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Industrie

Développement durable : Capgemini constate un tassement dans l'industrie automobile

Publié le 21 octobre 2022

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Un rapport de Capgemini publié à l'occasion du Mondial de Paris tend à démontrer que l'industrie automobile prend du retard sur les objectifs environnementaux. Une faible part des constructeurs et équipementiers tient le rythme imposé par les Accords de Paris.
Selon Capgemini, les industriels ralentissent les investissements dans les initiatives durables.

Peu mieux faire. L'industrie automobile n'affiche pas les résultats escomptés en matière d'impact sur l'environnement. Selon une étude intitulée "Le développement durable dans l’industrie automobile : de l’ambition à l’action", rendue publique à l'occasion du Mondial de l'Automobile, Capgemini pointe du doigt un ralentissement des initiatives durables chez les constructeurs et les équipementiers, qui fait prendre du retard sur les objectifs fixés par les Accords de Paris.

 

Dans son étude, réalisée sur la période de juillet-août 2022, auprès de 1 080 dirigeants travaillant dans des entreprises (constructeurs et équipementiers issus de 9 pays) totalisant plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires, le cabinet constate que seul un petit groupe d'acteurs (moins de 10 %) montre la voie vers une industrie automobile durable. Ces structures industrielles indiquent qu'elles prévoient de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 35 % d'ici à 2030 (contre 19 % en moyenne pour l'industrie automobile dans son ensemble).

 

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Des initiatives en faveur du développement durable qui ne devraient pas les pénaliser pour autant. Durant les entretiens, les dirigeants de ces sociétés ont indiqué que leur efficacité opérationnelle devrait s'améliorer de 22 % à horizon 2026, contre 16 % pour le reste des organisations sur la même période. Ces sociétés rapportant au passage qu'elles bénéficient alors d'une "marque employeur" plus forte les rendant plus attrayantes auprès des candidats (18 % contre 10% pour les autres).

 

Des progrès ciblés

 

Le déploiement des initiatives durables n’a progressé que dans certains domaines spécifiques, d'après Capgemini. Le rapport montre que les entreprises du secteur automobile se concentrent sur la réduction des émissions et donnent la priorité aux initiatives sur lesquelles elles ont un contrôle et une influence directs. La fabrication et la décarbonation des flottes de véhicules constitue l'un des exemples les plus probants.

 

Selon le rapport, le déploiement d'initiatives au niveau de la chaîne d'approvisionnement a progressé de 42 % à 57 % selon les entreprises entre 2019 et 2022. Constat identique pour l'approvisionnement responsable en métaux qui est passé de 33 % à 44 % sur la même période.

 

A l'inverse, l'économie circulaire est mise à mal. Capgemini constate un recul de la mise en œuvre d’initiatives dans ce registre. Alors que 73 % des organisations conviennent que la contribution à une économie circulaire est une nécessité pour atteindre leurs objectifs financiers et concurrentiels à long terme, seules 53 % d'entre elles ont mis en place une stratégie d'économie circulaire, et moins de la moitié (45%) adhèrent actuellement aux principes de circularité tout au long de leur chaîne de valeur. Gageons que les récentes prises de position des groupes Renault avec sa nouvelle filiale et Stellantis avec sa ligne stratégique en la matière donneront une nouvelle impulsion.

 

Manque d'indicateurs

 

Les cadres sondés par Capgemini mettent en lumière l'absence d'indicateurs de performance. Plus précisément, le rapport révèle que la mauvaise intégration des indicateurs clés de performance en matière de développement durable dans les activités quotidiennes et la gestion des performances s'avère pénalisante dans le temps : 73% des dirigeants interrogés s'accordent à dire que l'adoption de pratiques de développement durable dans leurs activités et processus quotidiens n'a augmenté que marginalement ou a stagné au cours des deux ou trois dernières années. Seules 10 % des organisations ont aligné les objectifs de performance sur les principaux objectifs de durabilité pour les employés non-cadres.

 

Dans la note de synthèse de l'étude, les consultants de Capgemini relèvent la difficulté rencontrée par les grands groupes industriels à collecter, gérer et analyser les données relatives à la durabilité. Seuls 12 % des dirigeants déclarent aujourd’hui que leur organisation a déployé à grande échelle une plateforme pour mesurer, surveiller et rendre compte des initiatives de durabilité.

 

Crises et effets néfastes

 

Si deux tiers (64 %) des entreprises du secteur automobile prévoient de réduire leurs émissions de carbone d'ici 2040, 57% expliquent aller au-delà de la conformité ESG pour faire de la durabilité un facteur commercial clé. Cependant, depuis 2018, l'industrie automobile a réduit ses émissions globales de gaz à effet de serre de seulement 5 %, et une réduction supplémentaire de 19 % devrait être réalisée d'ici 2030. Autrement dit, au rythme actuel, les constructeurs et équipementiers ne sont pas en ligne pour atteindre l'objectif global de neutralité carbone d'ici 2050 de l'Accord de Paris.

 

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Les multiples crises n'ont pas joué en faveur des feuilles de route stratégiques. Une de leurs conséquences a été de forcer à de nouveaux arbitrages financiers. La preuve par les chiffres : l'étude de Capgemini montre que l'investissement dans les initiatives est en baisse. Il est passé de 1,22 % du chiffre d'affaires annuel en 2019 à 0,85 % en 2022 en moyenne par an. Et comme un mauvais signal, tout indique qu'il devrait stagner d'ici 2026 à 0,86 % du chiffre d'affaires par an.

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