Les nouvelles ambitions du groupe Vauban
Dans son bureau, est accroché un dessin d’enfant, il est signé de Denis Hossard, sur lequel figure une date : 1966. Il représente un grand garage avec devant une rue, des camions et des voitures. Sur le toit de ce garage très années 60, est écrit en gros "Peugeot". Le ton est donné. Car la famille Hossard et la marque au lion sont intimement liées. Et ce, depuis un siècle. L’histoire a, en effet, commencé en 1922. À Saint‑Germain‑en‑Laye (78), rue de Paris. La ville, située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Paris, accueille à cette époque les courses du Bol d’or, auto et moto. En 1935, le grand‑père d’Olivier, Louis, devient associé avec le fondateur du garage, puis prend les rênes en 1942. En 1957, le garage déménage sur la place Vauban, une adresse qui donnera trois ans plus tard le nom de la société et qui deviendra son siège social, encore aujourd’hui. Pierre, le père d’Olivier, reprendra l’affaire dans cette période et ouvrira en 1989 une deuxième concession à Chambourcy (78), une commune voisine.
22 sites et 650 collaborateurs
Il faudra attendre 1993 pour que la destinée de la SA Vauban Automobile prenne une autre tournure. Diplômé de HEC, Olivier Hossard a passé sept ans dans une grande banque d’affaires. "Je ne me destinais pas vraiment à reprendre les concessions de mon père qui, lui, voulait que je lui succède, se rappelle Olivier Hossard. Mais j’ai eu un doute, voire une crainte. Celle de regretter de ne pas avoir su saisir cette opportunité qui s’offrait à moi." Il a donc dit oui et succédera à son père un an après son arrivée. 28 ans plus tard, il ne regrette pas son choix. "J’ai repris une entreprise avec deux garages et une centaine de personnes qui est devenue aujourd’hui un groupe qui dispose de 22 sites et qui emploie 650 collaborateurs." Dès son arrivée, il pousse la société familiale vers la croissance externe. Pendant une dizaine d’années, il rachète des concessions Peugeot dans le nord des Yvelines et dans l’ouest du Val‑d’Oise.
En 2010, près de 90 ans après l’ouverture du garage Peugeot que dirigera son grand‑père, il ouvre le groupe à une autre marque. Une opportunité avec Seat, à Chambourcy, puis en 2012, il intègre Toyota. Il reprend cinq sites, toujours sur son territoire. Dix ans plus tard, la marque japonaise lui assure une belle performance et pas loin de 20 % de ses 400 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisé en 2021. "L’année dernière, nous avons très fortement progressé, indique‑t‑il. Nous sommes passés de 1700 à 2700 unités." La raison d’un tel succès? Peugeot peine auprès des particuliers, et encore plus auprès des sociétés depuis que le groupe Stellantis a décidé de geler les protocoles à destination des entreprises à l’automne dernier, stratégie qui semble continuer sur ce premier mois 2022. Pendant ce temps, Toyota performe sur tous les canaux de distribution. "Outre la disponibilité des produits, la marque offre une électromobilité simple et facile d’accès, très appréciée par l’ensemble des clients", résume‑t‑il.
Des sites trimarques
Au cours des quatre dernières années, la croissance externe du groupe s’est accélérée. En 2018, il reprend les 50 % de parts que détenait le groupe Neubauer dans une plateforme de pièces de rechange. Ce dernier avait rejoint Vauban en 2007 sur ce projet. Les liens étroits que le parisien avait avec la marque au lion depuis 1935 prendront définitivement fin avec le rachat des sites Peugeot de Saint‑Brice‑sous‑Forêt (95) et de Chambly (60) en mars dernier. À la même époque, la marque aux chevrons fait son apparition dans le groupe d’Olivier Hossard. Entre 2018 et 2020, il reprend les concessions de Mantes, des Mureaux (78) et de Gisors (27).
