En 2023, la France a produit autant de voitures... qu'en 1960 !

Les chiffres donnent le tournis. Alors que la France a été pendant des décennies, l'un des premiers pays producteurs d'automobiles en Europe, généralement à la deuxième place derrière l'Allemagne, l'année 2023 a été l'une des pire années.

Selon une étude du cabinet Inovev, le pays a produit en 2023 moins d'un million de véhicules, se positonnant, désormais à la quatrième place, très loin derrière l'Allemagne, mais également l'Espagne et désormais la République tchèque.

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"Après 2004, on assiste malheureusement à un déclin continu de la production automobile française, explicable principalement par l’insuccès de nouveaux modèles des segments supérieurs (D et E) et par la décision de délocaliser beaucoup de modèles hors de France", analyse le cabinet Inovev.

Il y a plusieurs années, Stellantis et Renault ont en effet décidé de délocaliser la production de leurs modèles phares, ceux du segment B, comme la Peugeot 208 (produite entre autres en République tchèque) et la Renault Clio (Turquie).

La France en berne

Il est surtout impressionnant de noter le décalage entre les capacités de production des usines françaises et la production réelle (cf tableau). Le site le plus productif est celui de Toyota, à Onnaing (59), qui assemble les Yaris et Yaris Cross, tordant le cou au passage aux discours des dirigeants des groupes automobiles français qui assènent qu'il n'est économiquement pas rentable de produire des petites voitures en France. Avec une capacité de 300 000 unités, l'usine nordiste a assemblé environ 270 000 véhicules.

Arrive ensuite en deuxième et troisième position les sites de Stellantis de Mulhouse (68) et de Sochaux (25) qui tournent à un peu moins de deux tiers de leur capacité de production, cette dernière étant identique à celle de Toyota à Onnaing.

L'Allemagne toujours numéro 1

De son côté, l'Allemagne a produit plus de quatre fois plus de véhicules que la France. Mais même au pays des voitures premium, la tendance est baissière. Le pic de production a été atteint en 2011 avec 5,7 millions d’unités et s’est stabilisé jusqu’en 2014.

Certes, le pays a connu une la chute de la production observée entre 2015 et 2021 ; le volume de voitures particulières fabriquées est passé brutalement en six ans de 5,6 millions à 3,0 millions d’unités. Les raisons ? Le retrait progressif d’Opel et de Ford et la délocalisation de modèles vers l’Amérique du Nord, la Chine, l’Est et le Sud de l’Europe. Néanmoins, l'Allemagne reste, avec quatre millions de voitures, le premier producteur européen.

L'Espagne en forte progression

L'Allemagne est suivie par l'Espagne qui voit sa production progresser sans interruption depuis 2010. La pays est d'ailleurs devenu le lieu de production des constructeurs français. Elle est passée de 1 million de voitures particulières en 1980 à 2 millions en 1995 et 2,5 millions en 2000, "une croissance spectaculaire due non seulement à la demande intérieure mais aussi et surtout aux exportations, aidées par les délocalisations de production en France et en Allemagne vers l’Espagne, pays qui bénéficiait alors d’un coût de main d’œuvre bien plus faible", commente Inovev. Résultat, l’Espagne a produit en 2023, deux fois plus de voitures particulières que la France (1,85 million d’unités contre 950 000) mais deux fois moins que l’Allemagne.