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Les loueurs courte durée se préparent à un été 2022 difficile

Publié le 9 mai 2022

Par Catherine Leroy
5 min de lecture
Alors que les activités du tourisme et des voyages d'affaires reprennent, les loueurs courte durée souffrent d'un manque de véhicules et craignent pour la saison 2022. Pourtant, pour Guirec Grand-Clément, vice-président des métiers de la mobilité partagée de Mobilians, il est temps que le secteur soit reconnu à sa juste valeur.
Les loueurs courte durée ont enregistré 38 000 immatriculations depuis janvier 2022, en baisse de 40 %.

Avec des mises à la route en chute de 40 % par rapport à 2020 et surtout de 63 % au regard de 2019, le secteur de la location de courte durée fait la grise mine. Depuis le début de l’année, les enseignes de location n’ont immatriculé que 38 518 véhicules particuliers, alors qu’habituellement, (hors année de pandémie), le niveau dépasse les 100 000 unités. "Les chiffres sont parlants. Nous ne sommes pas un canal prioritaire et nous subissons une baisse plus importante que les autres canaux de vente", fait remarquer Guirec Grand-Clément, vice-président des métiers de la mobilité partagée chez Mobilians.

 

Manque de véhicule d'occasion

 

Si tous les canaux souffrent d'une baisse drastique des véhicules rendus disponibles par les constructeurs, celle subie par la location courte durée affiche de nombreuses conséquences. Le métier en souffre en premier lieu. En 2020, l'activité des loueurs s'est effondrée de 90 % à cause des confinements successifs, 2021 a connu un redémarrage un peu poussif que ce soit pour le tourisme ou les voyages d'affaires.

 

En même temps, le canal de location de courte durée est une importante source d'approvisionnement pour le marché de l'occasion. Il déverse en effet chaque année près de 250 000 VO de moins d'un an. Or, en 2020, un peu moins de 130 000 VO étaient issus de ce canal et en 2021, 160 000.

 

Nouvelle saison difficile

 

Alors que la saison touristique va bientôt démarrer, ces acteurs risquent fort de manquer de véhicules dès le mois de juillet. Après des hausses de 35 % en moyenne en 2021 par rapport à 2019, observées par le comparateur Carigami, le secteur devrait afficher de nouvelles augmentations de tarifs qui propulseraient la semaine de location entre 400 et 500 euros dans des villes comme Biarritz, Nice ou encore Ajaccio.

 

Guirec Grand-Clement, vice-président des métiers de la mobilité partagée de Mobilians.

"Chaque enseigne a mis en place des stratégies différentes que ce soit en gardant les véhicules plus longtemps, en trouvant de nouvelles sources d’approvisionnement chez des marchands ou des distributeurs locaux. Chacun essaie de trouver des solutions pour gérer la reprise de l’activité", poursuit celui qui occupe également la fonction de vice-président directeur général d’Enterprise France.

Priorité aux particuliers

 

La raison de cette gestion d’équilibriste ? Les problèmes de production automobile engendrés par la pénurie des semi-conducteurs et aggravés par la guerre en Ukraine. Alors quand les véhicules livrables se font rares, les constructeurs choisissent en priorité les canaux de vente les plus rentables, c'est-à-dire les particuliers. "Chaque loueur possède des relations historiques avec les constructeurs et nous essayons de gérer au mieux, d'avoir un peu de visibilité mais il est vrai que le cycle est difficile et va durer encore un peu", ajoute Guirec Grand-Clément. Le moment de vérité est prévu pour fin juin. A cette date les professionnels connaitront précisément le manque de véhicules dans les parcs.

 

Reconnaître la location à sa juste valeur

 

"Il est temps que la location soit reconnue à son juste prix et notamment en fonction du service apporté au client", poursuit le vice-président des métiers de la mobilité partagée de Mobilians.  D'autant que les pouvoirs publics ont renforcé les obligations pour cette profession en inscrivant dans la Lom (Loi d'orientation des mobilités), une obligation de verdissement de la flotte. Obligation renforcée par la loi Climat et Résilience qui oblige à immatriculer 20 % de la flotte de entreprises en véhicules électrifiés en 2024 et 70 % en 2030.

 

"Même si l'on ne prend en compte que les quatre mois d'immatriculations de 2022, nous savons que les 10 % qui nous sont d'ores et déjà imposés pour cette année ne seront pas atteints. Sur le long terme l'électrification de nos flottes est notre plus grand défi. D'autant que nos véhicules une fois revendus sur le marché de l'occasion permettraient d'accélérer le verdissement du parc, qui est âgé de 11 ans. De plus, les loueurs courte durée représentent le plus grand parc d'essais potentiels. Nous avions proposé au gouvernement de distribuer un chèque essai de véhicule électrique d'une valeur de 30 euros et nous allons reprendre notre bâton de pèlerin avec le futur gouvernement", ne désarme pas Guirec Grand-Clément.

 

Reste que le problème de l'insuffisance des bornes de recharge en France ne plaide pas en faveur d'une plus importante électrification - les clients privilégient la demande d'un véhicule thermique - ni la baisse du bonus prévue pour la fin du mois de juin 2022 qui pour l'instant s'élève à 4 000 euros pour les entreprises.

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