Le groupe Kroely lance RepairFlow à l'assaut des usines VO
L'annonce était si importante qu'elle a occulté l'actualité technologique. Quand Stellantis & You et Alcopa Auction ont inauguré, en février, leur usine de reconditionnement de voitures d'occasion, il y avait un nouveau venu dans la délégation. Pourtant, Jean Barthel, directeur général de RepairFlow, a été de toutes les conversations avec les visiteurs. Et pour cause, il est à l'origine du logiciel qui organise la chaîne de production.
Pour comprendre le sujet, il faut remonter en arrière de plus de cinq ans. Fin 2018, il imagine avec Weinmann une solution capable de piloter l'activité d'un centre de reconditionnement. Le fabricant de cabines de peinture souhaitait compléter son offre à destination des opérateurs de structures. Le premier test valide l'intérêt du projet. Mais Paul Kroely, le président du groupe de distribution éponyme, flairant l'opportunité, souhaite alors entrer au capital.
"Nous avons créé une société commerciale en 2021. J'en suis devenu l'actionnaire principal, tandis que les groupes Kroely et Weinmann le sont à parts égales", explique Jean Barthel. Ce dernier trouvera d'autres ressources financières auprès d'institutionnels et entre au Semia, le principal incubateur dans son fief de l'est de la France.
Gagner du temps sur les moments d'attente
Riche de 700 000 euros de capital, il finance le développement de RepairFlow. "En partant d'une feuille blanche, nous avons pu éditer une solution entièrement paramétrable selon les désirs des clients", explique Jean Barthel.
L'outil supervise l'entièreté du parcours d'une voiture d'occasion à reconditionner. Cela va de la commande de transport à la restitution. "Notre module de diagnostic analyse le véhicule et édite le devis automatiquement sans la moindre ressaisi", mentionne le concepteur. Et tout a été pensé dans un souci de gain de temps.
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En fait, il s'agit même du cœur de RepairFlow comme en atteste Jean Barthel. "Nos mesurons en permanence les intervalles de temps. Ainsi, l'interface aide constamment à aller chercher des gains". Les déplacements, les attentes de validation, les délais d'acheminement des pièces de rechange sont autant de situations placées sous surveillance.
Les premières statistiques commencent à parler. RepairFlow constate qu'en moyenne une voiture d'occasion passe 18 jours dans les tuyaux du reconditionnement. Cependant, le temps d'intervention humaine n'excède jamais deux jours. "Ce qui tend à prouver que 60 % du moment passé par une voiture dans une usine n'est lié ni à une intervention humaine, ni au séchage de la peinture", interprète l'éditeur.
Des balises dans les voitures
Dans le but d'optimiser les flux, la filiale des groupes Kroely et Weinmann a eu une autre idée. Comme dans les industries les plus modernes du monde, RepairFlow génère systématiquement un jumeau numérique du site de reconditionnement. Les superviseurs pourront alors suivre, comptabiliser et mesurer avec une grande précision les performances de l'activité.
Pour ce faire, l'éditeur alsacien a fait appel à une compétence extérieure. Un partenaire qui lui fournit un jeu d'antennes et de balises individuelles. Ainsi, chaque voiture est équipée à la descente du camion d'un équivalent des AirTag d'Apple. Alors, sur la cartographie de l'usine virtuelle, les VO sont géolocalisés à un mètre près.
Cela permet de chronométrer le temps de passage réel à chaque poste. Mais l'interface de RepairFlow donne aussi la possibilité de repérer en coup d'œil l'emplacement sur le parking. "Les utilisateurs gagnent environ 20 minutes sur le temps de recherche des voitures stationnées", relève Jean Barthel sur les premiers sites déployés, dont celui d'Alcopa Auction et Stellantis & You.
Dix à quinze euros par voiture
Ce système de localisation s'amortit en un an, d'après les estimations. Le retour sur investissement pour le logiciel serait quasiment immédiat, à en croire le concepteur. Il facture un abonnement et un montant variable en fonction du volume. "Nous estimons que tous les coûts mis bout à bout, notre solution a un impact de dix à quinze euros par véhicule reconditionné", confie-t-il.
En entrant au capital, le groupe Kroely a préparé la prochaine phase de son développement. Il utilisera la solution dans son premier site de reconditionnement. Un projet sur lequel plusieurs sources affirment qu'il avance. "Nous voyons trois marchés, liste Jean Barthel. Il y aura les distributeurs, les constructeurs et indépendants comme les débosseleurs".
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Ce marché n'a pas attendu l'arrivée de RepairFlow pour apporter des solutions. Certains se souviendront que Be2Link avait dégainé avec Mecaplanning Factory, le logiciel utilisé dans les CRVO depuis 2021. Aussi, le groupe Gemy a financé sa filiale, Progicar, qui a lancé commercialement Progicar Remarket en juin 2023. Ces trois compétiteurs font déjà partie de ceux qui ont validé leur stand aux EMVO, qui se tiendront le 15 mai prochain.
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