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Constructeurs

Alpine F1 : Enstone n'aura plus d'excuse

Publié le 8 décembre 2025

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Le 7 décembre 2025, le V6 hybride Renault a fait ses derniers tours de piste à Abu Dhabi. Une histoire de près de 50 ans avec la Formule 1 s'est terminée. En 2026, l'écurie Alpine sera motorisée par Mercedes et l'équipe châssis d'Enstone n'aura plus d'excuse.
Alpine F1
En 2026, Pierre Gasly sera la seule touche française de l'écurie Alpine puisque le châssis viendra toujours du Royaume-Uni et le moteur d'Allemagne. ©BWT Alpine Formula One Team

Voilà, c'est fini ! Le dernier moteur Renault de Formule 1 s'est éteint le 7 décembre 2025, à Abu Dhabi. Peu importe le résultat, car l'écurie a depuis bien longtemps abdiqué pour se concentrer sur la saison 2026 avec le nouveau règlement technique et l'arrivée du moteur Mercedes.

 

L'avenir d'Alpine en F1 avait été tranché par Luca de Meo lorsqu'il était à la tête du constructeur français. Développer son propre moteur coûtait trop cher. Une décision qui fait une croix sur près de 50 ans d'histoire entre Renault et la Formule 1.

 

 

Une croix sur Viry-Châtillon, une ruche d'ingénieurs qui a conçu des moteurs qui ont marqué l'histoire de ce sport et qui avait déjà commencé le développement du moteur répondant aux exigences 2026.

 

Certes, ces dernières années, avec l'ère hybride, le V6 français n'apparaissait pas à son avantage, mais il n'était pas aussi loin que certains voulaient le dire. Enstone, la partie anglaise de l'écurie, en charge du châssis, de l'aéro... n'a jamais brillé non plus pour son travail ces dernières années.

 

Et leur promptitude à "charger" le moteur dans la contre-performance de la voiture a toujours été louche, semblant rejeter toute possibilité d'avoir raté quelque chose de leur côté.

 

Alors en 2026, Enstone ne pourra plus se cacher car la voiture aura le bloc Mercedes que l'on annonce bien né. Il faudra donc aller chercher sur la piste Mercedes, McLaren et Williams, équipés du même moteur. Tout autre résultat sera un échec pour Enstone.

 

169 victoires depuis 1979

 

Alors Renault en F1, ce fut une histoire parfois compliquée mais le Losange s'est taillé un beau palmarès et certaines de ces mécaniques ont écrasé la concurrence.

 

Naturellement il y a eu le Turbo, que Renault a mis en piste en 1977, mais aussi les fantastiques V10 et V8 qui ont trusté les titres, que Renault soit engagé comme constructeur ou comme motoriste.

 

En chiffres, cela donne deux titres de Champion du monde constructeurs et pilotes en 2005 et 2006, avec Fernando Alonso, mais aussi douze titres comme motoriste avec Williams, Benetton et Red Bull, permettant notamment de sacrer Nigel Mansell, Alain Prost, Michaël Schumacher, Damon Hill, Jacques Villeneuve et Sebastian Vettel.

 

Pour la dernière course d'un moteur Renault, un "Merci Viry" était présent sur les F1 Alpine. ©BWT Alpine Formula One Team

 

Les moteurs frappés du Losange, qui ont tous pris vie à Viry-Châtillon, ont accumulé 169 victoires, dont la première de Jean-Pierre Jabouille, à Dijon en 1979, éclipsée par le duel entre René Arnoux et Gilles Villeneuve pour compléter le podium.

 

Il y a aussi eu la première d'Ayrton Senna au volant d'une Lotus motorisée par Renault en 1985 sur le circuit d'Estoril, au Portugal. Mais aussi le drame du 1er mai 1994, à Imola, où le Brésilien a perdu la vie à bord d'une Williams-Renault.

 

Alpine, une écurie française ?

 

Alors l'année prochaine, Alpine sera toujours la seule écurie française engagée en Formule 1. Bâtir une équipe 100 % française est illusoire, mais avoir une équipe française dont rien n'est situé en France est autre chose.

 

Le châssis viendra toujours d'Angleterre et le moteur d'Allemagne. Le seul étendard bleu blanc rouge sera Pierre Gasly, qui, lui, n'a jamais démérité dans ces dernières campagnes difficiles.

 

La Formule 1 attire de plus en plus : les spectateurs et les téléspectateurs sont de plus en plus nombreux, et les nouveaux patrons de la F1 veulent en faire un spectacle le plus largement diffusable. Les constructeurs engagés sont aussi responsables, ne jurant que par le marketing et les "likes".

 

 

La Formule 1 est finalement devenue un simple outil marketing au service de l'image et des conquêtes commerciales. Mais cela fait bien longtemps que "gagner le dimanche" ne fait pas "vendre le lundi".

 

Alpine met donc la Formule 1 au service de sa notoriété, principalement hors d'Europe, pour tenter de vendre davantage. L'Amérique du Nord, et principalement les États-Unis, était dans le viseur de la marque française mais le projet est pour l'heure en stand-by.

 

Comme l'avait souligné Luca de Meo, l'écurie de Formule 1 est devenue un "actif" presque comme un autre. La seule bonne nouvelle est qu'Alpine F1 est valorisée un peu plus de deux milliards d'euros. La F1 n'a jamais autant attiré. Ne serait-ce finalement pas le moment de vendre ? Et pourquoi pas à Geely, partenaire stratégique de Renault (avec Horse, en Corée et dernièrement au Brésil) et actionnaire de Mercedes ?

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