S'abonner
Industrie

Le gouvernement perdu dans le labyrinthe des aides à l’achat de voitures électriques

Publié le 17 octobre 2024

Par Catherine Leroy
5 min de lecture
Bonus sous condition de ressources, suppression de la prime à la conversion, leasing social reconduit… Le gouvernement avance sur le plan 2025 des aides à l’achat de véhicules électriques. Mais toute la filière automobile dénonce une stratégie sans vision et sans évaluation.
Bonus écologique, prime à la conversion, leasing social
Bonus sous condition de ressources, suppression de la prime à la conversion, leasing social reconduit… le gouvernement avance sur le plan 2025 des aides à l’achat de véhicules électriques. Mais toute la filière automobile dénonce une stratégie sans vision et sans évaluation. (© William Crozes @ Continental Productions)

Dotés d'une enveloppe réduite à un milliard d’euros pour 2025, les dispositifs d’aide à l’achat de véhicules propres font l’objet de toutes les attentions.

 

Les recettes liées au malus automobile sont en cours de négociation à l’Assemblée nationale. Pendant ce temps, le gouvernement tente de préparer ses lignes de dépenses pour l’année prochaine. Celles-ci seront annoncées d’ici fin 2024, sous forme de décret. En attendant, les spéculations vont bon train sur l'avenir de la prime à la conversion, du bonus automobile ainsi que du leasing social.

 

Une prime à la conversion supprimée en 2025

 

Dévoilée par nos confrères des Échos, la possible décision de la suppression de la prime à la conversion laisse pantois tous les acteurs de la filière. "Personne n'a été consulté au préalable", s'étonne-t-on dans les couloirs du ministère de l’Énergie. "Il y a un vrai problème de méthodes."

 

De son côté, le délégué général de Mobilians, Xavier Horent, se demande : "Comment peut-on travailler sans datas ? Ce n'est pas supportable de continuer à élaborer des stratégies sans données et sans les partager avec les parties prenantes".

 

La prime à la conversion permet d'obtenir, sous condition de revenus, une aide jusqu'à 3 000 euros pour l'achat d'une voiture thermique d'occasion, et jusqu'à 5 000 euros pour l'achat d'une voiture électrique et/ou à hydrogène neuve ou d'occasion. En contrepartie de la mise hors circulation d'un ancien véhicule polluant.

 

Cette prime, qui s'est réduite au fil du temps, permet de remplacer un véhicule ancien par un modèle plus récent. Pour y accéder, les ménages doivent déclarer un revenu fiscal de référence qui ne dépasse pas les 24 900 euros. Pour l'ensemble de la filière, la prime à la conversion touche la cible de foyers plus modestes. Avec des bénéfices assez conséquents en terme d'émission de CO2. Et finalement, son coût pour le budget ne dépasserait pas les 150 millions d'euros.

 

A lire aussi : Le Parlement sauve des véhicules Crit'Air 3 de la casse

 

Cette année, entre janvier et juillet 2024, les professionnels ont recensé près de 30 000 dossiers retenus. Les deux tiers des véhicules acquis sont électriques. Et les modèles mis au rebus concernent pour 75 % des vieux véhicules diesel.

 

"En réalité, le gouvernement sabre des lignes budgétaires sans évaluation concrète. Nous regrettons un vrai déficit d'expertise de l’État qui n'est pas comblé", dénonce Marie Chéron de T&E.

 

Vers un bonus sous condition de ressources ?

 

Pour l'ONG Transport et Environnement, les trois dispositifs devraient être maintenus car ils ciblent des publics différents. Et pour éviter les coupes budgétaires arbitraires, certains proposent de travailler sous le prisme de l'euro investi rapporté à la tonne de CO2 économisée.

 

Avec cette vision de retour sur investissement, l'avenir du bonus écologique et du leasing social sera obligatoirement réduit.

 

Le bonus automobile pourrait notamment voir arriver la notion de conditions de ressources pour son attribution. Son montant serait donc fonction des revenus des ménages. "À ce stade, nous demandons juste que ce soit simple, dégressif et avec une trajectoire sur trois ans pour que les Français puissent au moins se projeter", poursuit Marie Chéron. Jusqu'à la fin de l'année, tous les particuliers qui achètent une voiture électrique bénéficiant de l'écoscore environnemental bénéficient d'une prime de 4 000 euros.

 

Les entreprises sont déjà écartées de l'aide à l'achat d'une voiture électrique.

 

Un leasing social reconduit mais allégé

 

La reconduction du leasing social est, pour l'instant, le seul dispositif qui a fait l'objet d'une prise de parole gouvernementale. François Durovray, ministre des Transports, a confirmé son renouvellement en 2025. Il est vrai qu'avec plus de 50 000 commandes enregistrées pendant les six semaines d'ouverture de cette prime, le leasing social peut être qualifié de véritable succès.

 

A lire aussi : Leasing social, la cible des foyers modestes est atteinte selon le gouvernement

 

Un peu trop sans doute, car cette aide, qui s'élevait jusqu'à 13 000 euros par dossier, a coûté 650 millions d'euros en 2024. Avec un tel budget, cela représente les deux tiers de l'enveloppe globale allouée au verdissement des ventes pour l'année prochaine. Luca de Meo, patron de Renault, juge que "l'on ne peut pas construire une stratégie à partir du leasing social". Mais Carlos Tavares, patron de Stellantis, pousse fortement pour cette reconduction, à plusieurs niveaux.

 

A lire aussi : Carlos Tavares propose un leasing social à deux niveaux à Emmanuel Macron

 

Jugée trop généreuse, l'aide de 13 000 euros devrait bien être rabotée. Tout comme les ménages pouvant en bénéficier. De leurs côtés, les réseaux de distribution indiquent déjà clairement qu'ils ne suivront plus. Échaudés par les retards de remboursement de l’État au printemps dernier, ils ne veulent plus faire l'avance de l'aide de 13 000 euros, comme cette année.

 

A lire aussi : La dette de l'État envers les concessionnaires atteint 326 millions d'euros

 

D'autant que le sujet des valeurs résiduelles surestimées pour atteindre un loyer de 100 euros par mois promet déjà de revenir en boomerang d'ici trois ans, au retour des véhicules loués.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle