Les 10 points marquants du marché automobile de février 2023 : le calme avant la tempête ?
En progression, mais...
Difficile de tirer des conclusions sur l'état du marché en février 2023. Certes, il a progressé de 9,4 % avec 126 237 immatriculations, une relative belle envolée si l'on compare avec les chiffres des mois précédents. Une telle progression permet d'ailleurs de voir les immatriculations depuis les deux premiers mois de l'année croître de 9,1 % pour un total de 238 176. Mais cette bonne santé va-t-elle durer ? Est-elle l'illustration du retour des clients dans les concessions ? Il semblerait que non. A écouter le réseau, les commandes tendent à baisser (cf ci-dessous). Il faudrait alors plutôt voir dans cette progression la livraison d'une partie du portefeuille enregistré en 2022. En outre, lorsque l'on regarde dans les détails, on s'aperçoit que certaines marques, notamment celles de Stellantis montrent une immatriculation en masse sur les deux derniers jours de février. Une stratégie, si elle s'avère volontaire, qui, de par son ampleur, remettrait en question ces +9,4 %.
Les immatriculations miracles de Peugeot
Le 26 février 2023, Peugeot n'était pas en grande forme. Avec 12 490 immatriculations sur le marché du VP à cette date, la marque enregistrait une baisse de 10,5 %. Mais deux jours plus tard, le 28 février, Peugeot finissait avec au compteur 20 057 immatriculations, soit en l'espace de 48 heures, 7 567 unités supplémentaires. Soit un coup de boost de 37,7 % ! Un tel sursaut qui lui a permis d'afficher au final une progression des ventes sur le mois de 3,7 %. Ce coup d'accélérateur est-il lié au processus d'enregistrement des immatriculations ? En février, Peugeot a vu ses ventes sur le canal des particuliers progresser de 26 %, à 6 053 unités, tout comme celles de la LCD en progression de 10,7 % (1 527 unités). A noter que le canal des VD est en baisse de 7 %, mais à 2 660 unités, il représente 13 % des immatriculations de la marque. Surtout, en volume, Peugeot est le plus gros faiseur de VD du marché à comparer au 1 608 Renault immatriculés sur ce canal.
... Et de Citroën
Ce n'est pas mieux chez Citroën, qui ne remonte toujours pas la pente. En février, la marque reste collée au pied du podium avec 9 136 immatriculations, en baisse de 23,7 %. C'est d'ailleurs la plus grande chute du marché pour une marque généraliste. Et cela aurait pu être pire, car le 26 février, Citroën enregistrait 5 596 immatriculations (-35 %). En deux jours, la marque a donc immatriculé 3 540 voitures, soit un un coup sur la pédale de gauche de 38,7 %, similaire à ce que l'on a observé chez Peugeot. Mais dans le cas de Citroën, le constat est plus intriguant : tous les canaux de vente sont dans le négatif.
La limite de la hausse des prix est atteinte
Si les niveaux de livraison semblent s'améliorer, on ne peut pas en dire autant des commandes, ce qui explique également la déconfiture de certaines marques sur ce mois de février. En effet, Peugeot fait notamment les frais de plusieurs mois de commandes en berne (en réalité depuis la rentrée de septembre 2022) et ne peut ainsi montrer d'amélioration dans ses immatriculations. Le CCFA fait état d'un carnet de commande VP en chute de 9 % sur le mois de janvier (février n'est pas encore connu) mais toutes les marques ne sont visiblement pas logées à la même enseigne. Dacia continue d'afficher des commandes en augmentation, MG fait un carton avec son modèle 4. Tesla voit sa Model Y s'envoler depuis l'annonce de la baisse des tarifs. Un signe de la limite franchie par le marché dans la flambée tarifaire pour les Français ?
Le Top 5 des modèles les plus vendus
Cela étant dit, la Peugeot 208 reste depuis des mois la première voiture la plus immatriculée en France. Elle s'est écoulée à 7 279 unités (+12,4 %) et représente à elle seule une part de marché de 5,8 %. Mais derrière ce chiffre, se cachent pas mal de véhicules de démonstration (18,3 %). Sur la deuxième marche du podium, Renault a mis sur le marché 5 332 Clio (+4,6 %). A titre de comparaison, les VD ne couvre que 8,1 % des ventes de la Clio. La Dacia Sandero remporte la médaille de bronze avec 4 717 immatriculations (+27,6 %). Au pied du podium, se trouve la Peugeot 308 (4 028 ; +55,3 %). Ce classement se termine avec la Citroën C3 (3 806 ; - 34,5%) qui a failli se faire griller la place à 16 unités près par le Renault Captur.