Développement dans le VO
En 2021, le groupe a écoulé 11 273 voitures, dont 6 967 Peugeot, 2717 Toyota, 989 Citroën, 100 DS Automobiles et 500 Seat et Cupra, "une marque qui me surprend agréablement", glisse‑t‑il. Une bonne année, malgré la situation? "Sur mon territoire, mon potentiel est d’environ 13000 voitures, indique le concessionnaire. J’ai été pénalisé sur les retards de livraison; j’ai même dû chez Seat enregistrer des annulations de commande liées à la pénurie." Figurant en 2020 à la 36e place du top 100 des distributeurs édité en juillet dernier par Le Journal de l’Automobile, Olivier Hossard compte poursuivre sa stratégie de croissance externe. "Elle passera par les marques que nous représenterons", indique l’entrepreneur. Il aurait bien aimé reprendre les affaires Toyota de l’ouest du Val‑d’Oise, détenues par le groupe Maréchal, mais elles sont tombées dans l’escarcelle du premier distributeur Toyota de France, le choletais GCA, piloté par David Gaist. "D’autres opportunités pourraient se profiler dans les mois à venir", tempère Olivier Hossard qui lorgne vers le nord et surtout vers l’ouest.
En effet, la concession Peugeot de Trie‑Château (60), limitrophe de Gisors, là où le groupe Vauban est déjà présent avec Citroën, et celles d’Évreux, de Bernay et de Vernon (27), toutes appartenant au groupe Midi Auto, qui a vu son contrat avec Stellantis être résilié, pourraient être une bonne occasion de développement. Il regarde également du côté des marques de l’ex‑groupe FCA, "bien que la situation soit un brin compliquée", glisse‑t‑il mesuré. Mais quelles que soient les reprises, elles seront dictées par la proximité territoriale qui est un des piliers de son expansion. "Je souhaite rester proche de mes affaires et de mes collaborateurs, car les valeurs humaines sont mon leitmotiv dans ma façon de diriger une société." La croissance externe ne passera pas uniquement par un agrandissement de son territoire.
Si Olivier Hossard reste assez partagé sur les nouvelles formes de mobilité ou sur la location courte durée, il ambitionne de développer à court terme son activité VO. "Je cherche actuellement un coordinateur VO", précise‑t‑il. Il souhaite, en effet, non seulement augmenter ses volumes, mais également mettre en place une plateforme de reconditionnement près de son centre de pièces détachées de Saint‑Ouen‑l’Aumône (95) et pourquoi pas créer son propre label VO. "Je prévois de développer le sourcing, de mettre en place des outils numériques pour faciliter les ventes BtoB et BtoC, bref de créer une véritable filière sur ce canal." Car avec les nouveaux contrats d’agent que Stellantis prévoit de déployer dans les prochaines années, le groupe Vauban, comme d’autres d’ailleurs, souhaite avoir les coudées franches sur ce créneau rémunérateur.
Optimisation des surfaces
Il réfléchit également sur l’utilisation des ateliers, notamment sur la partie foncière, où, en région parisienne, chaque mètre carré est compté. "Avec l’électrification du parc, les ateliers risquent de connaître une importante décroissance de l’activité, estime‑t‑il. Il faudra donc penser à la rationaliser, tout comme nous l’avons fait avec la carrosserie, il y a plusieurs années. Je ne suis pas pour une carrosserie unique, car cela nécessite d’importants coûts en logistique, mais j’ai par le passé limité leur nombre afin d’optimiser les sur‑ faces de mes affaires."
Si, aujourd’hui âgé de 60 ans, Olivier Hossard ne compte pas s’arrêter dans les années à venir, il n’élude pas pour autant la question. "J’ai quatre enfants dont l’aîné se rapproche de la trentaine, présente‑t‑il. Sont‑ils prêts à reprendre le flambeau? Je n’en sais rien. Je ne l’étais pas d’ailleurs quand mon père me l’a demandé. En outre, la situation n’est pas la même ; le groupe Vauban n’a pas du tout la même taille que lorsque je l’ai repris de mon père au milieu des années 90. Nous verrons."
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