Audi Sport à l’heure électrique

Le 10 octobre 1983, Quat­tro GmbH naissait. Voilà 40 ans que cette filiale du constructeur, devenue Audi Sport depuis, porte et renforce la sportivité de la marque aux anneaux. Plus de 20 modèles siglés RS ont composé cette lignée. Finalement, tout a commencé sous l’impulsion d’un certain Ferdinand Piëch dans les an­nées 70, avec le coupé Quattro dévoilé au salon de Genève en 1980.

Le coupé Quattro (ici en rouge), dévoilé à Genève en 1980, sera la base de l’épopée d’Audi en rallye et marquera durablement l’histoire du constructeur. ©Audi

Il grave dans les gènes d’Audi la transmission in­tégrale Quattro et le moteur 5 cylindres turbo. Deux piliers que l’épopée des Audi Quattro A2 et S1 groupe B vien­dra définitivement sceller dans l’ADN de la marque d’Ingolstadt.

Durant les quatre décennies suivantes, Audi Sport utilisera le sport auto­mobile comme un laboratoire au service des productions de série. Le DTM, les 24 Heures du Mans, le WRX, la for­mule E, le Dakar… jusqu’à la Formule 1 qui sera une réalité pour Audi en 2026.

Dernier tour de piste

En 2033, la marque ne proposera que des modèles 100 % électriques en Europe. Naturellement, il y aura un impact sur les créations d’Au­di Sport. Mais ce n’est en rien la fin d’une histoire, il s’agit simplement d’un nouveau chapitre que laisse déjà entrevoir la RS e‑tron GT. Un modèle démontrant que la sportivité électrique peut être performante et bien dessinée.

En attendant d’autres témoins de cette nouvelle époque, Audi France a initié un dernier tour de piste pour les RS de l’ancien monde. Sur le circuit de Pau Arnos, la marque avait réuni un plateau de choix : du fameux coupé Quattro à la RS 2 Avant, en exposition, en pas­sant par le TT RS Iconic Edition, la dernière RS 6 Avant Performance ou encore l’ultime R8 GT limitée à 333 exemplaires dans le monde. Une réunion exceptionnelle à plu­sieurs milliers de chevaux‑vapeur. Et, cerise sur le gâteau, une RS 3 LMS ainsi qu’une R8 GT4 étaient aussi du voyage.

La RS 3 et le TT RS finissent en beauté

Le point commun de toutes ces RS, au‑delà des attributs stylistiques de la sportivité, est de cacher une mé­canique de caractère. 5 cylindres turbo, V8 biturbo, V10 atmosphé­rique, il y en a pour tous les goûts et toutes les oreilles. La "petite" RS 3 Performance propose ainsi une der­nière évolution du 5 cylindres tur­bo développant 407 ch et offrant 500 Nm de couple.

Limitée à 300 exemplaires dans le monde, dont dix en France, la RS 3 Performance fait briller une dernière fois le 5 cylindres turbo, ici porté à 407 ch. ©Audi

De quoi la cata­pulter à 100 km/h en 3,8 s et atteindre 300 km/h en pointe. Déraisonnable ? Sans doute. Mais quel plaisir sur les pentes du col d’Iraty, comme sur le circuit de Pau Arnos. Cependant, ce plaisir sera rare car cette RS 3 Per­formance sera seulement produite à 300 exemplaires pour le monde entier. Dix devraient connaître les routes de l’Hexagone.

Même chose avec le TT RS Iconic Edition qui vient clore l’histoire de ce coupé lancé en 1998. Un beau cadeau pour ce 25 ^e an­niversaire qui en fait déjà un collector avec seulement 100 unités en Europe.

Une ultime R8 GT  

La RS 6 Performance est la version la plus aboutie de la 4 ^e génération appa­rue en 2019. Son 4.0 V8 biturbo crache pour l’occasion 630 ch et dispose d’un couple de 850 Nm. Une puissance supplémentaire obtenue notamment avec de nouveaux turbos, plus gros, et une pression de suralimentation passant de 2,4 à 2,6 bars.

Autant dire que ça souffle fort mais ce break polyvalent pour "papas pressés" sera plus à l’aise sur les belles routes et autoroutes que dans des cols sinueux. D’autant que le modèle affiche tout de même 2 090 kg sur la balance.

Aujourd’hui équipée d’un V8 biturbo poussé à 630 ch dans sa version Performance, la RS 6 Avant goûtera dans le futur aux joies de l’hybridation de puissance. ©Audi

Le meilleur pour la fin : la R8 GT RWD. Audi livre ici l’ul­time version de son coupé apparu en 2006. Pour son dernier tour de piste, le V10 atmosphérique offre 620 ch et un couple de 565 Nm aux seules roues arrière. La boîte à double embrayage a également été revue pour des pas­sages de rapports encore plus rapides. Elle a aussi subi un petit régime avec 20 kg de perdus, pour se limiter à 1 570 kg.

Cela reste plus lourd que la R8 GT4 (1 460 kg) mais le coupé dédié à la compétition ne dispose "que" de 495 ch. Une querelle de chiffres qui n’a plus d’importance une fois au volant. Les caractères et la conduite sont logi­quement différents, mais les deux distillent un plaisir qui ne s’oublie pas et qu’il sera difficile de retrouver.

Plus de 250 000 ventes jusqu’ici

Durant ces quarante dernières années, Audi Sport a mis sur le marché de nom­breux modèles totalisant tout de même une production de plus de 250 000 uni­tés. En 2022, un record a même été battu avec 45 515 véhicules vendus.

Et l’avenir peut déjà se voir dans ce chiffre. En effet, plus de 10 000 RS e‑tron GT ont été écoulées. En France, le constat est quasi identique. Depuis 2017, la fi­liale a livré 5 528 modèles RS. En 2022, les modèles RS (362 unités) ont devan­cé les AMG (165) et M (145) qui eux aussi n’échapperont pas à l’électrifica­tion dans le futur.

Un nouveau chapitre s’ouvre donc et Audi Sport est confiant. "Avec l’Audi RS e‑tron GT, nous avons commencé l’ère des véhicules hautement émotion­nels et électriques, a indiqué Sebastian Grams, directeur général de l’entité. Avec les nouveaux modèles Audi Sport entièrement électriques sur la plate­forme PPE, comme le premier SUV électrique haute performance, nous al­lons continuer ce chapitre. D’ici la fin de la décennie, le portefeuille doit être converti à 100 % en modèles électriques et hybrides rechargeables. Nous voulons façonner l’avenir de la mobilité sur le segment de la haute performance de manière durable et progressive."

Le V10 atmosphérique de la R8 GT RWD offre 620 ch et un couple de 565 Nm aux seules roues arrière. ©Audi