Le Renault Austral en grande forme
Avec l'Austral, Renault aurait-il rompu la malédiction que la marque trimbalait sur le segment C des SUV ? Avec 3 958 immatriculations depuis le début de l'année, dont 2 375 en février, il est le 3e modèle le plus mis à la route du Losange. Il représente en effet 11 % du mix de Renault et couvre une part de marché, tout modèle confondu de 1,7 %, devançant l'Arkana, modèle pourtant relativement bien installé . Dans le détail, en février, il s'est immatriculé 1 500 Austral à particulier, 366 auprès des administrations, 174 en LLD et 321 en VD, ce qui fait à peine un véhicule par concession, le reste étant des immatriculations TT et usine.
Le diesel derrière l'électrique
Pour la deuxième fois, le diesel cède sa place de troisième énergie la plus vendue à l'électrique. Cette dernière a en effet vu ses immatriculations exploser de 45,6 % à 19 594 unités alors que le diesel a chuté de 27,4 % pour représenter 14 723 unités. En part de marché, l'électrique couvre donc 15,5 % des immatriculations contre 11,7 % pour le diesel. Pour les hybrides rechargeables, le marché semble avoir atteint depuis plusieurs mois son plafond de verre avec une part de marché de 8,3 %, soit 10 494 (+8,4 %). Les modèles essence dominent toujours avec une pénétration de 37,3 % (47 125 ; +7,7 %) tandis que les hybrides couvrent 20,9 % du marché (26 354 ; +16,7 %). Enfin, les énergies alternatives (GPL et E85) poussent doucement mais surement. Elles représentent 5,9 % du marché (7 487 dont 4 711 GPL).
VUL : Peugeot et Citroën en crise, Renault en forme
L’année 2023 commence décidément bien mal pour les utilitaires légers. Après la chute de 6,3 % en janvier, les mises à la route dégringolent de 7,8 % en février, à seulement 26 196 unités. Le total cumulé sur les deux mois s’élève à 52 555 immatriculations, soit un repli de 7,1 % par rapport à 2022. Dans ce contexte morose, Renault est plutôt à la fête puisque la marque au losange progresse de 6,7 % depuis janvier avec 14 915 unités au compteur. Une dynamique qui contraste avec celle de Peugeot et Citroën, qui décrochent respectivement de 18,6 % et 40,6 % en 2023. Les deux marques du groupe Stellantis plombent à elles seules le marché. Parmi les acteurs de premier plan, Iveco (-21,4 %) et Mercedes-Benz (-15,2 %) sont également en berne. A l’inverse, Fiat (+48,5 %), Volkswagen (+53,8 %), Toyota (+3,5 %), Opel (+2,3 %) et Nissan (+16,4 %) démarrent l’année du bon pied.
Les flottes plombées par les VUL
Les immatriculations sur le canal des flottes ont souffert, en février, de la chute du marché des utilitaires légers. Le bilan comptable est négatif, avec un recul, certes minime, de 0,5 % des mises à la route, à 59 275 unités. Depuis janvier, la baisse se limite à 0,1 %, à 113 620 VP et VUL. La dynamique est intéressante du côté des voitures particulières, avec une progression de 6,4 % en février, soit un volume de 39 552 unités. Sur les deux premiers mois de l’année, les mises à la route progressent de 6,7 % pour un total de 73 862 voitures. Mais comme évoqué précédemment, les utilitaires légers sont à la traîne : -12 % en février (19 723 unités) et -10,6 % depuis janvier (39 758). Seule éclaircie sur ce segment, la montée en flèche des électriques de 93,3 % depuis janvier pour un total de 2 969 unités. Les VUL zéro émission affichent une part de marché de 7,5 % en 2023, contre 3,5 % à la même époque en 2022.
Le marché des occasions perd 6,6 %
Avec un total de 418 585 transactions, le marché des voitures d'occasion a glissé de 6,6 % par rapport à février 2022. Ce qui porte le total à 829 165 unités (-6,7 %) après deux mois. Renault a perdu 9,8 % (78 883 unités), Peugeot a rendu 7,3 % (74 282 unités) et Citroën s'est calé sur la moyenne nationale (45 725 unités). Toyota progresse (+ 0,5 %, à 14 916 unités), mais Dacia fait plus fort (+ 7,5 %, à 12 219 unités). Avec 112 898 (+5,8 %), les voitures d'occasion de plus de 16 ans affichent 27 % de pénétration. Toutefois, les exemplaires âgés d'un an ont gagné 4,6 % en février, à 20 237 unités. Du côté des véhicules utilitaires d'occasion, les ventes ralentissent de 1,9 %, à 68 920 unités. Fiat (+0,4 % ; 5 634 VUO), Ford (+2,3 %, à 4 412 VUO), Volkswagen (+7 % ; 3 204 VUO), Nissan (+4,7 % ; 1 677 VUO) et Toyota (+11,5 % ; 934 VUO) sortent alors renforcés de la période.
(avec Damien Chalon, Catherine Leroy et Gredy Raffin)
Retrouvez l'intégralité des immatriculations de véhicules neufs et d'occasion de février 2023 dans notre Data Center.
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