les véhicules électriques. Au mieux, la hausse se tasse un peu. Depuis 2021, le prix moyen en France, toutes motorisations confondues, surfait avec des augmentations d’environ 7 % chaque année. En 2024, la hausse des tarifs s’est fixée à 2,7 %.
Pas de quoi donner le sourire aux Français, dont la consommation reste en berne. Le baromètre des commandes, publié chaque mois par la PFA, indique une dégradation des carnets de commandes depuis le mois d’août 2024.
Au global de l’année, le carnet de commandes s’affiche en dessous de 1,7 million de voitures neuves. Et la hausse annuelle de 3,2 % ne doit son salut qu’aux premiers mois de l’année 2024 et au dispositif de leasing social mis en place par le gouvernement. Le portefeuille à livrer va donc s’amoindrir au fil de l’eau dès 2025. Et ce n’est pas l’environnement politique français qui pourra leur redonner une confiance dans la consommation.
En ce début du mois de février, le budget 2025 n’est toujours pas gravé dans le marbre. Le malus reste incertain. Seule assurance puisque le décret est paru au début du mois de décembre : le bonus qui s’adapte en fonction du revenu fiscal de référence des ménages et oscille entre 2 000 et 4 000 euros.
Résultat, le taux d’épargne des ménages reste historiquement élevé en France, à plus de 17 % du revenu disponible, alors qu’il n’était que de 14 % avant la pandémie de Covid‑19.
Des disparités dans l’évolution des prix catalogue
Mais cette moyenne de 2,7 % d’augmentation des tarifs masque des disparités importantes que ce soit en termes de marques ou, bien sûr, de motorisations.
Dans les marques de luxe, la hausse des tarifs dépasse allègrement les 10 % voire 13 % pour Land Rover, qui ne cache pas sa volonté de monter en gamme. Les prix catalogue de la marque atteignent un niveau moyen de 121 620 euros en 2024.
Parmi les marques généralistes, Toyota a gonflé ses prix de 6,4 %. Les gammes Yaris et Yaris Cross, qui pèsent 54 % des ventes en France, ont subi deux hausses tarifaires et le Yaris Cross est proposé depuis le début de l’année à partir de 28 800 euros, soit 600 euros de plus.
Renault arrive ensuite avec un prix moyen de vente de presque 32 000 euros, soit 4,7 % de plus qu’en 2023. La marque française a changé deux fois ses prix catalogue au cours de l’année 2024, en septembre et en novembre pour une grande partie de sa gamme.
Si le constructeur prépare activement l’arrivée d’un modèle plus accessible (la Renault 5 Five), sous la barre des 25 000 euros, il n’oublie pas de compenser par des hausses ciblées sur ses Symbioz, Arkana et Austral, mais aussi Clio.
Dans le groupe Renault, la marque Dacia s’est fendue également d’une révision à la hausse des prix de 2,6 %. Une première augmentation a été appliquée en avril 2024 pour la Sandero, en septembre, toujours pour la Sandero et le Duster.
Les deux modèles enregistrent une nouvelle hausse tarifaire en janvier 2025. Le ticket d’entrée du Duster est désormais fixé à 19 990 euros.
Baisse des tarifs chez Stellantis
Plus étonnante est la baisse des tarifs catalogue des marques du groupe Stellantis. ‑1,3 % pour la gamme Peugeot ; ‑3,3 % chez Citroën, ‑0,5 % pour DS Automobiles. Seules les marques Fiat et Opel ont opéré des augmentations de prix, respectivement de 1,1 et 0,3 %.
Dans le groupe, ce sont essentiellement les versions électriques qui profitent de ce réajustement tarifaire. La Citroën ë‑C4 s’échange à 35 740 euros contre 41 900 euros début 2023. Chez Peugeot, les e‑2008, e‑308 et e‑208 n’échappent pas au phénomène.
Cette dernière était proposée à 32 550 euros en 2024 contre 35 300 à l’été 2023. En ce début d’année, la version d’entrée de gamme de l’e‑208 a même vu son prix raboté de 6 100 euros pour passer de 34 100 à 28 000 euros.
Même stratégie chez Volkswagen qui a revu complètement son offre pour sa gamme électrique avec des baisses tarifaires allant de 2 000 à 8 000 euros au début de l’année 2024.
Dorothée Bonassies, directrice de Volkswagen France, insiste sur la stratégie consistant à faire de Volkswagen une marque "accessible". Un élément de langage qui tranche avec le discours habituel de la marque "généraliste premium qui tient ses prix". La directrice générale a ainsi démontré qu’à prestations supérieures, une ID.3 affichait un loyer moins élevé qu’une Peugeot e‑208 ou une Megane E‑Tech.
Pour autant, le groupe se défend de vouloir "casser ses prix". Xavier Chardon, président du groupe en France, évoque un réajustement de sa politique tarifaire.
L’urgence des normes CO2 CAFE
Un réajustement qui devrait se généraliser tout au long de l’année et au fur et à mesure des lancements.
En attendant les arrivées des Volkswagen ID.2 et Skoda Epiq, le match va se jouer sur l’entrée dans le marché des électriques. Les Renault 5, ë‑C3, Fiat Grande Panda se basent déjà sous la barre des 25 000 euros. Des versions d’entrée de gamme seront lancées pour descendre sous les 20 000 euros, notamment chez Citroën.
Tout au long de l’année, les constructeurs vont donc axer leur stratégie sur la démocratisation du véhicule électrique. L’objectif restant d’atteindre les limites d’émission de CO2 des normes CAFE qui sont plus sévères depuis le 1er janvier 2025. Mais en même temps, pas question de réduire les marges, essentielles pour poursuivre les stratégies d’investissement indispensables.
La baisse des prix des véhicules électriques se confronte également à une limite de taille pour les constructeurs : les valeurs résiduelles. Jouer avec les niveaux de prix accentue le risque sur les engagements de reprise déjà fortement mis à mal.
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