Bruno Le Maire défend une stratégie protectionniste pour l'Europe
"Il n'y aura pas d'avenir pour l'industrie automobile européenne sans réciprocité dans les échanges commerciaux", a indiqué Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, lors du Sommet automobile, qui s'est déroulé en marge du Mondial de l'Automobile.
Alors que le président de la République rendra visite à Joe Biden, son homologue américain, on peut facilement imaginer l'un des nombreux sujets qui seront évoqués. Le président des Etats-Unis a, en effet, décidé de l'Inflation Reduction Act, qui réserve les aides à l'achat de véhicules électriques aux modèles fabriqués sur le sol américain et dont les batteries sont au moins produites avec 40 % de matières premières locales.
"Tous les efforts faits aujourd'hui seront vains si l'Europe ne résiste pas mieux à la concurrence internationale et n'est pas plus agressive pour défendre ses intérêts économiques. La préférence européenne en matière industrielle doit faire partie des instruments économiques", a poursuivi Bruno Le Maire.
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Un premier pas a déjà été fait par le gouvernement en accordant un bonus augmenté à 7 000 euros, dès le 1er janvier 2023, pour les ménages à revenus modestes. En contrepartie, les constructeurs français ont également entamé un mouvement de localisation, que ce soit Renault avec la décision de la production de la future R5 électrique à Douai ou encore Stellantis dont la production de six modèles électriques supplémentaires a été annoncée par Carlos Tavares, le directeur général du groupe.
Mais pour le ministre de l’Économie, elles ne sont pas encore suffisantes : "D'autres annonces doivent suivre. Pourquoi un véhicule de segment B, je pense par exemple à la Peugeot 208, ne serait pas produite sur le sol français ?"
Les baisses d'impôts vont se poursuivre
Pour accompagner ce mouvement, le gouvernement a lancé son deuxième plan automobile qui porte sur un montant de 2,6 milliards d'euros. "Pendant des décennies, nous avons laissé filer nos emplois industriels. C'est terminé ! Nous allons maintenir les baisses d'impôts et notamment les impôts sur les sociétés à 25 %" a insisté le ministre.
"Nous prévoyons également dans le projet de loi de finances 2023, la suppression en deux temps de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) : 4 milliards d'euros en 2022 et 4 milliards également en 2023. Le tout crée un environnement favorable pour l'industrie et en particulier pour l'automobile. Nous devons appuyer sur l'accélérateur plutôt que le frein et surtout arrêter de pleurer sur le lait renversé pendant des heures. La France ne l'a pas emporté sur la décision européenne et nous devons accélérer vers le monde électrique", a-t-il encore indiqué.
Contre les certificats dans le règlement batteries
Le ministre de l’Économie a également annoncé vouloir peser dans les discussions européennes sur le règlement européen concernant les batteries et notamment revoir la possibilité de certificats d'origine. "Les batteries sont un composant essentiel de la technologie électrique. Nous avons réussi à accomplir cette révolution, en engageant la production sur le sol européen de nos propres batteries. Mais si nous produisons nos propres batteries dans des conditions exemplaires tout en laissant l'Europe se faire inonder par des produits issus de centrale à charbon… ce sera un énorme gâchis de temps et d'argent", a ajouté Bruno Le Maire. Une vigilance doit donc être portée sur ces certificats d'origine, qui, selon lui, sont plus du ressort du greenwashing.
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