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Constructeurs

Stellantis déroule sa nouvelle stratégie de financement en Europe

Publié le 17 décembre 2021

Par Catherine Leroy
5 min de lecture
Stellantis choisit BNP Paribas, Santander et Crédit Agricole Consumer Finance comme partenaires pour toutes ses activités de financement en Europe. Les négociations exclusives amèneront à une nouvelle répartition des rôles à l'horizon 2023 pour le leasing et le financement.
Stellantis revoit toute sa stratégie de financement en Europe.

Il y a quelques semaines, Stellantis rachetait First Investors, société de financement américaine, dans le but d'accompagner le développement du groupe aux États-Unis. Mais en parallèle, les discussions allaient bon train pour revoir toute la stratégie de financement en Europe, continent où le groupe réalise près de 80 % de ses immatriculations.

 

"Stellantis réaffirme sa volonté de renforcer le potentiel de son activité de financement mondiale, marquant une nouvelle étape en Europe avec ses partenaires bancaires historiques et de créer un Leaser à part entière en Europe", a déclaré Carlos Tavares, directeur général du groupe, cité dans un communiqué. "Il s'agit d'une démarche stratégique visant à améliorer notre performance financière dans tous les pays européens."

 

Un accord pour le leasing, deux pour le retail

 

Mais cette fois, le constructeur a décidé de ne pas mettre ses œufs dans le même panier. Et Carlos Tavares, dont le souci de la performance ne le quitte jamais, a choisi trois partenaires majeurs pour réorganiser en totalité son activité de financement, tant pour les clients particuliers que professionnels.

 

Crédit Agricole Consumer Finance (CACF) est tout d'abord retenu pour créer une société de leasing opérationnel multimarque détenue à 50 % par Stellantis et à 50% par la banque. Cette nouvelle structure permettra de regrouper les activités de Leasys et Free2Move Lease. L'objectif de cette future structure étant de devenir un acteur majeur de la location de longue durée en Europe. CACF qui était déjà propriétaire de la moitié des parts de FCA Bank, rachète par ailleurs la moitié du capital qui était encore détenue par Stellantis dans FCA Bank.

 

Deux autres sociétés bancaires, déjà partenaires de Stellantis, participent également de cette nouvelle stratégie mais avec une nouvelle répartition des rôles et de la géographie : Santander et BNP Paribas, qui opère pour le compte d'Opel en Europe depuis 2017.

 

Deux nouvelles coentreprises vont être créées pour gérer les activités de financement affecté avec les 14 marques du groupe Stellantis. La première, avec BNP Paribas, va œuvrer en Allemagne, en Autriche et au Royaume-Uni. La seconde, avec Santander, opèrera en France, Espagne, Belgique, Pologne, Pays-Bas et Portugal.

 

"Nous renforçons notre partenariat historique et profitable avec Stellantis sur trois marchés stratégiques et en forte croissance. Le Royaume-Uni et l’Allemagne sont deux des principaux marchés européens en termes de transactions automobiles. Plus de 3,5 millions de véhicules neufs en Allemagne et 2,3 millions au Royaume-Uni.  Quant à l’Autriche, c’est le grand marché de l’Europe centrale et de l’Est avec 330 000 véhicules neufs par an. Ces trois pays représentent environ 40 % des immatriculations de véhicules neufs en Europe, et se caractérisent par un faible coût du risque et des marges en ligne avec la moyenne européenne. Nous avons donc l’opportunité de nous développer sur des marchés majeurs avec un constructeur de premier plan qui regroupe 14 marques. Nous passons d’un partenariat à marque unique (Opel) à un partenariat sur 14 marques. Avec cet accord, BNP Paribas Personal Finance fera croître ses encours automobiles d’environ 6 milliards d’euros. Notons également que nous allons réaliser des synergies significatives avec Stellantis en termes d’informatique grâce à une seule plateforme mutualisée pour toutes les marques", a précisé Charlotte Dennery, directrice générale de BNP Paribas Personal Finance, au Journal de l'Automobile.

 

Une mise en place dès 2023

 

Hasard du calendrier, ou non, ces accords aboutiront en 2023, date à laquelle Stellantis débutera une nouvelle relation avec ses réseaux de distribution. Dans un premier temps sur les marques premium et le VU et tous segments en Autriche, Pays-Bas et Belgique, avant la généralisation des contrats d'agents commissionnaires.

 

Si Stellantis se défend d'un lien de cause à effet entre cette stratégie et les nouveaux contrats d'agents, difficile pour les réseaux de ne pas y penser. D'autant que leur future relation prévoit d'ores et déjà de faire appel exclusivement à la captive du constructeur pour le financement des clients.

 

A lire aussi  Bernard Lycke, Cecra : "Les constructeurs ont-ils bien perçu les obligations qui vont avec le contrat d'agent ?"

 

Pour l'instant, aucune précision n'a été apportée sur l'incidence de ces futures coentreprises sur le financement des stocks des réseaux. Une fois encore, les nouveaux contrats de distribution auront une conséquence sur cette activité. Si les distributeurs automobiles continueront de porter leurs stocks, les agents n'auront pas à le faire. Ce nouveau contrat juridique prévoit en effet que ces derniers ne doivent porter aucun risque financier.

 

Rationalisation des activités de financement

 

Le groupe Stellantis utilise depuis de nombreuses années déjà le principe des partenariats qui facilitent le déploiement d'activité. Dans le financement, notamment, le groupe disposait jusqu'à cinq entités dans chaque pays : PCD Finance, Opel-Vauxhall Finance, FCA Bank, Leasys et Free2Move Lease. Ces nouveaux accords réduisent donc l'organisation à trois structures : une pour le leasing, deux pour le financement des clients (soit avec Santander, soit avec BNP Paribas).

 

"Ce mouvement a été engagé par certains acteurs suite à la crise bancaire de 2008 et des difficultés d’accès aux sources de financement qui s’en sont suivies. C est un moyen pour les captives de sécuriser l’accès au refinancement en cas de crise de liquidité. Les partenariats avec les banques qui consolident l’ensemble du bilan des captives permettent également de réduire les ratios d'endettement des constructeurs, ce qui peut être utile pour certains", précise Charlotte Dennery.

 

A lire aussi : Le secteur du financement en pleine ébullition

 

En France, par exemple, les distributeurs Opel verront leur partenaire financier changer, en 2023, puisque BNP Paribas Personal Finance devra passer la main à Santander. Ce qui permettra notamment à Cetelem de revenir en tant que société de financement indépendante dans le réseau Opel. Ce qui lui était interdit tant qu'il était dans la posture d'une captive. De même, la volonté de multimarquisme intragroupe affichée par Stellantis sera facilitée avec un pivot de financement central pour tous les panneaux.

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