Les constructeurs étrangers forcés de revoir leur stratégie en Chine

Le marché chinois n’est plus ce qu’il était pour les constructeurs occidentaux. Ils ne cessent de perdre du terrain sous l’effet conjugué de la montée en puissance des groupes chinois mais surtout de la bascule vers les véhicules électriques. 

Beaucoup de constructeurs occidentaux et nippons se posent des questions quant à la suite à donner à leurs activités dans le pays. Stellantis a ainsi changé son fusil d’épaule en liquidant ses coentreprises et en entrant au capital de Leapmotor. Volkswagen a présenté lors du dernier salon de Pékin une nouvelle stratégie pour ce marché baptisée "En Chine, pour la Chine". 

Nissan optimise son appareil industriel 

Aujourd’hui, Nissan vient d’annoncer la fermeture d’une usine dans le pays. Un site situé à Changzhou, dans le cadre d’une coentreprise avec Dongfeng, qui est capable de produire 130 000 unités par an. Un chiffre qui ne représente toutefois qu’environ 8 % de la capacité installée de Nissan dans le pays (1,6 million de véhicules).

Avec près de 800 000 ventes en 2023, Nissan a perdu 24,1 % en volume (-16,1% à périmètre constant), face à la concurrence devenue redoutable des constructeurs locaux. Un niveau de vente donc bien loin des capacités de production de Nissan dans le pays. 

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Cette fermeture ressemble donc plus à une rationalisation. Ce que confirme le constructeur : "Dongfeng Nissan a cessé de produire dans son usine de Changzhou et cela fait partie de notre optimisation", selon une brève déclaration du constructeur nippon transmise à l'AFP, confirmant des informations parues plus tôt dans le quotidien économique Nikkei.

Car Nissan ne veut pas abandonner le marché chinois. Au contraire. Il veut développer des modèles électrifiés spécifiquement pour ce pays et en y améliorant sa compétitivité. Fin mars, Nissan s'est fixé l'objectif de redresser ses ventes en Chine à un million d'unités par an d'ici trois ans. 

De plus, pour mieux utiliser ses usines locales, Nissan compte aussi recourir, à partir de 2025 , à une partie de ses capacités de production existantes pour l'export, à raison de 100 000 unités par an.

Rester ou partir ? 

Dans tous les cas de figure, le marché chinois n’est plus et ne sera plus un terrain de jeu facile pour les constructeurs étrangers. Sans même parler des possibles conséquences des taxations annoncées par l’Europe et de la réponse que Pékin ne manquera pas de faire. 

Un analyste de Bank of America Securities va même plus loin quant à l’avenir des constructeurs américains en Chine. En effet, John Murphy les appelle à quitter le marché chinois. Pas pour des raisons politiques, mais "pour préserver leur capital dans le cadre de la transition coûteuse vers les voitures électriques." Stellantis et Ford ne sont pas les plus implantés, mais en revanche, pour GM, ce serait compliqué au regard de ce que pèse le marché chinois dans ses ventes. 

Et plus largement, comment un constructeur à l’envergure mondiale pourrait se passer d’un marché de près de 30 millions de véhicules ? Même s’il est difficile à appréhender. Les efforts de l’Allemagne pour adoucir les relations entre l’UE et la Chine et ainsi préserver leurs industries présentes dans le pays témoignent de l’importance que revêt encore le marché chinois.